Questions de société
Communiqué de la coordination de Paris 1:

Communiqué de la coordination de Paris 1: "Universités : l'obstination coupable du gouvernement"

Publié le par Marc Escola

Communiqué de la coordination de
l'Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne


Universités : l'obstination coupable du gouvernement



Il est aujourd'hui clairement avéré que, contrairement à ce que déclare le gouvernement, les conditions nécessaires à l'arrêt du mot d'ordre de grève lancé par une grande majorité d'universités et repris par la coordination nationale des universités dans toutes ses réunions, depuis celle du 22 janvier à l'Université Paris 1, ne sont en rien satisfaites.

Concernant le statut, la réécriture engagée le 4 mars conduit à un quasi clone du premier projet de décret, avalisé par les deux mêmes organisations syndicales qui s'étaient déjà abstenues lors de sa présentation au CNESER. Concernant la réforme des concours de recrutement d'enseignants (mastérisation), le gouvernement ne se résout encore ni au retrait , ni même à un moratoire d'un an. Et cela malgré la demande du Conseil d'administration de la Conférence des Présidents d'Université qui, pour une fois, s'écarte de la ligne gouvernementale. Sur le projet de contrat doctoral, le gouvernement est totalement muet. La restructuration de la recherche se poursuit toujours contre la volonté de la grande majorité des chercheurs et des universitaires. Et en ce qui concerne les moyens, le gouvernement déclare qu'il aurait renoncé à la suppression de postes en 2010 et 2011, sans toutefois  revenir sur celles de 2009. Or rien ne nous incite à accorder quelque crédit à des promesses dont on peut craindre qu'elles seront compensées le moment venu par des ajustements ou des contreparties dans d'autres compartiments du budget de l'enseignement supérieur et de la recherche.

L'obstination du gouvernement et sa volonté de vouloir passer en force en jouant sur le pourrissement du mouvement sont coupables et extravagants. Coupables car la poursuite de la rétention des notes du premier semestre, celle de la grève engagée le 2 février dans la plupart des établissements, et les blocages de plus en plus nombreux mettent désormais en péril l'année universitaire d'un grand nombre d'étudiants. Son obstination est extravagante car on aura rarement vu un gouvernement s'acharner autant à refuser d'entendre les protestations d'universitaires à la fois nombreux et de disciplines ou d'opinions très diverses.

Cet autisme gouvernemental devient insupportable et dangereux. Il est de notre responsabilité d'attirer solennellement l'attention de nos concitoyens sur ce qui se passe réellement dans le monde universitaire et sur son état d'esprit. Celui-ci est las et écoeuré face aux attaques qu'il subit de la part des plus hauts responsables de l'Etat. Quels que soient le moment et la nature de la sortie de ce conflit, les traces en seront profondes et durables. A agir de la sorte, c'est tout l'enseignement supérieur et la recherche que l'on malmène et que l'on décourage.

Qui souhaitera, demain, s'engager dans nos métiers ? Qui voudra envisager la préparation d'une thèse ? Comment évolueront les filières scientifiques ?

Que vaudra à terme l'enseignement primaire et secondaire si la réforme des concours de recrutement annoncée voit le jour ?

Que penseront dans dix ou vingt ans les français de gouvernants qui n'auront eu comme seule ligne politique que de dénigrer les universitaires et les chercheurs, que de vouloir obstinément leur imposer des modes de fonctionnement concurrentiels dont les effets sur les performances globales sont plus sûrement négatifs que positifs, et de réduire de toutes les façons possibles les moyens nécessaires au bon fonctionnement de l'université, créant de la précarité et dégradant fortement les conditions de travail de tous les personnels et des étudiants ?

Telles sont les questions que chaque citoyen doit aujourd'hui se poser pour tenter d'élucider tous les effets des réformes contre lesquelles nous luttons, notamment par une grève qui dure depuis plus de 6 semaines et qui est destinée à se prolonger si le gouvernement continue à ne pas entendre l'ensemble de la communauté universitaire.