Essai
Nouvelle parution
D. Laoureux, Maurice Maeterlinck et la dramaturgie de l'image

D. Laoureux, Maurice Maeterlinck et la dramaturgie de l'image

Publié le par Matthieu Vernet

Compte rendu sur Acta Fabula : « Pour une dramaturgiede l'image chez Maeterlinck » par Natacha Lafond

Denis Laoureux, Maurice Maeterlinck et la dramaturgie de l'image. Les arts et les lettres dans le symbolisme en Belgique, Anvers, Pandora (Cahiers), sortie de presse pour l'exposition. Prix : 30€

Catalogue de l'exposition : LE MUSÉE IMAGINAIRE DE MAURICE MAETERLINCK. IMAGE ET ÉCRITURE DANS LE SYMBOLISME

du 19 janvier au 13 avril 08, au Musée provincial Félicien Rops

A. Carte - C. Chwabe - G. de Feure - W. Degouve de Nuncques - J. Delescluze - M. Denis - A. Donnay – C. Doudelet – M. Garden - F. Khnopff- J.M King - M. Kufferath - G. Le Roy - F. Masereel - G. Minne - P. Ranson - O. Redon - F. Rops – C. Samblanx - L. Spilliaert - E. Steichen - Vuillard/Sérusier

« Le poète ajoute à la vie ordinaire un je ne sais quoi qui est le secret des poètes, et tout à coup elle apparaît dans sa prodigieuse grandeur ». Maurice Maeterlinck, Le Trésor des humbles, 1896.

Maurice Maeterlinck (1862-1949), poète, auteur dramatique et essayiste, nourri de philosophie, a profondément marqué l'histoire littéraire et culturelle belge et internationale, non seulement par son génie, mais aussi par les idées philosophiques qu'il véhicula à travers un style d'avant-garde : le symbolisme. Seul écrivain belge à avoir reçu le Prix Nobel de littérature (1911), Maeterlinck fut entouré des plus grands poètes et artistes de son temps : Mallarmé, Verhaeren, Redon, Burne-Jones, Khnopff, Debussy etc. Il est aussi bien connu pour sa poésie (Serres chaudes, 1889) que pour son théâtre (Pelléas et Mélisande, 1892).

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Léon Spilliaert, Serres chaudes I, 1917, crayon conté, encre de Chine, pinceau, plume, craie de couleur sur papier chamois, 66,1 x 49,8. Collection particulière

Créer, le temps d'une exposition temporaire, le musée imaginaire de Maurice Maeterlinck en regroupant les oeuvres qui l'ont inspiré et les artistes qui ont illustré ses ouvrages, telle est l'initiative originale que vous pourrez découvrir… Une série d'artistes belges et français, Léon Spilliaert, Fernand Khnopff, Auguste Donnay, Charles Doudelet, William Degouve de Nuncques, George Minne, Odilon Redon ont approché les oeuvres littéraires de l'auteur par le biais de la peinture, du dessin, de l'illustration.

Le parcours de l'exposition suit une progression qui va de la poésie au théâtre. Il permet au public de découvrir des oeuvres de techniques différentes, mais aussi des livres illustrés, sculptures, reliures, photographies et documents d'archives mettant en scène les poèmes et textes de Maurice Maeterlinck.

Les amateurs d'art, de littérature, de symbolisme auront l'occasion de se plonger dans l'univers du grand poète belge, dans une ambiance bleutée et feutrée… Pousser une porte, ouvrir un livre, rêver à d'autres mondes…

« Mes paupières sont fermées, mais je sens que mes yeux sont en vie ». Maurice Maeterlinck, Les Aveugles, 1891.

En collaboration avec l'Université Libre de Bruxelles

Commissariat d'exposition : Denis Laoureux, professeur au Département d'Histoire de l'art de l'Université Libre de Bruxelles

Catalogue : Denis Laoureux, Maurice Maeterlinck et la dramaturgie de l'image. Les arts et les lettres dans le symbolisme en Belgique, Anvers, Pandora (Cahiers), sortie de presse pour l'exposition. Prix : 30€



Rencontre avec Denis Laoureux, Commissaire de l'exposition

- Comment et pourquoi avez-vous commencé à travailler sur Maeterlinck ?

Disons que la poésie a toujours éveillé mon intérêt, alors que mes études d'histoire de l'art m'orientaient plutôt vers l'image. Il m'est apparu que ces univers n'étaient pas incompatibles. Bien au contraire ! C'est d'ailleurs une des matières que j'enseigne aujourd'hui à l'Université libre de Bruxelles. Les relations complexes entre les arts et les lettres constituent un des piliers de l'histoire de l'art en Belgique. Songez à Magritte, à Cobra, à Broodthaers…

- Qu'est-ce qui vous séduit le plus dans la personne de Maeterlinck ?

Sur un plan biographique, j'ai apprécié la grande humilité dont Maeterlinck a fait preuve, non seulement devant l'institution littéraire, mais aussi devant la vie. Malgré son caractère boudeur et franchement capricieux, l'homme a étonnement conservé le regard émerveillé qu'un enfant pose naturellement sur le monde : une fleur, un parfum, une étoile qui tombe, le patin à roulettes… Les joies les plus fortes, disait-il, sont toujours les plus humbles. Cette pensée est centrale dans L'Oiseau bleu.

- En quoi cet écrivain belge est-il avant-gardiste, précurseur et garant de
rester dans l'histoire ?

Son écriture trouve sa modernité sur deux points, principalement. Le premier aspect relève de la poésie. Maeterlinck a construit ses images poétiques sur une rupture de la logique. C'est très moderne. Sa poésie fascinera les surréalistes, comme Eluard. Le deuxième point, c'est le théâtre. Celui-ci constitue l'origine d'une évolution qui conduira à Beckett. Par exemple, Maeterlinck est le premier à avoir imaginé un théâtre sans intervention de comédiens !

- Y a-t-il un côté "belge" à l'écriture de Maeterlinck ?

Il y a une relation « belge » à la langue, en effet, à la langue française plus particulièrement. Cette relation, c'est celle qui prend l'écriture comme matériau sur lequel l'écrivain agit tel un sculpteur sur un bloc de marbre. Il y a, chez Maeterlinck, comme chez d'autres d'ailleurs, un rapport irrévérencieux à l'égard des normes linguistiques davantage respectées en France.