Essai
Nouvelle parution
D. Pernot, La jeunesse en discours (1880-1925)

D. Pernot, La jeunesse en discours (1880-1925)

Publié le par Camille Esmein

Denis Pernot

LA JEUNESSE EN DISCOURS (1880-1925) : DISCOURS SOCIAL ET CREATION LITTERAIRE

Paris, Honoré Champion, 2007.


Connaissant de multiples bouleversements, la société française du tournant du siècle prend peur de sa jeunesse. Cette peur donne naissance à une intense agitation pédagogique ainsi qu'à un irrépressible besoin de pédagogie dont témoigne une vaste production discursive (observations, enquêtes, romans…). Qu'elle soit le fait d'hommes de loi, d'Église ou de lettres, la mise en discours de la jeunesse se développe sur les fondements de la querelle des mauvais maîtres et se structure autour d'une opposition entre des «pions», qui s'expriment en universitaires, et des « éveilleurs d'âmes », ces derniers étant tenus pour des « écrivains ». Dans ce contexte, à l'image d'Alain ou de Péguy, de Marcel Prévost ou de Barrès, nombre de publicistes et de romanciers sont conduits à faire oeuvre de polygraphes, à s'exprimer en écrivains-pédagogues et à inventer des modes d'expression leur permettant de se tenir à l'écart des formes de la « littérature universitaire », érigée en ennemi de l'invention littéraire. Donnant volontiers des réflexions critiques (Desjardins, Vogüé…), l'écrivain-pédagogue entraîne son besoin de pédagogie sur le terrain de la littérature et en vient, à l'image d'Ernest Legouvé, à collaborer avec les autorités universitaires (Lanson, Doumic…). À ses yeux, il revient en effet à la littérature « classique », à condition que la lecture en soit dirigée, de former les citoyens que la République attend. S'instaurent ainsi les règles d'un bien écrire, qui est pensé comme un savoir-vivre. À ces règles réagissent les oeuvres de « créateurs de valeurs » (Gourmont, Lazare…) qui plaident en faveur d'une « jeune littérature » conçue comme une littérature ne voulant ni enseigner ni être enseignée, ce que montre l'analyse d'oeuvres de Laforgue, de Gide ou de Larbaud. S'intéresser à la manière dont, des années 1880 aux années 1920, la jeunesse est mise et se met en discours conduit ainsi à mettre au jour une crise oubliée du champ littéraire et l'émergence d'une nouvelle conception de la valeur littéraire.

TABLE DES MATIERES


Intoduction                                             


PREMIERE PARTIE
–    LA JEUNESSE OBSERVEE :
      CREER UNE AGITATION.                                            


UN FAMEUX SUJET                                           

PRISES EN CHARGE                                            

LA JEUNESSE ET LES JEUNES                                        


DEUXIEME PARTIE
–    LA CHAIRE ET L'ECRITOIRE.
LA LITTERATURE DES ECRIVAINS-PEDAGOGUES                        


DE LA TOGE A LA PLUME                              

DES ROMANS QUI N'EN SONT PAS                          

ACCENT D'AUTORITE ET PRESENCE INVISIBLE                   


TROISIEME PARTIE
–    LA JEUNESSE CREATRICE DE VALEURS.
« ROMAN NOUVEAU » ET  « JEUNE LITTERATURE »      


LA POLICE DES LETTRES                               

MODELES D'INTERVENTION                               

ROMAN NOUVEAU ET « DECLASSEMENT »                       



Conclusion                                      

Bibliographie                            

Index nominum