Questions de société
Compte rendu de la réunion des membres élus des bureaux des sections du CNU avec Valérie Pécresse

Compte rendu de la réunion des membres élus des bureaux des sections du CNU avec Valérie Pécresse

Publié le par Arnauld Welfringer

Compte rendu de la réunion des membres élus des bureaux des sections du CNU avec Valérie Pécresse :

 

Mme la Ministre a reçu lundi 17 décembre les membres élus des bureaux des sections du CNU. Elle a commencé par justifier les choix des membres nommés dans les sections en présentant longuement les critères qu’elle aurait suivis. La parité a joué un grand rôle : 47% de femmes nommées dans le collège A, 51% dans le collège B (toutes sections confondues), alors qu’elle n’atteint que 35,9% des élus et 33% de l’ensemble du corps des électeurs. Le deuxième critère a été géographique. Le troisième a visé à refléter la diversité des composantes des disciplines. Le quatrième (qui ne semble concerner que les PR) l’excellence et la représentativité scientifiques, mesurées à l’aune de l’attribution des PEDR - à propos desquelles Mme Pécresse a reconnu qu’elles constituaient un critère très restrictif.

Elle a ensuite présenté quelques modifications apportées au fonctionnement des sections du CNU (augmentation possible du nombre de membres de bureaux pouvant aller jusqu’à 6, augmentation des primes).

Vient alors le développement des divers chantiers qui devraient prolonger la loi LRU :
puce.gif chantier jeunes chercheurs
puce.gif chantier vie étudiante
puce.gif plan Licence

Elle a ensuite cherché à définir le rôle du CNU notamment par comparaison avec le rôle de l’AERES. Le CNU évaluerait les individus, l’AERES les institutions, les structures. Les attributions du CNU seraient inchangées. Puis elle a dit quelques mots sur les Comités de sélection qui seront, selon elle, « ce que nous en ferons. » Suivent des applaudissements polis, courts et retenus.

Intervient ensuite Jacques Moret, Pdt de la section 67 et VPdt de la CP-CNU sortante. Il a commencé par affirmer la nécessité d’une réforme. Il a rappelé que lors de la rencontre avec la Ministre, le 10 juillet dernier, les représentants de la CPCNU avaient exprimé un profond désaccord sur trois points :
puce.gif  la disparition des commissions de spécialistes,
puce.gif  le rôle des présidents d’Universités,
puce.gif  le recrutement de contractuels. Puis il a demandé des éclaircissements sur trois points :
puce.gif  l’autorité du CNU sur au moins 50% des promotions,
puce.gif  sur au moins la moitié des primes (PEDR)
puce.gif  sur la qualification des contractuels par le CNU. Son intervention a été saluée par un long et puissant applaudissement, qui exprimait clairement ainsi à la Ministre la position de la salle.

Mme Pécresse répond sur les trois premiers points, en disant qu’il a été répondu aux craintes quant au localisme, par l’augmentation du nombre de membres extérieurs dans les comités de sélection, l’emploi de non-spécialistes permettant de garantir « la non-consanguinité » (sic) ; qu’il a été répondu aux craintes quant au pouvoir du Président, par le fait que le véto doit être motivé et ne peut s’exprimer que s’il y a inadéquation entre le profil du candidat retenu et le poste proposé. La motivation ne pourra faire référence aux mérites scientifiques. Cela, ajoute-t-elle, sous contrôle d’un juge administratif. Quant à la question des contractuels, elle affirme qu’il y aurait été répondu par un amendement qui précise que, dans le cadre du contrat pluriannuel, un pourcentage devra être fixé en concertation avec l’Etat, avec un maximum.

Sur les trois derniers points, le fait qu’il n’est pas demandé aux candidats aux contrats d’être qualifiés par le CNU, a pour objectif de pouvoir permettre le recrutement sur contrat d’étrangers ou venant d’autres systèmes [NdR : comme si il n’était pas possible d’étudier les équivalences dans le cadre des sections CNU, ce qui d’ailleurs se fait déjà]. Elle répond aussi sur les avancements en précisant que le CNU aura bien toujours autorité sur au moins 50% des promotions. Pour les primes d’encadrement, Mme Pécresse répond qu’il en sera rediscuté. Plusieurs personnes réagissent dans la salle par des « c’est dans la loi, c’est le Président. » La Ministre répond en disant que la loi LRU n’est pas inscrite dans le marbre et qu’il sera possible de modifier.

Puis intervient Didier Chamma (31e section) qui lit une déclaration au nom des élus Snesup rappelant la demande de l’abrogation de la loi LRU, puis insiste sur la nécessité de doubler les moyens en personnels en trois ans, de lancer un plan pluriannuel de recrutement en personnel enseignant-chercheur et BIATOD, de combattre la précarité. Il affirme que les élus Snesup défendront toutes les disciplines et écoles de pensée, les statuts des enseignants-chercheurs par la prise en compte de toutes leurs missions. Il dénonce les « pouvoirs exorbitants » donnés aux présidents d’université et réclame le maintien d’une gestion nationale des carrières des enseignants-chercheurs dans le cadre du service publique. Il renvoie ensuite au mémorandum unitaire (FSU, UNSA, SNTRS-CGT, Solidaire) en 10 points distribué auparavant par à l’ensemble des personnes présentes.

Sur les dix points Mme Pécresse renvoie aux chantiers qu’elle a présentés auparavant. Pour les SHS, elle prétend que l’autonomie n’est pas exclusive d’un rééquilibrage par apport public. Les crédits, défend-elle, devront être pondérés en fonction de la fragilité des étudiants accueillis. Pour les primes d’encadrement doctoral, l’avis du CS devra être demandé. Elle propose 700 emplois pour doctorants et informe que les étudiants de Master 2 pourront être rémunérés, avec un statut professionnel, pour encadrer des étudiants de première année. Pour répondre à la question des universités sous dotées, elle prétend que chaque université sera examinée, qu’elle n’en restera pas à une vision nationale.

Une personne dans la salle réagit en disant que l’on risque de voir ainsi le retour des assistants. Elle continue en s’inquiétant de la crédibilité des membres nommés à l’AERES qui ne répondent pas parfois aux critères de titularisation du CNU. Elle demande aussi que les membres du CNU puissent remplacer leur prime par un allègement de service.

Mme Pécresse répond qu’elle est sensible à cette question de crédibilité et qu’elle fera suivre. En revanche, elle n’est pas favorable à l’allégement de service pour les membres du CNU en remplacement de la prime car, ajoute t’elle, pour les nommés, cela les priverait d’un « potentiel énorme. » [NdR : Une fois encore, elle exprime, d’une manière assez curieuse, et indirectement un avis, en creux, sur les élus.]

Chantal Astier, Présidente de la section 65 (biologie cellulaire), intervient alors pour s’inquiéter du poids donné à l’AERES composée de nommés, par rapport au CNU élu ; ce qui marque une différence fondamentale entre les deux structures. Elle demande que soit prévus une part d’élus à l’AERES, ainsi qu’une part de Maîtres de conférences.

Mme la Ministre répond en disant qu’il s’agit du choix initial du législateur. Pour lui, l’AERES ne jugeant pas les personnes doit être composé de nommés. Il s’agit de l’évaluation d’une politique scientifique. Il n’est pas nécessaire qu’il y ait une élection pour cela ; le critère premier n’étant pas nécessairement scientifique.

Gilles Denis (72e section) intervient pour affirmer l’opposition exprimée par un grand nombre d’enseignants chercheurs qui ne comprennent pas que les membres des futurs comités de sélection soient nommés par les présidents d’université. Il affirme que les commissions chargées de recruter pour un poste défini dans le cadre d’une discipline devraient être choisies par la communauté de cette discipline. C’est une caractéristique historique et internationale du monde universitaire que les jurys de recrutement soient choisis par les pairs.

Mme Pécresse semble particulièrement surprise par cette demande qu’elle comprend comme une contradiction avec celles notamment exprimées par la CPCNU de lutte contre le localisme. Le pouvoir du président sur le choix des membres des comités de sélection permettrait, selon elle, d’éviter le localisme qui s’exprimerait plus facilement si ces membres étaient élus par les spécialistes de la discipline du poste proposé.

Alors que la séance semblait se terminer sur cette conclusion selon laquelle les demandes des présents représentants les sections CNU seraient contradictoires, Jacques Moret réagit vivement en affirmant qu’il n’y a, au contraire, aucune contradiction et que ce que la CPCNU avait réclamé, pour lutter contre le localisme, c’était qu’il y ait obligatoirement au moins 50% des membres des comités de sélection qui viennent de l’extérieur de l’université.

La séance prend alors fin.

 

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