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Contraintes formelles et imaginaire du vivant

Contraintes formelles et imaginaire du vivant

Publié le par Baptiste Roux (Source : Laure Himy-Piéri)


Université de Caen MRSH salle 205, 15h-17h

[Pages associées: appel à contributions (http://www.fabula.org/actualites/article8777.php) et publication (http://www.fabula.org/actualites/article15304.php)]

Ce séminaire pluriannuel est issu de la rencontre de deux ensembles de préoccupations, le premier portant sur l'idée et la pratique de "contraintes formelles"  dans toute production textuelle, le second ayant trait à l'intervention d'un imaginaire du vivant dans le discours sur la littérature et dans les modes d'écriture. Il s'agit alors de penser l'agencement de ces deux lignes, et de développer un axe d'étude portant significativement sur la question des rapports entre les représentations de la notion de vie, le discours des oeuvres et le discours sur les oeuvres. Il s'agit d'envisager les rapports entre les textes et l'ensemble des discours sur le vivant, en sériant et en précisant les problèmes et les enjeux qui apparaissent sur les deux fronts.

Le préalable méthodologique à l'établissement de ce programme est de s'accorder sur une définition suffisamment précise de la notion de « contraintes formelles ». Nous proposons d'entendre par là l'ensemble des règles de structuration d'un discours comme texte. La première tâche sera donc d'identifier et de formuler clairement, s'agissant des textes choisis comme objets de l'enquête, la nature de ces règles, en établissant à quel niveau elles opèrent et quel est leur statut. A cet égard en effet, deux catégories peuvent être distinguées :



(a) les règles qui ont une fonction programmatique et prescriptive définie a priori. A cette catégorie appartiennent d'une part les règles codifiées par une tradition antérieure aux textes où elles se trouvent mises en oeuvre, d'autre part celles qui sont contemporaines de l'apparition des textes censément destinés à les appliquer. Dans un cas comme dans l'autre, les textes peuvent en quelque sorte se déduire de règles préexistant à eux d'une manière ou d'une autre.

(b) celles qui ne peuvent être formulées qu'a posteriori, et ne sont donc identifiables que pour autant qu'on les déduit des textes eux-mêmes. Les contraintes de ce type peuvent n'avoir qu'une application locale (tel ou tel texte particulier), mais elles peuvent aussi avoir une portée plus générale, dans la mesure où, identifiables dans un corpus plus vaste de textes, elles contribuent à la création de nouvelles configurations génériques.



Une fois posées ces conditions, la question centrale sera celle d'une corrélation possible entre contraintes formelles ainsi définies et l'ensemble des « discours sur le vivant ». Y répondre requiert que des réponses ou des éléments de réponse soient apportés à la question de savoir où ces discours se donnent à lire. Cet imaginaire du vivant peut en effet investir des manifestes littéraires de tous ordres (i.e. dans le même champ théorique que les discours où opèrent les « contraintes formelles ») ; il peut aussi être mobilisé dans les traités scientifiques, philosophiques, etc. (i.e. dans des champs théoriques différents), il peut enfin participer de l'écriture elle-même. Il s'agira aussi de s'assurer de l'existence de cette corrélation entre les contraintes formelles et l'idée de vie. On se posera donc la question de savoir quels sont les arguments qui permettent ou d'affirmer cette corrélation, ou de la construire.



Par ailleurs, Il est apparu comme une évidence que les rapports entre vie et littérature, entendue comme production textuelle, ne pouvaient être posés dans le cadre d'une représentation hâtive de la notion de métaphore. L'étude de ces rapports rencontre nécessairement quelques questions fondamentales. La première est de s'assurer de la consistance d'une certaine littéralité, que l'on peut formuler simplement comme l'esquisse de réponse à la question « Qu'est-ce que la vie ? », ce qui peut être envisagé du point de vue d'une histoire des idées et de la biologie mais aussi en fonction d'une histoire du lexique (valeurs, sens, hiérarchies, etc.). Comment le mot « vie » est-il entendu lorsqu'il est mis en relation (d'équivalence ou de figuration) avec la notion de littérature? Notamment, quel rapport établir entre la notion de « vie » telle qu'elle apparaît à l'articulation des XVIIIe et XIXème (où elle remplace celle d'« histoire naturelle »), et la notion de « Nature » qui a été, pendant plusieurs siècles, la référence de toutes les poétiques et de toutes les esthétiques?


Il importe aussi de comprendre quels sont les lieux de passage entre la « littérature » (en n'oubliant pas que la notion et le mot ont une histoire) et la pensée du vivant. Avec quel gain se font ces apports, mais aussi à quel prix? Cela ouvre la possibilité d'interventions expertes et ouvertes, où pourraient être présentés les apports de la biologie, de la philosophie, de l'histoire de la médecine, de l'épistémologie.... qui permettraient d'établir à quelles conditions on peut parler de « métaphores de la vie ou du vivant ». Toutes choses qui engagent une discussion sur la notion même de métaphore (voire sur son histoire), dans ses rapports avec la "littéralité" : que signifie pour un texte le fait qu'il soit donné ou qu'il se présente comme un être vivant, qu'il puisse être un vivant ? Il s'agit autrement dit de décrire et d'analyser le métalangage censé permettre de traduire le discours sur le vivant en un autre : celui (ceux) par le(s)quel(s) les tenants de l'analyse textuelle (qui peuvent être également des praticiens de la littérature) décrivent les « contraintes formelles ». La question est donc sans doute (en dernière instance) de savoir s'il existe un métalangage autre que métaphorique.

3/12 2004 "Le récit érographique" Alexandra Destais, Université de Caen

14/1/2005 "La nature et les règles au théâtre" Catherine Dumas, Université de Caen

4/2/2005 "Buffon entre rationalisme et mysticisme : "chaleur" et "vie" dans le Discours sur le style (1753)"
Sylvain Prudhomme, Université Paris-III

11/3/2005 "Le poème-son de Nicolas Guillen comme métaphore de la "couleur cubaine"
Dominique Diard, Université de Caen

8/4/2005 "Deux modèles scientifiques du "change de forme" chez Roubaud"
Jean-François Puff, Université Paris-III

20/5/2005 Titre à préciser
Danièle Duport, Université de Caen