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Corps (in)croyables: la pratique amateur en danse contemporaine

Corps (in)croyables: la pratique amateur en danse contemporaine

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Michel Briand)

 

Journées d’études. Université de Poitiers, laboratoire FoReLL EA 3816.

 Jeudi 16 et vendredi 17 octobre 2014

 

 

Corps (in)croyables : la pratique amateur en danse contemporaine.

 

 

Organisation :

Université de Poitiers : Michel Briand et Isabelle Lamothe

Compagnie Alice de Lux : Claire Servant et Matthieu Doze

DRAC Poitou-Charentes

 

 

Ces journées d’études visent à montrer en quoi la pratique amateur en danse contemporaine peut être désormais reconnue comme un objet fondamental, sur le plan théorique et pédagogique, philosophique et anthropologique, esthétique et politique, artistique et éthique … La notion d’ « amateur » semble ainsi propre à interroger, voire troubler, d’autres catégories, comme celle de professionnel, artiste, voire citoyen, tout en associant à la pratique artistique, avec un accent supplémentaire, tous les enjeux cruciaux qui concernent le corps dansant, l’engagement, le plaisir, etc.

 

Le titre « corps (in)croyables » repose sur une observation : les corps d’amateurs dansants, souvent, d’âge, de genre, d’apparence, de statut social variés, ne sont pas des corps « incroyables », ils ne sont ni virtuoses, ni exceptionnels, toujours triomphants ou tragiques, surhumains ou en représentation, ils sont simplement « croyables », ordinaires, directs, quotidiens, humains, présents, vrais. Cependant, lors du travail en studio, dans la pratique d’expérimentation, comme sur la scène spectaculaire, ou dans ce qui peut en tenir lieu pendant le temps de la performance, où qu’elle se passe, ils peuvent devenir extra-ordinaires, comme issus de l’ordinaire et, du fait même de leur passage à la scène, mais aussi simplement au studio, suprêmement originaux, surprenants, encore « présents », mais d’une autre manière. D’où une ambiguïté, une incertitude dynamique qui demande non seulement à être interrogée mais aussi, comme elle l’est d’ailleurs souvent désormais, dans divers dispositifs relevant d’une politique culturelle, locale ou nationale, promue, défendue, dans des institutions ou hors-institution, ou encore dans le monde associatif.

 

Les journées d’études « Corps (in)croyables », s’affrontant à ces questions, s’intéresseront, par ce biais, à ce que cette pratique amateur fait à la « danse contemporaine », et donc à ce qui fait la « danse contemporaine », ce qu’on pourrait appeler ses fondamentaux, d’ordre corporel, émotionnel, esthétique, éthique ou encore politique, suivant les valeurs définies expressément par Laurence Louppe, dans sa Poétique de la danse contemporaine : individualisation d’un corps et d’un geste sans modèle, exprimant une identité ou un projet irremplaçable ; production (et non reproduction) d’un geste à partir d’une sphère sensible personnelle ou d’une adhésion profonde et voulue au parti pris d’un autre ; travail sur la matière du corps (et non sa forme) en tant que lieu de subjectivation et donc de dialogue avec l’altérité ; « non anticipation » formelle ; rôle crucial de la gravité comme ressort du mouvement (en accord, en jeu ou en résistance) et des effets de « présence », plutôt que de « représentation » ; promotion de valeurs éthiques comme l’authenticité, le respect, un certain principe de non-arrogance ; exigence d’une solution juste, plutôt que spectaculaire ; transparence des processus engagés … Comme on le voit, il y a entre ce qui relève d’une définition complexe de l’amateur et ce qui pourrait caractériser la danse dite contemporaine, des analogies significatives, comme un accord éventuel et fluide, sans lequel l’amour qu’implique le mot « amateur » et le contemporain ne sauraient se nourrir l’un de l’autre : « Quand ces valeurs s’absentent, quelque chose de contemporain s’évanouit ou se perd ; et n’est à ce jour remplacé par rien d’autre sinon le formalisme, la modélisation sur des acquis reproduits » (Laurence Louppe). Au point qu’il est essentiel que les artistes (professionnels) soient aussi des amateurs, au sens premier, qui ont du goût pour la danse, l’apprécient, la recherchent, la goûtent, voire en vivent.

 

Sans prétendre dresser un tableau complet, ces rencontres visent au moins à poser des questions sur un point qu’on considère, on l’aura compris, comme central dans ce qu’il y a de contemporain dans la danse dite contemporaine. Les formats possibles pour les propositions présentées dans le cadre de ces journées sont multiples : communications scientifiques, conférences plus larges, table-rondes, conférences dansées, duos universitaire / artiste, comptes rendus et présentations d’expériences, témoignages. Le plus important est que ces journées soient des temps de rencontre, souvent trop rares, entre praticiens et théoriciens, amateurs et professionnels, commentateurs et créateurs, et surtout toutes les catégories et individualités intermédiaires ou hybrides. Par ailleurs les disciplines concernées sont tout aussi variées : didactique et pédagogie de la danse, histoire, anthropologie culturelle, sociologie, psychologie, esthétique, sciences politiques, droit … Et, enfin, les propositions, outre la question (très) générale de la pratique amateur, peuvent s’intéresser à des champs particuliers, dont la liste qui suit n’est pas exhaustive, mais indicative :

 

- questions pédagogiques, effets de transmission et de réception …

- figures du corps, plaisir, désir, santé …

- créativité et création, enjeux esthétiques et artistiques, de la pratique au spectacle / à la performance …

- enjeux politiques, économiques, sociaux, sociétaux …

 

Les deux journées d’études, intégrées dans un partenariat plus large avec les institutions culturelles et artistiques locales et régionales, seront complétées de deux tables-rondes : Politique, culture et société : enjeux et perspectives (16 octobre) et Création : le chorégraphe et les amateurs (17 octobre), et précédées, le mercredi 15 octobre, d’une journée plus spécifiquement consacrée aux notions de transmission et pédagogie.

 

 

Les propositions seront à adresser conjointement à michel.briand@univ-poitiers.fr et isabelle.lamothe@univ-poitiers.fr, sous la forme d’un titre et d’un résumé bref (max. 600 caractères, en .doc ou .pdf), accompagné d’un cv également bref. La date limite de cet envoi est fixée au 15 février 2014.