Fabula ne l'a pas assez signalé : l'année 2016 est venue offrir à l'auteur de l'indépassable Mont analogue une postérité inespérée, avec une avalanche de rééditions : une anthologie de ses dessins et Écrits Pataphysiques (Au Signe de la Licorne) ; un recueil des proses et poèmes publiés dans les revues, notamment Le Grand Jeu dont Daumal fut un des fondateurs, sous le titre Poésie noire et poésie blanche (Voix d'encre) ; Le catéchisme (La Part Commune), quatre textes courts et méconnus qui mêlent une drôlerie cruelle, quand il s'agit de laisser libre court à son "hérissement" face à la soutane, à une expérience de lutte intérieure contre l'homme-machine; et La vie des Basiles - Suivi de L'envers de la tête (Marguerite Waknine éd.), deux des derniers essais que René Daumal publia en revue, pour donner voix à la plus ambitieuse des spéculations poétiques.
"Je suis le voyant de la nuit l'auditeur du silence car le silence aussi s'habille d'une peau sonore et chaque sens a sa nuit comme moi-même je suis ma nuit je suis le penseur du non-être et sa splendeur je suis le père de la mort. Elle en est la mère elle que j'évoque du parfait miroir de la nuit je suis l'homme à l'envers ma parole est un trou dans le silence. Je connais la désillusion je détruis ce que je deviens je tue ce que j'aime."