Revue
Nouvelle parution
Critique n°742 : «  Que viva México ! »

Critique n°742 : « Que viva México ! »

Publié le par Florian Pennanech

Critique n°742 : «  Que viva México ! », Paris, Éditions de Minuit, mars 2009.

EAN13 : 9782707320766

Prix : 11 €

Présentation de l'éditeur :

LeSalon du livre a pour invité le Mexique. C'est un choix courageux. Lepèlerinage du Chiapas est passé de mode. Plus de guerilleros, nid"ailleurs de Parti unique. Pas de líder maximo barbu, ni detribun populiste et moustachu. Cette Amérique-là est-elle encorelatine ? Ou bien, ALENA aidant, une sorte de Canada du Sud, arrimé aupuissant voisin nord-américain ? Le regard français a du mal àaccommoder sur un Mexique aussi infidèle à ses mythes...

Demoins en moins politiquement « latin », le Mexique demeure-t-ilculturellement « indien » ? Voire. L'anthropologue Paula LópezCaballero nous montre que cet imaginaire indien, dont lesous-commandant Marcos est le plus récent avatar, fut largement produitpar les institutions mexicaines elles-mêmes — politiques et savantes.Mais cet imaginaire se défait ou se brouille. Et l'historien Ilán Semonous aide à comprendre les désarrois des intellectuels mexicains,parties prenantes et eux-mêmes pris dans ce chamboulement desperceptions. Désarroi perceptible aussi dans d'autres domaines, commele cinéma : Carlos Bonfil, critique à La Jornada, nous présente un état du cinéma mexicain, de ses difficultés et de ses combats.

Salon oblige : à  la littérature revient la part du lion.  Mais l'image littérairedu Mexique n'est pas plus nette que son image politique ou sociale. Lalittérature mexicaine n'est pas inconnue, mais souvent méconnue enFrance. Comment ne pas s'étonner, avec Marie Cordoba, qu'une ElenaPoniatowska (née à Paris) reste si peu traduite en français ? Elleincarne pourtant une forte tradition de cette littérature : celle dudétour et du retour dans la distance.

« Le Mexique est un paysqui ne s'intéresse qu'au Mexique », disait Benjamin Perret. Encore unmythe obsolète… Si la littérature mexicaine contemporaine est malidentifiée à l'étranger, en France particulièrement, n'est-ce pas aucontraire pour avoir bravement fui les identifications faciles et lesenracinements étroits ? Le beau texte d'Alberto Ruy Sánchez qui ouvrece numéro porte témoigne de cette ouverture, vers l'ailleurs (ici leMaroc), vers le large. La question de l'identité mexicaine, devenuecelle des « identités fugitives » du Mexique, est au centre de cenuméro. Toute la littérature mexicaine la pose tantôt ironiquement,tantôt douloureusement. On s'en persuadera en lisant, outre le textedéjà mentionné sur Elena Poniatowska, l'article que la romancière etcritique Margo Glantz consacre à Sergio Pitol et Mario Bellatin, entrecontinuité et rupture, ainsi que le panorama d'une fiction en proie àla violence que brosse une jeune romancière, toute récente lauréate duprix Antonin Artaud, Guadalupe Nettel.

Sommaire :

Alberto RUY SANCHEZ
Mogador, Mexico : identités fugitives

Margo GLANTZ
Tradition et rupture dans la littérature mexicaine

Guadalupe NETTEL
Le roman mexicain en proie à la violence

Marie CORDOBA
Trois femmes. Genre et biographie chez Elena Poniatowska

Paula LÓpez Caballero
L'État, l'« Indien » et l'anthropologue

Ilán SEMO
Les intellectuels dans leur (nouveau) labyrinthe

Carlos Bonfil
Du désenchantement à la résistance culturelle