Questions de société
Compte-rendu de la rencontre entre les intersyndicales des bibilothèques et le MESR du 18/03 (SLU 31/03/09)

Compte-rendu de la rencontre entre les intersyndicales des bibilothèques et le MESR du 18/03 (SLU 31/03/09)

Publié le par Bérenger Boulay

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2297

Entrevue du 18 mars 2009 Intersyndicales/MESR

SDBIS, BU, où va-t-on ?

L'intersyndicale des bibliothèques(CFDT-CGT-FO-FSU-UNSA) et l'intersyndicale du ministère(CFDT-CGT-FO-UNSA) ont été reçues mercredi 18 mars 2009 par PatrickHetzel, directeur général de l'enseignement supérieur, et par ThierryCoulhon, conseiller spécial auprès de la ministre Valérie Pécresse.

Cette entrevue faisait suite à la lettre ouverte queles deux intersyndicales avaient envoyée le 20 février à la ministre del'enseignement supérieur, pour lui faire part de leur opposition totaleaux projets de réorganisation du ministère de l'enseignement supérieuret exiger le maintien de toutes les missions et de tous les postes dela Sous-direction des bibliothèques et de l'information scientifique(SDBIS). Mais la veille même étaient parus au Journal officiel lestextes portant sur la nouvelle organisation du ministère (décretn° 2009-293 du 16 mars 2009 et 3 arrêtés du 16 mars 2009, l'ensemblepublié au JO du 17 mars) : dans cette nouvelle organisation laSous-direction des bibliothèques a disparu, le terme même de"bibliothèques" a été effacé, il y a simplement une Mission del'information scientifique et technique et du réseau documentaire.

L'ensemble de la profession est mise devant le faitaccompli ; les organisations syndicales dénoncent l'absence totale deconcertation avec les syndicats et les associations professionnelles.

Nous avons donc vivement interpellé les représentantsdu ministère dès le début de cette réunion : "Nous avions demandé cetteentrevue il y a un mois, mais vous avez attendu la publication destextes au JO pour nous recevoir : s'agit-il d'une invitation à célébrerl'enterrement de la Sous-direction des bibliothèques avec vous ?"La réunion s'est poursuivie pendant plus de deux heures sur un ton trèstendu. Elle a porté d'une part sur le devenir des missions qui étaientjusqu'ici celles de la SDBIS, d'autre part sur les postes et l'avenirdes personnels qui lui étaient affectés.

  • Sur le devenir des missions de laSous-direction des bibliothèques : nous avons insisté sur la nécessitéde maintenir un rôle d'expertise, essentiel dans l'animation d'unepolitique nationale pour l'ensemble des bibliothèques (numérisation,normes de catalogage, centres de formation, etc.). Mais nous n'avons euque des réponses très vagues, nos interlocuteurs nous renvoyant sanscesse à des "séminaires" qui doivent se réunir très prochainement pourétudier les nouvelles structures du ministère : "Les informations surl'évolution des nouvelles structures seront données dans lesséminaires. Nous sommes dans une phase de transition. Il y a desproblèmes, il faut les régler. La réflexion sur la structure est encours, il faut décrire et discuter des missions, c'est ce qui va sefaire dans les séminaires".Bref, à en croire nos interlocuteurs, si l'on fait disparaître unestructure qui fonctionnait bien, c'est pour faire mieux puisqu'on verraensuite, tous ensemble, quelles sont ses missions qui doivent rester auministère ...

Mais la réalité est tout autre : les notes internesdiffusées depuis indiquent que ce "séminaire" se bornera à une simpleprésentation et que tout sera bouclé début avril. Les décisionsseraient-elles déjà prises ? L'évolution des postes SDBIS semble leconfirmer.

  • Sur les postes de la Sous-directiondes bibliothèques : là le ministère semble en effet avoir déjàtranché : sur les 17 postes de conservateurs, 5 vont être transférésvers l'ABES dès le 1er janvier prochain, 1 a été perdu (mutationvolontaire du titulaire vers un service administratif du ministère) et2 restent sans titulaire ni avis de vacance en CAP. 3 autres postesenfin ont déjà été transférés soit dans un "pôle contrat" (service àcompétence nationale ayant probablement vocation à devenir une agencede moyens), soit au service des grands projets immobiliers maisn'auront plus à traiter spécifiquement des dossiers des bibliothèques.Et les collègues concernés n'ont guère le choix : soit ils acceptent cetransfert (sans même avoir eu de fiche de poste), soit ils demandentleur mutation à l'extérieur du ministère. Ce qu'on appelle une mobilitéforcée !

Sur les postes de conservateurs mis dans la balance,resterait donc 1/3 mais sans plus de garantie puisque des bruitsinsistants font état de moins encore, alors que les syndicats duministère revendiquent le maintien de tous les emplois enadministration centrale.

Suite à nos interventions, les représentants duministère se sont engagés à rediscuter avec les agents confrontés àcette "mobilité forcée". Ils nous ont laissé entendre que les souhaitsdes agents seraient respectés, qu'il n'y aurait pas d'affectationautoritaire, et qu'aucun support ne serait supprimé tant que sonoccupant n'aurait pas trouvé un poste qui lui convienne. Mais, dans lemême temps et contradictoirement, MM. Hetzel et Coulhon refusaient dedonner la garantie qu'aucune mesure de ce type n'interviendrait avantle prochain mouvement des conservateurs à l'automne.

Nous avons demandé ce qu'il advenait du poste occupéjusqu'ici par Claire Vayssade, qui participait aux différentes CAP etassurait ainsi le suivi des carrières des personnels desbibliothèques : depuis février elle est partie à l'Inspection généraledes bibliothèques et n'a pas été remplacée à la SDBIS. Son poste n'apas été proposé au mouvement sur Poppée dans les délais normaux. P.Hetzel répond qu'un recrutement sera fait dans les jours à venir, etque les candidatures seront examinées à la prochaine CAP. Depuis, unefiche de poste a bien été communiquée, notamment aux directeurs de BU.En revanche, aucune garantie ne peut être apportée concernant le suivides formations initiales et continues.

Les syndicats ont donc demandé de surseoir à la mise enplace de ce nouvel organigramme. Refus des représentants du ministèrequi semblent découvrir les problèmes. Ils apparaissent pourtantclairement : structure réduite des 2/3, saupoudrage et destruction descompétences dans une ambiance de sauve-qui-peut où chacun essaie detrouver ailleurs un poste moins aléatoire, quel gâchis et quel risquecela fait peser sur l'ensemble de l'architecture du réseau documentaireet les garanties d'égal accès aux livres sur le territoire national.

En effet, ce nouvel organigramme a été conçu encohérence avec la mise en application de l'autonomie des universitésvoulue par la loi LRU et en est une composante : la SDBIS, quireprésentait jusqu'ici une structure d'appui forte et cohérente pourles bibliothèques, disparaît, et avec elle toute une partie desmissions qu'elle assurait. D'où le risque d'un creusement rapide desinégalités, dans l'accès à la documentation, entre quelquesbibliothèques bien dotées par leur université et les autres : lefonctionnement des SCD dépendra de plus en plus directement del'importance que les équipes présidentielles accordent à ladocumentation. Le transfert à l'ABES des emplois d'administrationcentrale occupés par les personnels qui étaient justement chargés deveiller au respect de l'égalité de traitement entre les bibliothèquesne pourrait que confirmer toutes les craintes sur ce point. Il mérite àlui seul une réflexion autrement plus approfondie.

C'est pourquoi il est très important d'expliquer, dansles actions qui se développent actuellement chez les personnelsBIATOSS, les conséquences particulières qu'entraîne cette disparitionde la SDBIS – et d'affirmer un refus de plus en plus large de cettemesure avec l'exigence d'une concertation à la hauteur des besoins denotre profession, aussi bien pour les BU que pour l'IST côté Recherche.

Il y a urgence. Diffusons largement l'information dansnos établissements et manifestons-nous auprès des autorités, àl'exemple des motions déjà présentées par les personnels de la BUd'Avignon ou par ceux de la BU de Limoges.

Paris le 30 mars 2009