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Appels à contributions
De la traduction comme commentaire

De la traduction comme commentaire

Publié le par Sophie Rabau (Source : Maryvonne Boisseau)

CENTRE DE RECHERCHE EN TRADUCTION ET COMMUNICATION

 TRANSCULTURELLE ANGLAIS-FRANÇAIS / FRANÇAIS-ANGLAIS

 

TRACT

 

APPEL À COMMUNICATIONS

 

De la traduction comme commentaire, au commentaire de la traduction

 

         Traduire, on le sait, ne suppose pas seulement de lire et de verser le texte original en une autre langue, c’est conduire la traduction « d’un certain point de vue », serait-il même peu conscient, de sorte que le texte résultant se constitue comme le commentaire insu de sa source, insu, peut-être, du traducteur, convaincu de produire, provisoirement, la meilleure version du texte, insu, presque certainement, du lecteur qui justement a recours à cette version traduite à mesure même de son incapacité à comprendre le texte initial. Et l’on sait bien qu’il faudra retraduire, un jour. Chaque nouvelle traduction réoriente à son tour la version initiale, en révèle d’autres facettes, en délivre autrement le sens, le rythme, l’enjeu. Doucement se manifestent ainsi les potentialités du texte, au fil des retraductions et de leurs différences, ce qui, paradoxalement, n’est évident que pour ceux-là mêmes, en capacité d’accéder au texte initial, qui n’ont justement pas besoin de traduire. C’est ce caractère insu qu’on pourra mettre en évidence, et rendre manifeste au lecteur inexpert, privé d’accès au texte dans sa langue originale.

         On voit ainsi la traduction « érudite » s’épaissir, ouvrir sa propre glose et se transformer en commentaire d’elle-même, soucieuse de justifier encore telle tournure, tel écart, telle audace. En se faisant le commentateur de son propre effort, et de ses propres incertitudes, le traducteur, qui s’adresse à un lecteur supposé moins capable d’en juger, tend paradoxalement à masquer chaque fois davantage le premier commentaire insu que sa traduction réalisait. Ce jeu de justification, quelquefois polémique, tend à instaurer la traduction présentée comme « vérité dernière » du texte dont elle n’est pourtant et définitivement qu’une version transitoire.

         Il semble donc nécessaire d’approfondir et de délimiter les champs réciproques de la justification, de l’explication, de la glose, et du commentaire, lequel « actualise » des possibles inscrits dans le texte qu’il commente, jusqu’au moment où le commentaire quitte le texte, s’autonomise, en se désignant et en s’avouant comme commentaire. Tout comme on peut considérer comme un commentaire irréalisé/able, le système des traductions et re-traductions qui, ensemble, constituent ce texte indéfini qui n’est exactement dans aucune, sorte d’hypertexte qui se profile comme leur horizon commun.

         Commentaire insu, commentaire de justification, commentaire d’évaluation critique, c’est ainsi tout un éventail de commentaires qui se trouve mis en œuvre par l’acte de traduire. L’étude constrastive de  différentes traductions permettra de les mettre en évidence, d’apprécier comment ils naissent et s’articulent les uns sur les autres, comment ils peuvent éclairer, mais étouffer quelquefois, le texte qu’ils prétendent expliciter.

 

Le colloque aura lieu les 13-14 octobre 2006 à l’Institut du Monde Anglophone

 

Les propositions de communications, accompagnées d’une présentation d’environ 300 mots, en français ou en anglais, doivent être adressées, pour le 15 mai 2006, date butoir, à :

Christine Raguet (c.raguet@univ-paris3.fr)

Maryvonne Boisseau (Maryvonne.Boisseau@univ-paris3.fr)

Université Paris III-Sorbonne Nouvelle

Institut du Monde Anglophone

5, rue de l’École de médecine

75006 - Paris

 

Les communications seront publiées, après acceptation du comité de lecture, dans Palimpsestes 20.

  • Adresse :
    Université de Paris III