Revue
Nouvelle parution
Dalhousie French Studies n°85 : Prégnance et polyvalence du modèle rhétorique sous l'Ancien Régime

Dalhousie French Studies n°85 : Prégnance et polyvalence du modèle rhétorique sous l'Ancien Régime

Publié le par Florian Pennanech (Source : Claude La Charité)

Dalhousie French Studies no 85 : Prégnance et polyvalence du modèle rhétorique sous l'Ancien Régime, sous la direction de Claude La Charité, hiver 2008, 93 p. (ISSN : 0711-8813)

Présentation de l'éditeur :


Depuis le livre fondateur de Marc Fumaroli, L'Âge de l'éloquence (1980), l'on connaît les liens étroits qui unissent la littérature à la rhétorique de la fin du Moyen Âge jusqu'à l'âge classique. Cet empire du modèle rhétorique déborde cependant largement les frontières de la littérature ou même du langage verbal et investit presque toutes les disciplines, en devenant un principe organisateur et un critère de validation épistémologique des savoirs et des pratiques. On n'a qu'à songer à ce que la sprezzatura du modèle du parfait courtisan de Castiglione doit à la négligence étudiée du style simple de l'Orator de Cicéron, ou encore, à la manière dont le Paradoxe du comédien de Diderot emprunte aux théories de l'actio de l'Antiquité, en particulier à celle de Quintilien. Aussi bien dire que la rhétorique se trouve à investir subrepticement des domaines aussi divers que le savoir-vivre ou la théorie du jeu de l'acteur.

Constater cette omniprésence suppose également de voir que la rhétorique, de la Renaissance à la Révolution, loin d'être simplement un art de persuader par la parole, une technique réduite à quelques grands préceptes, est en fait synonyme de culture au sens le plus large. Et de cet élargissement de la définition comme du mandat de la rhétorique, la redécouverte en 1416 de l'Institution oratoire de Quintilien par Poggio Braccioloni constitue l'une des causes principales. D'une certaine façon, bien plus encore que la mise au point de l'imprimerie ou la découverte de l'Amérique,  l'émergence de l'humanisme – et partant de la Renaissance – a surtout été rendue possible par la réception de l'intégralité de l'Institution oratoire. C'est en effet chez Quintilien que l'on trouve l'expression la plus achevée du rôle civilisateur de la rhétorique, confondue avec l'ensemble des connaissances humaines dont la véritable éloquence suppose l'acquisition préalable, « ce cercle de connaissances que les Grecs nomment Encyclopédie ».

Ce dossier, qui réunit des articles de Marilyne Audet, Marc André Bernier, Sébastien Drouin, Claude La Charité, Christian Nadeau, Roxanne Roy et Luc Vaillancourt, se propose de mettre au jour cet implicite rhétorique au fondement des savoirs dans une diachronie large, de la Renaissance aux Lumières, et dans une perspective croisée et interdisciplinaire, afin de dégager, de l'historiographie à l'éloquence du corps, en passant par la grammaire et la dialectique, le simulacre, l'épistolographie, la critique de l'éloquence et le genre du dialogue des morts, lequel des trois pôles du système rhétorique, entre logos, ethos et pathos, est privilégié,  sur le modèle de l'Histoire de la rhétorique des Grecs à nos jours (1999) sous la direction de Michel Meyer, dans une visée décloisonnée.