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Corps d'écriture, corps politique (cosmopolitismes, multitudes, mondialisation)

Corps d'écriture, corps politique (cosmopolitismes, multitudes, mondialisation)

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Evelyne Grossman (Prof. Paris 7))

Sil est vrai que la littérature ne cesse dexplorer larticulation du corps et de la langue, la constitution du sujet et, par là, les limites de la socialité, lobjet de ce colloque serait danalyser :


comment la question des identités nationales et linguistiques a pu être pensée à travers la figure littéraire et politique du cosmopolitisme (du cosmopolitisme de lAntiquité à luniversalisme des Lumières). Celui qui nadopte point de patrie , écrivait le Dictionnaire de lAcadémie française (1762), nest pas un bon citoyen . Inversement, la critique du narcissisme et de lethnocentrisme, lexploration des diverses figures de laltérité en soi et hors de soi, constituent une large part de la réflexion littéraire et philosophique dans lEurope du XVIIIème siècle.


comment sarticule différemment selon les époques le rapport entre corps décriture et corps politique. Ainsi, si lon a pu parfois définir la modernité littéraire par ce geste qui consiste à sarracher aux traditions territoriales et linguistiques, à dénouer le lien social, quels nouveaux types de subjectivation, darticulation du lien entre corps et langue peut-on déceler dans les écritures contemporaines ? Les textes des XXème et XXIème siècle qui tentent de se déprendre des linéarités généalogiques et des enchaînements syntaxiques des récits constitués, peuvent-ils nous permettre de concevoir un sujet aux appartenances et identifications multiples (pas nécessairement phallo-centrées, filiales et générationnelles, ni forcément assignées au modèle familial de la fraternité humaine), bref de concevoir de nouveaux corps décriture ? Le nouveau corps humain dArtaud, la résistance du sujet éphectique de Beckett (je suis ... peut-être) peuvent-ils nous aider à penser des corps décriture plastiques inventant des limites changeantes, des suspens de frontières, dautres positions identitaires ?


Il sagira enfin, avec les outils méthodologiques et conceptuels propres à la théorie littéraire, de réfléchir aux actuels symptômes de la crise identitaire et institutionnelle des systèmes démocratiques européens (les néopopulismes européens, les enjeux politiques et économiques de la mondialisation avec ses nouvelles formes de migration, ses délocalisations, sa marchandisation des corps et des connaissances). Si la démocratie de masse dans notre socialité athée, immanente et dévouée à la singularité, porte en elle, comme certains laffirment, un risque de psychose (absence du Tiers symbolique quil sagisse de Dieu, du Roi, de la République ou du Prolétariat), raison de plus pour interroger ce qui, dans la littérature, travaille au plus près de ce risque.


Les propositions de contribution (une vingtaine de lignes) devront parvenir avant le 15 décembre 2002 à :
grossman@ccr.jussieu.fr

Le colloque se tiendra à l'Université Paris 7 les 27, 28 et 29 novembre 2003.