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De l'intertexte à l'arrière-texte : les coulisses du littéraire

De l'intertexte à l'arrière-texte : les coulisses du littéraire

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Alain Trouvé)

Séminaire Approches Inter disciplinaires de la Lecture 5, 2009-2010

Marie-Madeleine Gladieu (CIRLEP) Alain Trouvé (CRIMEL)

Séances le Mardi de 17 à 19h

(Faculté des Lettres de Reims, Bâtiment Recherche, Salle R 202 ou R 240)

« Intertexte et arrière-texte : les coulisses du littéraire »

Ce programme propose de croiser une notion entrée dans le vocabulaire courant de la critique littéraire : l'intertextualité, objet de notre première session (2005-2006) et une notion nouvelle apparue au cours de la dernière année écoulée : l'arrière-texte.

Définition provisoire : l'arrière-texte désigne tout ce qui se trouve en amont de la création littéraire, appréhendée selon ses deux versants auctorial et lectoral. On peut le concevoir comme le réseau d'associations présidant à l'effet littérature : associations verbales, sensorielles, cognitives, qui englobent et dépassent le phénomène d'intertextualité.

Histoire littéraire : l'arrière-texte est un mot inventé par Elsa Triolet qui traduit ainsi l'expression russe podtekst (littéralement sous-texte), forgée par le poète et formaliste russe Khlebnikov (1885-1922). Sera évoqué à ce sujet le commentaire de Léon Robel, poète et spécialiste de littérature slave, lui-même traducteur de poètes russes en français.

L'arrière-texte renvoie aux notions de latence (ce qui relève d'un arrière-plan plus ou moins occulté par la mémoire), de présupposés culturels (ce qui informe notre discours souvent à notre insu), d'étayage d'un texte sur un vécu (auctorial ou lectoral), la personne étant alors appréhendée comme texte composite.

Mais le mot double tout comme son étymon russe comporte aussi un élément spatial (arrière/sous) permettant de penser les composantes sensorielles, extratextuelles, du vécu, expériences mobilisées quand la littérature nous donne à voir et à entendre, ouvrant notre univers personnel sur d'autres univers intérieurs. L'arrière-texte replace la production langagière dans un continuum sensoriel qui se trouve au coeur de l'expérience esthétique.

Comment s'agrègent et s'articulent ces composantes, textuelles (manifestes ou latentes) et sensibles dans le texte à lire ? Comment le sens se décline-t-il à ce propos et à l'occasion de la lecture dans sa triple acception de perception sensible, d'orientation à l'intérieur d'un ensemble, et de contenu intellectuel à comprendre ? Doit-on distinguer un arrière-texte auctorial et un arrière-texte lectoral ? Dans cette hypothèse, comment se négocient leurs places respectives ?

L'arrière-texte n'est-il que le foyer inatteignable de la création littéraire, une illusion ? Mettre en mots quelques aspects de l'arrière-texte, n'est-ce pas au contraire faire un pas de plus dans la compréhension du processus de création troué par des phénomènes d'oubli et d'inconscience, en mettant au jour des associations, des configurations favorites ? C'est en tout cas rendre manifeste la part de subjectivité et les limites de toute lecture, acceptables pourvu qu'elles se disent comme telles et qu'elles accordent à l'autre du texte le respect et l'attention sans lesquels il n'y a sans doute pas d'expérience littéraire.

Programme du semestre 1

6 octobre 2009 : Introduction : « De l'intertexte à l'arrière-texte »

13 octobre 2009 : Jean-Nicolas Illouz (Université Paris VIII) : « Rimbaud : mémoire de l'idylle »

3 novembre 2009 : Thierry Davo (Université de Reims) : « Intertexte et arrière-texte: l'écriture apparemment lacunaire chez Rafael Menjívar Ochoa »

17 novembre 2009 : Marie-Madeleine Gladieu : « Vargas Llosa / Garcia Marquez »

24 novembre 2009 : Thagam Ravindranathan (Brown University) : « L'oublié du récit : Prénom et préhistoire dans En famille de Marie Ndiaye »

1er décembre 2009 : Alain Trouvé : « À propos de Rue des boutiques obscures de Patrick Modiano »

8 décembre 2009 : Chloe Gauzi (Doctorante, Université de Reims) : « Arrière-texte et intertexte dans les oeuvres de Paul Auster et Don Delillo: la postmodernité à l'opposé des avant-gardes. »