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Cultures populaires et représentations au Cameroun : de la rive droite à la rive gauche du fleuve Mungo

Cultures populaires et représentations au Cameroun : de la rive droite à la rive gauche du fleuve Mungo

Publié le par Florian Pennanech (Source : Pierre Fandio)

Cultures populaires et représentations au Cameroun : de larive droite à la rive gauche du fleuve Mungo

Projet d'ouvrage collectif dirigé par

Prof. Pierre FANDIO

Directeur du GRIAD

Université de Buea, Cameroun

Date de publication : juin 2010

Le Cameroun est, comme nombre de pays d'Afriquecontemporaine, le fruit de la cartographie de la contingence dessinée à laConférence de Berlin en 1884 par la loi dite de « l'Hinterland ». Le fleuveMungo, initialement accident géographique comme l'on sait, s'est doublé auterme de la Première Guerre Mondiale d'une dimension emblématique voireexemplaire dans la marche vers la construction du pays et de la nationCameroun. Il est ainsi devenu et même bien souvent perçu d'un côté comme del'autre, par les acteurs sociaux, tantôt comme la métonymie expressive d'unenation qui a mal à sa construction, tantôt comme une métaphore angoissante, une sorte de gouffre qui peine à se comblerentre des hommes et des femmes qui avant-hier et même hier encore ont manifestédes envies fortes de revivre une convivialité millénaire.

L'histoire récente de la culture nationale atteste commentles formes d'art classiques, notamment la littérature écrite contemporaine,charrient plutôt régulièrement ces sentiments ambivalents. Across the Mongolo,Cry of the Destitute, What God Has Put Asunder, Change Waka and his man SawaBoy, d'une part et le Nègre Potemkine,Trop de soleil tue l'amour, etc. d'autre part, interrogent plus ou moinsallusivement ces problématiques. Si cette thématique est quasiment un lieucommun, voire une « métaphore obsédante » de la critique littéraired'expression anglaise au Cameroun, elle est par contre assez peu présente dansla critique d'expression française, bien qu'elle ne laisse point indifférentsdes chercheurs d'autres domaines comme les sciences sociales, les sciencespolitiques ou même le journalisme, ainsi qu'on peut le constater sur la «littérature » sur le sujet. Les travaux comme ceux cordonnés récemment parNgoh, des articles comme ceux de Awason, Yenshu, Dinka ou de Nyamnjoh, etc.-pour ne citer que quelques publications majeures récentes d'universitaires-,aussi bien que les publications et discours de politiques, d'acteurs sociaux oumême tout simplement d'observateurs avisés de premier plan comme Mukong,Foncha, Elad, etc. sont plus que des indices intéressants de ce point de vue…

S'il est évident que les arts populaires (la chanson, lacuisine, la bande dessinée, le théâtre populaire, le dessin de presse, etc.),autant que les discours institutionnels prennent en charge, chacun sur un modepropre à son genre, cette dimension de la réalité nationale, il est tout aussiintéressant de constater comment ni la critique universitaire, ni leschercheurs indépendants institués, ni même les observateurs « avertis » nesemblent accorder toute l'attention qu'elle mérite à la culture populairecamerounaise. Ceux-ci ne semblent pas en outre percevoir à leurs justes valeursles représentations de l'Autre que ces «arts de la rue » ne manquent pas de générer ou de charrier dans et par leursmodes d'émergence, de développement ou de légitimation, autant à l'est qu'à l'ouestdu Mungo (Fandio : 2004). Pourtant, plus personne ne nie aujourd'hui combienles productions culturelles dites « underground » ou « de la marge », sansdoute parfois plus que la culture « officielle » ou « cultivée » traduisent legénie de chaque peuple ou de toute communauté et contribuent spécifiquement à la constitutionet à la construction de son identité.

Le présent projet ambitionne de décrypter cette dimension dela production culturelle nationale, en relation avec les problématiquesévoquées, autant à l'est qu'à l'ouest de la « frontière linguistique » entreles « deux » Cameroun. Il entend ainsi mettre évidence, décrire, analyser et/ouexpliquer les divers mécanismes et modes de représentation mis en oeuvre dans laculture populaire camerounaise à l'est et à l'ouest du fleuve Mungo, pourintégrer ou prendre en compte la présence à l'ouest des schèmes issus ou enprovenance de l'est de l'emblématique rivière et vice versa.

Afin de coller aux exigences d'approche qu'impose cet objetde recherche qui est multiple par essence, le projet s'inscrit d'emblée dansune perspective pluridisciplinaire. En prenant, pour le moment, l'expression «culture populaire » dans son acception la plus large telle que lui donne JimCollins, la recherche s'intéresse à tout matériau qui relève de la culture populairecamerounaise: matériau historique, sociologique, linguistique, etc.

Ainsi et à titre strictement indicatif, les contributionspeuvent

- S'intéresser,du point de vue historique ou sociologique, aux figures symboliques oufactuelles représentées dans les chansons traditionnelles ou contemporaines,les parémies, les genres oraux majeurs et mineurs, contemporains ou anciens;

- Interrogerdes légendes des personnages et personnalités qui ont « traversé » le fleuve, àun moment de l'histoire commune, etc. ;

- Scruter les« visages » de l'Autre dans la presse dessinée ou la BD, les séries du théâtrepopulaire diffusées à la télévision ou à travers d'autres supports ;

- Décrypterl'histoire et/ou la géographe de l'Autre dans la ou les langue(s) populaire(s)de « l'autre » rive : mboko talk, camfranglais, pidgin(s), etc.,

- Cerner demanière contrastive ou non l'histoire camerounaise des arts de la table,notamment « l'épopée » de certains mets issus d'une rive qui se sont imposéscomme plats nationaux et leurs incidences sur la convivialité ou mêmel'identité nationales, au Cameroun et en Diaspora camerounaise : le ndolè, leeru, le mbongo, le achu, etc.

- Interrogersur le plan synchronique et/ou diachronique les « parlures », les parlerspopulaires ou argotiques de part et d'autre du fleuve, dans la mesure où lesuns n'ont pas manqué d'influencer les autres sur les plans de la prosodie, du lexique, de la syntaxe, de lasémantique, etc., et vive versa ;

- Examinerles problèmes spécifiques de passage d'une culture coloniale à l'autre, surl'une et l'autre rives: traduction, multilinguisme de fait, interprétation,pidginisation du français et francisation du pidgin, etc. ;

- Décrirel'impact de l'autre langue coloniale(l'anglais ou le français) sur les langues locales des zones anglophone etfrancophone respectivement, notamment dans les groupes des langues qui bordentla frontière symbolique (le mbo, le bakossi, le duala, le bakweri, le « dschang», le « bangwa », etc.)

- Décoderl'imaginaire linguistique entendue à la fois comme un ensemble d'images et dereprésentations que l'on se fait de Soi et de l'Autre à travers la langue, etcomme un mode de créativité langagière aboutissant, par le travail del'imagination, à l'invention des formes et des sens nouveaux.

- Etc.

Toutes les propositions seront soumises au comitéscientifique du GRIAD qui en évaluera la pertinence et la rigueur scientifique.

Les contributeurs résidant au Cameroun doivent soumettre aucoordinateur du projet, de préférence par voie électronique, au plus tard le 15février 2010, un titre et un résumé en anglais ou en français de leurcontribution, aux contacts indiqués : fandiopierre@yahoo.fr ou Prof. PierreFandio, Directeur du GRIAD, Département de Français, Université de Buea, B.P.63 Buea, Cameroun.

Les titre et un résumé, en anglais ou en français, descollègues résidant à l'étranger qui doivent nous parvenir exclusivement parvoie électronique peuvent être reçus jusqu'au 15 mars, au contact : fandiopierre@yahoo.fr

Le protocole de présentation sera communiqué auxcontributeurs dont les propositions auront été retenues, alors que les textesdéfinitifs doivent impérativement être rendus pour fin mai 2010.

Representations and perceptions of the Other in Cameroon PopularCulture: the Journey across the Mungo River

A Book Project by

Prof. Pierre FANDIO

Director of GRIAD

University of Buea, Cameroon

To be published in June 2010

Like many countries of present-day Africa, Cameroon is theresult of a contingency mapping that took place at the 1884 Berlin Conferencefollowing the implementation of the "Hinterland" principle. It is nosecret to anybody the river Mungo, which was initially a mere geographicalevent, later took on an emblematic and even an exemplary dimension in thebuilding up of Cameroon both as a country and a nation. As such, it has sooften been seen by social forces on either side sometimes as an embodiment of anation dragging its weight along the road to construction, and sometimes as ametaphor of anxiety, a widening gap between men and women who were not long agoitching to reinstate a once experienced age-old conviviality.

Recent events in national culture point to the way classicalarts, namely present-day written literature, carry along these ambivalentfeelings rather regularly. Works like Across the Mongolo, Cry of the Destitute,What God Has Put Asunder, Change Waka and his Man Sawa Boy, on the one hand,and Le Nègre Potemkine, Trop de Soleil Tue l'Amour, etc. on the other hand,discuss these issues more or less allusively. If this theme has almost become aleitmotiv for literary scholars of the English expression in Cameroon, itremains a relatively marginal concern among their French-speaking counterparts,though it is an area of interest to scholars of other domains such as socialsciences, political sciences and journalism, as attested by the relevantliterature on this topic (cf. references). Studies like those recentlycoordinated by Ngoh, articles such as those written by Awason, Yenshu, Dinka orNyamnjoh - to name but a few of those recent scholarly works- as well aspublications and speeches by political leaders, social protagonists, shrewdobservers in the like of Mukong, Foncha, Elad, etc. are all relevant in thisregard...

It is a fact that popular arts (songs, cooking, comicstrips, popular theatre, cartoons, etc.) as well as institutional viewsreflect, each in a mode that is typical of its genre, this dimension of thenational reality. However, it is interesting to point out that neitheruniversity critique, independent as well as instituted researchers, nor evenshrewd observers seem to pay much attention to Cameroon popular culture. As aresult, these actors seem not to perceive the representations or perceptions ofthe Other that these “street arts” generate or carry along by virtue of theirrespective modes of emergence, development or legitimisation, both east andwest of the Mungo (Fandio:2004). Yet, it remains a fact that cultural productslabelled as “underground” or “marginal” express probably more often than the"official" or "educated" culture, the genius of everypeople or community, and contributes very specifically to the constitution aswell as to the construction of their identity.

This project seeks to decipher the popular dimension of theCameroon national culture with respect to the focal issue mentioned above, oneither side of the “linguistic borderline” between the “two” Cameroons.Therefore, its major objective is to highlight, depict, analyse and/orexplicate the various representation types and mechanisms attested in thepopular culture of Cameroon east and west of the Mungo, in an effort tointegrate or reckon the presence on the left side of the Mungo of those framesoriginating in the right side of the emblematic river and vice versa.

Pursuant to its inherently multidisciplinary nature, theproject will follow an interdisciplinary approach right from its outset. Forthe time being, and following Jim Collins, the concept of “popular culture”shall be considered in its broadest semantic scope. As such, the project isinterested in any data that falls under Cameroon popular culture, whether of ahistorical, sociolinguistic, linguistic or other nature.

In this regard, therefore, the papers could, tentatively:

- Focus on asociological or historical analysis of symbolic or factual figures representedin contemporary or folk songs, proverbs and sayings, minor or major oralgenres, whether present-day or old ones;

- Investigatelegendary figures, influential figures and other important persons that have“crossed” the River at some juncture of the nation's common history, etc.;

- Take acloser look at the “faces” of the other as profiled in comic strips, cartoons,popular theatre series on television or on other media;

- Elucidatethe history and/or geography of the Other within the history or ecology of thelanguage(s) of “one's own” side of the River, whether in popular language(s) ornot;

- Carry out adiachronic and/or synchronic analysis of language "underground" varietiesof languages on either side of the Mungo;

- Work out acontrastive and/or comparative history of Cameroon culinary arts, “the saga” ofcertain dishes from one or the other side that have risen to the to the statusof national delicacies and their incidence on national conviviality andeven identity, at home and within theCameroon Diaspora: they include eru, ndole, mbongo, achu, etc.

- Carry out adiachronic and/or synchronic analysis of popular or slang varieties of language on either side of the river,since prolonged contacts have undoubtedly led to some influencing the othersprosodically, lexically, syntactically, semantically, etc. and vice versa;

- Investigate specific problems resulting from interlingual exchanges between twocolonial cultures: translation, de facto or natural multilingualism,interpreting, pidginisation/creolisation of French and frenchification ofEnglish and Cameroon Pidgin English (CPE), anglicisation of French etc.;

- Examine theimpact of the other colonial language (English or French) on local languagesused east and west of the Mungo, more precisely on the group of languageslining the symbolic border: mbo & Bakossi, duala & bakweri,“dschang”&“bangwa”etc.;

- Decipherlinguistic imagination understood both as a body of images and representationsof the Other we create for ourselves through language, and as a mode oflinguistic creativity leading, by means of some imagination gymnastics, to theproduction of new forms and meanings;

- Etc.

All proposals will be subject to approval by GRIADScientific Committee.

Local contributors are requested to submit the title and abstractof their papers, in English or in French, to the coordinator of the project,preferably in their electronic form, on or before 15 February 2010, to thefollowing addresses, fandiopierre@yahoo.fr or Prof. Pierre Fandio, Director ofGRIAD, Department of French, University of Buea, P. O. Box, 63 Buea, Cameroon.

Contributions from colleagues working outside Cameroon maybe accepted up to 15 March 2010, exclusively in their electronic form at: fandiopierre@yahoo.fr.

The final paper must be ready by May ending.