Essai
Nouvelle parution
D. RIGAUX, Le Christ du dimanche. Histoire d'une image médiévale

D. RIGAUX, Le Christ du dimanche. Histoire d'une image médiévale

Publié le par Sophie Okhee Poitral (Source : SHMESP Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public)

Dominique RIGAUX, Le Christ du dimanche. Histoire d'une image médiévale

Paris, L'Harmattan, collection « La Librairie des Humanités », 2005, 498 p.
ISBN : 2-7475-8733-9

EAN : 9782747587334

43 €

Ce livre voudrait d'abord tout simplement rendre justice à l'image, uneimage insolite, peu connue, paradoxale, qui s'aventure parfoisjusqu'aux limites de l'orthodoxie.
Apparue dans la première moitiédu XIVe siècle, la représentation du Christ agressé par les outils etinstruments des activités défendues, le dimanche et les jours de fête,se diffuse majoritairement sur les murs des églises et des chapellesdes régions alpines. Ce succès couvre environ deux siècles qui sontaussi ceux où la Renaissance émerge du Moyen Age finissant, et permetde saisir certains des enjeux fondamentaux de la mutation en cours.
Certes les peintures murales en question n'appartiennent pas au grandart. Mais, extraordinaire " invention " iconographique, au sensmédiéval du terme, elles captivent par la force de leur composition, larichesse des trouvailles, l'habileté du montage et la puissance del'expression qui joue sur différents registres depuis l'émotion la pluspure jusqu'à la dérision. Bien plus, l'image dite du Christ dudimanche, avec ses accents rustiques, parfois maladroits, traduit lesattentes, les besoins et les peurs de toute une population, rurale etmontagnarde, à laquelle les sources médiévales laissent généralementpeu la parole.
Le Christ du dimanche, en effet, n'est pas un thèmemarginal. Si l'avertissement est clair : les plaies du Christ serouvrent chaque fois que l'homme contrevient d'une manière ou d'uneautre - et les occasions de péché sont innombrables - au respect dutroisième commandement, il est bien souvent laissé pour compte. Ainsi,l'analyse du corpus entraîne le débat, d'une réflexion sur le précepteà une interrogation sur la culpabilisation, ouvrant des horizonsinattendus sur les interdits, sur la transgression, sur les tabous dansune perspective d'anthropologie historique.
Cette histoire n'estdonc pas seulement une histoire de péché et de pardon, d'obéissance etde résistance, mais aussi une histoire de travail et de repos, unehistoire de fêtes dans laquelle les images tiennent la première place.