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Cycle de conférences de R. Chartier,

Cycle de conférences de R. Chartier, "Identités d'auteur, matérialité du texte et pratiques de lecture" (Genève)

Publié le par Université de Lausanne

"Identités d'auteur, materialité du texte et pratiques de lecture"

Trois conférences de Roger Chartier

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Les Résidences du Bodmer Lab se poursuivent les 25, 26 et 27 novembre avec un nouveau cycle de conférences de Roger Chartier, professeur au Collège de France :

Lundi 25 novembre | 18h30 HEG Genève, Campus Battelle Aula du bâtiment B
Qu’est-ce qu’un auteur ?

Mardi 26 novembre | 18h30 Musée Voltaire
Matérialité des textes et communautés d’interprétation

Mercredi 27 novembre | 18h30 UNI BASTIONS salle B108
Traduction et intraduisible

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Présentation générale

Ces trois conférences alterneront perspectives d’ensemble et études de cas (ou de textes) et elles tenteront d’éclairer notre présent numérique qui efface la singularité auctoriale, substitue la matérialité des écrans à celle des livres et associe (paradoxalement) mondialisation des communications et replis linguistiques.

1. Qu'est-ce qu'un auteur ?

Tous les textes ont été écrits par quelqu'un, mais tous ne sont pas assignés à un nom d'auteur. De là, le nécessaire examen des modalités historiques qui ont produit la "fonction auteur", comme dit Foucault. Entre le XIVe et le XVIIIe siècle, une telle généalogie privilégie, avant même l'invention de l'imprimerie, l'apparition du "libro unitario" (qui donne à lire une seule œuvre ou un seul auteur), les mécanismes des censures d'Église et d'État de la première modernité et les catégories philosophiques et juridiques du temps des Lumières dont nous sommes héritiers.

2. Matérialité des textes et communautés d'interprétation

Le monde des textes est toujours un monde d'objets ou de "performances".  Leurs significations ne dépendent pas de leur seul contenu sémantique, mais aussi des formes de leur inscription, publication et circulation. Entre l'auteur et le lecteur, nombreuses sont les interventions qui donnent leur matérialité aux textes et décident de leur format, leur mise en page ou leur ponctuation. C'est pour cela que "forms affect meaning" selon D.F. Mackenzie. Pour autant, ces formes typographiques ne détruisent pas les libertés de l'appropriation. De là, la nécessité d'une histoire des lectures et des lecteurs, toujours situés dans la communauté d'interprétation à laquelle ils appartiennent.

3. Traduction et intraduisible

L'étude des traductions croise la professionnalisation d'une pratique d'écriture, commencée dès le XVIe siècle, avec la pluralité des horizons de réception d'un "même" texte. Cette pluralité se situe à diverses échelles : celle des mots (en particulier lorsqu'il s'agit de néologismes), celle des contextes historiques qui donnent aux textes des rôles nouveaux, celle des interprétations d'ensemble qui attribuent aux œuvres une signification ignorée par leurs auteurs et les éditions originales. La catégorie de l'intraduisible, qu'elle soit attachée à des auteurs particuliers ou qu'elle désigne une impossibilité anthropologique, est le contrepoint obligé de l'omniprésence de la traduction dans la géographie littéraire et les histoires connectées.