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De Pasolini à Cameron Mitchell et Garréta, en passant par Guibert et Tondelli : le point de vue Queer en littérature et au cinéma

De Pasolini à Cameron Mitchell et Garréta, en passant par Guibert et Tondelli : le point de vue Queer en littérature et au cinéma

Publié le par Emilien Sermier (Source : Université Catholique de Louvain)

 

APPEL A CONTRIBUTIONS

 


 

De Pasolini à Cameron Mitchell et Garréta, en passant par Guibert et Tondelli : le point de vue Queer en littérature et au cinéma.

 

3-4 octobre 2014

 

Université Catholique de Louvain


Les propositions de communication en français, en italien ou en anglais (max. 5000 caractères) devront être envoyées avant le 20 février 2014 à Costantino Maeder (costantino.maeder@uclouvain.be) ou Amandine Mélan (amandine.melan@gmail.com), accompagnées d’un bref curriculum vitae académique.



 



Pier Paolo Pasolini (1922-1975), dans son oeuvre comme dans sa réflexion, a interrogé à



plusieurs reprises la thématique de la sexualité. Il est l’auteur d’une enquête sur la sexualité



des Italiens en 1964 (Comizi d’Amore) et a critiqué à plusieurs reprises une libération



sexuelle qu’il suspectait de ne concerner qu’une seule catégorie de personnes et d’exclure



beaucoup d’autres. D’un point de vue artistique, à l’image de ses expérimentations et de sa



détermination à mélanger les genres, il a remis en question, dans ses écrits littéraires (Amado



mio et Atti impuri, 1982 ; Petrolio, 1995), dans ses films (Teorema, 1968 ; Il Fiore delle mille



e una notte, 1974), mais aussi dans ses chansons (Ballata del suicidio, 1960) les canons et les



préceptes d’une sexualité hétéronormée, la seule apparemment acceptée par la majorité, pour



le moins à son époque. Une telle remise en question ne s’est pas opérée sans douter et sans



s’exposer, Pasolini abordant tour à tour des sujets aussi complexes que l’éfébophilie,



l’identité transgenre ou encore le sadomasochisme. Une telle démarche investigatrice à



l’intérieur d’une oeuvre aussi importante et polymorphe (cinéma, littérature, théâtre, poésie,



histoire des idées, etc.) font de Pasolini un personnage clé dans le cadre de ce qu’on appelle



aujourd’hui les Queer Studies.



Les études Queer seront ici définies dans une perspective globale, interdisciplinaire, de



remise en question de la norme (hétéro-)sexuelle, d’un questionnement de l’identité profonde



qui dépasse celui de l’orientation sexuelle, d’une volonté de faire sauter les frontières et



d’invalider la notion de catégories, d’interroger les tabous afin de susciter la réflexion, en



bref : dans une perspective humaniste d’acceptation de l’autre, tel qu’il est.



La littérature et le cinéma queer, depuis la mort de Pasolini en 1975, n’ont cessé de



donner leurs fruits. Qu’on puisse ou non, selon les cas, parler d’influence ou que les causes



soient à rechercher au contraire dans des tendances globales liées à l’évolution de la société,



il est quoi qu’il en soit incontestable que des similitudes existent entre l’oeuvre de Pasolini et



celle d’auteurs tels que Edmund White, Pier Vittorio Tondelli, Hervé Guibert, Bret Easton



Ellis ou, au cinéma, John Cameron Mitchell et Todd Haynes.



La littérature Queer a connu une période particulièrement florissante au cours des



années 1980 et au début des années 1990. Les productions littéraires des années 2000, au



contraire de ce qui se passe au cinéma, semblent plus discrètes. Comment interpréter un tel



phénomène ? La représentation littéraire de la sexualité dans tous ses aspects a-t-elle



finalement cessé de susciter le scandale ?



Aussi, bien que les théories Queer aient été conceptualisées par des femmes, les noms



d’écrivains et de cinéastes qui nous viennent spontanément à l’esprit sont ceux d’hommes,



qui, le plus souvent, décrivent des hommes ou des transsexuels. Des auteures telles que



Charlotte Roche et Anne Garréta semblent faire figure d’exceptions. Cette discrétion des



femmes, en littérature et au cinéma, serait-elle due au fait que les piliers de la littérature



Queer et homo au cours de la deuxième moitié du XXème siècle sont des hommes (Pasolini,



Genêt, Isherwood...) ? Les femmes paraissent en effet plus présentes parmi les performers



Queer et autres artistes post-modernes qui interrogent le genre dans des domaines artistiques



donc nettement moins institutionnalisés (Cindy Sherman, Valie Export, etc.).



La tentation de l’image apparaît, en outre, une constante, chez les écrivains



précédemment cités (et une évidence, chez les cinéastes). Là encore, ils s’inscrivent dans la



même perspective artistique que leur prédécesseur italien. L’image, qui permet une



représentation directe des corps, est-elle indispensable pour s’interroger sur les nombreuses



dimensions de la sexualité ? Ou cette aspiration au visuel n’est-elle que le reflet d’une



tendance globale, à l’intérieur du domaine artistique, depuis l’avènement de la télévision et la



multiplication incessante des écrans ? Enfin, la volonté manifestée par certains, comme



Pasolini et Guibert, de mêler littérature et cinéma ne pourrait-elle pas, en quelque sorte, être



rapprochée de l’aspiration des théoriciens Queer à abattre les frontières établies



arbitrairement entre les individus en fonction de leur sexe ou de leur orientation sexuelle ?



La chanson elle aussi a été un canal d’expression et de diffusion pour l’identité Queer.



Take a Walk on the Wild Side de Lou Reed, Lola des Kinks, Sans Contrefaçon de Mylène



Farmer, Depuis qu’il vient chez nous de Dalida, Andrea de Fabrizio De André et bien



d’autres racontent des parcours de vie différents et des histoires d’amour non



conventionnelles. Pasolini aussi écrivit des chansons et notamment la Ballata del suicidio,



interprétée par Laura Betti, qui n’est pas sans rappeler le sujet cinématographique on ne peut



plus Queer du Voyage à Cythère. Ce langage artistique populaire et facile d’accès aura-t-il



contribué à changer les mentalités du grand public au sujet des communautés LGBTIQ ?



 



Les questions de recherche porteront sur les auteurs Queer, au cinéma, en littérature, ou en chanson, de Pasolini à l’époque contemporaine. 

 

 

Axes possibles :

 

Pasolini et les générations successives (similitudes et contrastes, influence directe ou indirecte, évolution discursive…)

Au cinéma

En littérature

Pasolini et la perspective queer dans son oeuvre artistique (cinéma, littérature, théâtre, chanson…)

Pasolini et la perspective queer dans ses déclarations publiques et ses essais à caractère social et politique

Intermédialité et thématiques Queer

La littérature Queer des 40 dernières années en Italie, en France, dans le monde anglo-saxon, etc.

Le cinéma Queer des 40 dernières années en Italie, en France, dans le monde anglosaxon,

etc.

Les chansons Queer des 40 dernières années en Italie, en France, dans le mondeanglo-saxon, etc.



 



Comité scientifique :


 

Massimo Fusillo (L’Aquila)

Luciano Curreri (Ulg)

Bart Vandenbossche (KUL)

Giovanna Maina (University of Sunderland)

Amandine Mélan (UCL)

Costantino Maeder (UCL)

Erica Durante (UCL)

Vincent Engel (UCL)

Walter Zidaric (Université de Nantes)