Actualité
Appels à contributions
Contamination et transposition des modèles génériques (Nancy)

Contamination et transposition des modèles génériques (Nancy)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Pérette-Cécile Buffaria)

Journées d’étude – Nancy – EA 7305 LIS

Lundi 29 – Mardi 30 juin 2015

Contamination et transposition des modèles génériques

Appel à communications

Les études récentes consacrées aux « genres de travers » comme celles menées par Dominique Moncond’huy et Henri Scépi montrent l’intérêt porté aux démarcations et aux frontières des genres. Elles prolongent à leur façon le débat qui alimente la réflexion théorique depuis Benedetto Croce, sur la pertinence des genres. Mais elles laissent entendre aussi que la répartition des œuvres littéraires en genres, quoi qu’elle soit remise régulièrement en question, continue de servir de référence à toute analyse structurelle de texte. Ces journées d’étude entendent prendre en compte les frontières entre les genres non pas tant comme limites d‘extension du genre ou si l’on préfère, comme outil distinctif générique, que comme principe d’écart permettant l’évolution générique. Elles s’appuieront sur deux pratiques qui semblent le lieu même de cet écart : la contamination et la transposition telles qu’elles apparaissent dans les pratiques scripturales de la littérature européenne du Moyen Âge au XXIe siècle.

La contamination en littérature procède d’une altération des caractéristiques génériques due à l’influence d’éléments extérieurs (un genre littéraire différent, l’iconographie, la musique ou le témoignage historique). C’est pourquoi, si elle peut amener à fondre deux œuvres en une comme elle le faisait dans l’Antiquité, elle est plus généralement représentée dans les arts et la littérature par une interpénétration des influences. Elle est « la marche du cavalier » que décrit Chklovski, principe fondateur de toute histoire générique car l’hybridation permet une transformation à l’intérieur du genre ou la reconduction des caractéristiques d’un genre à l’autre.

La transposition, impliquant originellement une permutation dans le champ de la rhétorique ou de la linguistique où elle fut employée, réalise en littérature le transfert d’un texte dans un nouveau cadre,  générique, iconographique ou musical, en se subordonnant aux codes de représentation de ce nouveau support. En ce sens, elle ne peut être confondue avec le calque, l’ampliation en général ou la transposition partielle. Elle suppose de considérer comme le fait Benoît Tate, qu’elle est « l’expression par excellence du déplacement ». Elle peut être réduite à une transcription comme l’envisagent les traductions tronquées à la manière de Houdar de la Motte. Le plus souvent, dans sa réalisation la plus élevée, elle participe d’une « hypertextualité » plus riche, d’une créative et nécessaire trahison, par la « dénaturation » de son modèle.

     Les enjeux de la réflexion pourraient donc être les suivants : quels liens s’établissent entre contamination et transposition ? Comment la transposition renouvelle-t-elle le modèle générique ? Quel rôle joue la contamination dans l’évolution d’un genre ? Comment la découverte de ces procédés modifie-t-elle nos pratiques d’analyste ? Il sera important de favoriser des approches qui auront soin de montrer les glissements interdisciplinaires (du texte historique à la correspondance, de la peinture à la poésie, de la tragédie à la poésie, etc.) ainsi que leur réinvestissement continu dans l’histoire du genre : par exemple, les caractéristiques de la pastorale dramatique que repère le Tasse appliquées au roman engendrent-elles définitivement un infléchissement du genre vers l’analyse du sentiment ?

     Sans être restrictifs, les axes suivant pourraient donc être privilégiés :


1. L’analyse des modalités de transmission : il s’agira d’examiner l’influence des éléments extérieurs dans la transgénéricité, de considérer l’antériorité des modèles et les va-et-vient opérés entre écarts, réemploi et reprise normative, y compris dans une dimension axiologique : la contamination est-elle morale ? quelle valeur a-t-elle ?

2. L’étude des processus de transfert : on se demandera comment réduction, condensation, fragmentation, sélection, éclatement ou à l’inverse amplification et développement peuvent intervenir dans la transposition et nourrir les pratiques scripturales.

3. Le décodage des déformations imposées au modèle générique : l’analyse des changements intervenus amène à reconsidérer le rôle du contexte, de la visée esthétique, philosophique ou politique que veut se donner le propos littéraire.

Comité d’organisation :

Pérette-Cécile Buffaria, Pascale Mougeolle.

Comité scientifique :

Claire Badiou-Monferran, Sylvie Camet, Elsa Chaarani-Lesourd, Alain Génetiot, Alain Guyot, Elise Montel-Hurlin, Pascale Mougeolle.

EA 7305 LIS, Littératures, Imaginaire, Sociétés,

Axe « La fabrique du texte ».

Lieu : Nancy

Université de Lorraine, UFR ALL, CLSH,

3, place Godefroy de Bouillon

BP 13397

54015 Nancy Cedex

Soumission des propositions :

Les propositions de communication (3000 signes espaces compris) seront assorties de quelques éléments bibliographiques, d’une brève notice biographique de leur auteur et envoyées avant le lundi 30 mars 2015 aux trois adresses suivantes :

pascale.mougeolle@univ-lorraine.fr

buffaria@gmail.com

elise.montel-hurlin@univ-lorraine.fr

Droits d’inscription : 20 euros par personne

La publication des actes est à l’étude.