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Crise du langage, langage(s) de la crise. Représentations discursives (Revue Interstudia n° 28)

Crise du langage, langage(s) de la crise. Représentations discursives (Revue Interstudia n° 28)

Publié le par Marc Escola (Source : Simina Mastacan)

APPEL À CONTRIBUTIONS

INTERSTUDIA, numéro 28

Crise du langage, langage(s) de la crise. Représentations discursives

Responsables du numéro :

Simina Mastacan – Université « Vasile Alecsandri » de Bacău, Roumanie

simina_mastacan@yahoo.com

Marta Sobieszewska - Université Marie Curie‐Skłodowska, Lublin, Polonia

marta.sobieszewska@gmail.com

 

Le thème que nous proposons pour le prochain numéro de la revue Interstudia (no 28) lance plusieurs interrogations concernant la notion de crise, qu’on souhaite mettre en rapport avec ses diverses représentations linguistiques et discursives. La manière dont la crise sanitaire, que l’humanité traverse actuellement, se reflète au niveau de la société, incite à la réflexion.

Nous invitons les contributeurs à explorer un chemin à double sens. La crise influence les moyens linguistiques et le discours mis en œuvre, tandis que le langage lui-même se confronte à ses propres limites et se trouve dans la nécessité de reconsidérer son pouvoir d’(auto)représentation. La transparence du signe (F. Récanati, La transparence et l’énonciation, 1979), se transforme en opacité, processus qui devient plus visible encore quand les locuteurs se confrontent à l’imprévu et à l’inconnu. Ce métabolisme interne, qui va parfois jusqu’à la pathologie du langage, se base sur des mécanismes internes qui mettent souvent en crise la fonction représentative de la langue. Par exemple, au moment où les théories du dialogisme et de la polyphonie mettent en doute l’unicité du sujet qui parle et écrit (M. Bakhtin, Esthétique et théorie du roman, 1978, Problèmes de la poétique de Dostoïevski, 1963, O. Ducrot, Le dire et le dit, 1984), on se confronte à une crise à travers laquelle se relativise la distinction entre les formes monologales et les formes dialogales.

Comme événement dysphorique, la crise entraîne une expression linguistique dont l’intensité participe de la « modalisation énonciative » (J. Fontanille, Sémiotique du discours, 1998). Si, sémiotiquement parlant, un sujet énonciateur choisit de qualifier un événement négatif, soit comme « incident », soit comme « catastrophe », il détermine axiologiquement son choix, en assignant à l’énonciation des effets passionnels. La crise met à l’épreuve tout un arsenal de procédés subjectifs à l’aide desquels les énonciateurs signalent leur positionnement dans le discours (C. Kerbrat-Orecchioni, L’énonciation. De la subjectivité dans le langage, 1980). D’ailleurs, quel que soit le discours choisi à l’appui, on ne saura ignorer sa dimension émotionnelle. La topique de l’angoisse, de la terreur, de la pitié, de la catastrophe est particulièrement privilégiée en temps de crise (M. Rinn, dir., Emotions et discours. L’usage des passions dans la langue, 2008).

La mise en scène du pathos (surtout dans le discours populiste, de la crise sociale, mais non seulement) jouit d’une place de choix dans l’analyse de l’argumentation. Tout acte argumentatif se déroule, sur un fond de crise, voire de conflit (Ph. Breton, La parole manipulée 2000, Argumenter en situation difficile, 2004), car l’orateur doit modifier les opinions, les attitudes et les comportements des interlocuteurs. Les modalités qu’il choisit pour rendre son discours acceptable entrent souvent en collision avec les croyances et les intérêts de l’auditeur. Ainsi, l’étayage argumentatif peut recourir à des raisonnements implicites, sous-jacents, à des figures et procédés d’exception, de réfutation, à des contre-arguments. (Ch. Perelman, L. Olbrechts-Tyteca, Traité de l’argumentation, 1958/2000, R. Amossy, L’argumentation dans le discours, 2006). On peut aussi questionner, à côté de Ch. Plantin, la pertinence de la dichotomie, encore régnante, raison/émotion, que la crise rend d’autant plus problématique (Les bonnes raisons des émotions, 2011).

En narratologie, à travers les « programmes narratifs » décrits par Greimas, on voit que toute intrigue sous-entend une crise (V. Propp, Morphologie du conte, 1928, C. Bremond, Logique du récit, 1978). La mise en intrigue (P. Ricoeur, Temps et récit, v. 1, 1983) suppose une transformation des prédicats au cours d’un procès (J.-M. Adam, Les textes : types et prototypes, 1992), ce qui passe, souvent, par une crise (un « nœud ») au cours de laquelle l’équilibre de la situation initiale est détruit et on remplace l’immobilité par l’action.

Nous nous intéressons aussi à la manière dont la littérature, à travers ses différents genres, représente la crise. La dissolution du langage telle qu’elle est reflétée  par le texte littéraire n’en est qu’un symptôme, le plus visible, qui cache des crises, individuelles ou collectives, encore plus profondes, qui mènent jusqu’à la perte de l’identité et au déchirement intérieur de l’individu.

Le dialogue-conversation, vu comme activité rituelle dont l’enjeu est la confirmation et le maintien du tissu social, ne manque pas de désaccords, de conflits, de véritables crises de communication entre les participants, censés réagir pour « ne pas perdre la face » (E. Goffman, La mise en scène de la vie quotidienne, 1959/1973). La violence dans les transactions linguistiques s’accompagne de la recherche d’un consensus. A la crise, doivent suivre un nouvel équilibre, un renouvellement, une évolution, tant sur le plan du langage, que sur celui de la communication et du discours.

Par conséquent, c’est bien évident que le choix des moyens employés afin de communiquer pendant les crises (qu’elles soient identitaires, génériques, politiques ou idéologiques, naturelles, écologiques, sanitaires, sociales, culturelles, etc.) s’avère décisif pour réduire ou, au contraire, augmenter l’anxiété, individuelle et/ou collective déclenchée, inévitablement, par le surgissement d’un événement inattendu.

Nous attendons donc vos contributions autour des axes suivants (mais pas exclusivement) :

- La langue et les théories du langage (la sémantique, la sémiotique, la pragmatique). Entre transparence et opacité du signe : les possibilités et les limites du langage en crise.

- Langages et représentations de la crise en littérature. Poétique et stylistique de la crise. Crise des genres, crise du personnage. Crises identitaires et reflets discursifs.

- Argumentation, autorité(s) et efficacité du discours en situation de crise. L’argumentation politique et le rôle de l’ethos et du pathos.

- Quelles émotions dans la crise ? Colère, peur ou espoir ?

- Communication et gestion de la crise. Représentations médiatiques. Le discours des acteurs sociaux en temps de crise.

- Le français, une langue en crise ? L’enseignement du FLE en situation de crise.

- Traducteurs et traductions face à la crise.

- Comptes rendus critiques 

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Envoyez vos articles en français et la fiche d’inscription dûment remplie à 

Simina Mastacan - simina_mastacan@yahoo.com

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FICHE D’INSCRIPTION

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CALENDRIER :

  • Soumission des articles : le 15 septembre 2020
  • Notification du comité scientifique : le 15 octobre 2020
  • Soumission de la version finale des articles : le 1er novembre 2020
  • Publication prévue : le 30 novembre 2020

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Indexation : CEEOL; INDEX COPERNICUS; FABULA; KVK; EBSCO

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Les auteurs doivent respecter les normes rédactionnelles de notre revue, disponibles ici :

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Chaque soumission est évaluée par au moins deux relecteurs appartenant au comité scientifique international de la revue.

Pour tout renseignement complémentaire, veuillez visiter le site de la revue :

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