Questions de société
Communiqué de l'Agen à propos du

Communiqué de l'Agen à propos du "mouvement contre les lois Pécresse" (19/07/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Communiqué de l'Agen (Association Générale des Etudiants de Nanterre - Local F307, 200 av de la république 92000 Nanterre):

MOUVEMENT CONTRE LES LOIS PECRESSE  : Les grèves respectueuses ne payent pas  !

http://agen-nanterre.over-blog.com/article-33989776.html

Nous ne reviendrons pas ici sur les raisons quiauraient pu susciter la lutte. En effet, dans tous les pays européensun processus de privatisation des universités est mis en place depuisplusieurs années. Les bourgeoisies européennes offrent l'université auxbailleurs de fonds privés. Ces derniers siègent au sein des conseilsdécisionnels des universités. Autonomie de gestion, fonds privés,sélection à l'entrée des universités... voilà de quoi susciter lemécontentement et la lutte au sein des facs. Ce texte a pour but demontrer en quoi le mouvement de grève qui eu lieu cette année sur lesuniversités ne s'est pas inscrit dans le mouvement de grève desuniversités de ces dernières années. Il n'a repris ni la dénonciationde la politique générale commandée par la classe bourgeoise, ni lesméthodes de luttes car jugées trop « radicales ».

Seulement, ce long mouvement jugé par certains «d'historique » car dirigé par les enseignants chercheurs n'a pasinstauré un rapport de force face à l'état faute de participation desmasses étudiantes. A la période où le capitalisme est en crise, labourgeoisie tente de réformer l'université à son profit et c'est bienle fond du problème qui touche les universités.

Et si nous tenons à rappeler qu'il est nécessaire delutter face au processus de Bologne et autres formes insidieuses deprivatisation de l'université, il est néanmoins nécessaire de critiquerà fond les faiblesses qui ont amené le mouvement dans l'impasse.

Les enseignants-chercheurs remontés contre Pécresse :

Le mouvement démarre sur les facs au début du secondsemestre. L'intervention méprisante du 22 janvier de Sarkozy suscite lagrogne chez les enseignants chercheurs. De plus, les enseignantsreprochent à Pécresse (ministre de l'enseignement supérieur et de larecherche) le décret qui modifie leur statut en le précarisant .Lesenseignants commencent par pratiquer la rétention de notes pourmanifester leur mécontentement face à la ministre. En plus de cettemesure, Darcos, ministre de l'éducation met en place la masterisationdes concours. Dés la rentrée 2010, il faudra obtenir un bac plus cinqpour pouvoir passer les concours de l'enseignement. Cette mesureimplique que les étudiants issus des quartiers populaires sont exclusdu métier d'enseignant car une extrême minorité d'entre eux atteignentce niveau d'étude. En effet, la grande majorité d'entre eux est obligéede se salarier pour pouvoir étudier. Il va sans dire qu'il estdifficile d'étudier et de travailler en parallèle. C'est pour cetteraison qu'uniquement une poignée de ces étudiants arrive au niveaumaster.

Les deux mesures (décret sur le statut des enseignantset la masterisation des concours) sont le fer de lance du mouvement desenseignants chercheurs quoique la première mesure soit leur priorité.C'est la LRU, combattu l'an passé par les étudiants, qui a permis auxministres de sortir ces mesures. En effet, la loi votée en catimini enaoût 2007, élaborée par Pécresse de concert avec l'UNEF, a suscitébeaucoup d'indignation et une lutte dure sur les universités. Julliard(président de l'UNEF en 2007) avait pris part aux concertations ets'était félicité de la LRU.

Les étudiants veulent rejoindre les enseignants autour de la lutte pour l'abrogation de la LRU.

A l'appel des enseignants, des étudiants se mettent engrève pour construire une mobilisation qui réunirait enseignants,administratifs et étudiants. La LRU aurait dû être le point d'accrochepuisqu'elle est un jalon important du processus de privatisation.L'AGEN, à travers ces interventions et ces tracts s'est battu pour quel'abrogation de la LRU soit la revendication principale. Avec la LRU,chaque université va vouloir devenir un pôle d'excellence et lasélection déjà existante va s'amplifier. Les frais d'inscription vontaugmenter. Certains pays européens comme l'Espagne ou l'Italie ontconnu cette même réforme et on vu leur frais d'inscriptions augmenterde manière faramineuse. La LRU permet également la précarisation desenseignants et des administratifs. Seulement, les enseignants ne sontpas de cet avis et souhaitent rester sur leurs revendications de départpour plusieurs raisons. Tout d'abord, au sein des enseignantsmobilisés, une partie non négligeable n'est pas contre la LRU. Ce quipréoccupe cette frange du mouvement est le devenir de son statut etrien d'autre. On a pu voir des enseignants mobilisés faire l'éloge dela LRU considérant que la sélection à l'entrée de l'universitépermettrait de redorer le blason de celle-ci. Vous l'aurez compris, desenseignants réactionnaires pour qui le rêve a commencé quand la fac deNanterre a changé d'appellation pour : Nanterre Paris ouest LaDéfense ! De plus, des enseignants ont clairement revendiqué ne pasvouloir faire grève longtemps, car ça poserait trop de problèmes etlutter contre la LRU impliquerait une lutte longue et dure ! « La sacrosainte unité» entre enseignants, étudiants et administratifs ne devaitpas être brisée même s'il s'agissait d'une pseudo unité. Au bout dequelques semaines de grève, les enseignants avalèrent de travers larevendication : abrogation de la LRU car vous comprendrez qu'ilsavaient tout de même besoin de l'appui de leurs étudiants. Seulement,la question de la LRU n'a jamais véritablement été le fer de lance dumouvement. Les étudiants sont restés suivistes, acceptant cettesituation au nom de l'unité. Le mouvement à Nanterre n'a pas pris carles étudiants n'ont pas su se démarquer des enseignants et se mobiliserautour de la LRU. La gauche du mouvement, c'est-à-dire ceux quivoulaient construire un mouvement étudiant radical comme à Toulouse leMirail, n'a pas su se regrouper et se renforcer. Le centre (NPA, Sud …)a suivi les profs. Quant à la droite (UNEF majo …) elle a toutsimplement poussé le point de vue le plus droitier du mouvement endiluant toutes les raisons de la révolte.

Le mouvement étudiant n'a pas su se démarquerclairement du mouvement corporatiste des enseignants. Notre syndicat decombat a soutenu et défendu l'idée de la nécessité qu'un mouvementétudiant indépendant se crée et pose les questions sociales. Lesquestions de fond sont esquivées : d'où vient la LRU ?, quel est ceprocessus de privatisation des facs ? Quel rapport et comment se lieravec les ouvriers en grève ? Quelle université pour quelle société ?...La seule jonction réalisée à Nanterre fut avec l'aristocratiehospitalière (les professeurs et les médecins) et même celle là futavortée. Vous comprendrez qu'il est plus respectable de se lier avecdes médecins qui manifestent gentiment qu'avec des ouvriers quiséquestrent leurs patrons ! Parce que dire qu'effectivement leprocessus de privatisation des facs est mené par la bourgeoisieeuropéenne qui est la même qui est responsable des licenciements ceserait aller trop loin pour nos intellectuels de salon. L'AGEN a portél'idée de la jonction des luttes avec celles qui avaient lieues dansles usines et celle qui se déroulait aux Antilles. Un mouvementétudiant qui ne se lie pas aux luttes ouvrières est voué aucorporatisme et à l'échec.

Les moyens d'action étaient à l'image du mouvement(lecture de cours sur les places publiques, ronde des obstinés…vers ladéfaite pourrait-on l'appeler)

Au fur et à mesure qu'une frange des étudiants dontnous faisions partie tentait de plus en plus de lancer le débat sur laLRU et les questions sociales, les enseignants désertaient les AG. Pource qui concerne la CNU, les enseignants de Nanterre retenaient ce quiles intéressaient, ce qui allait dans le sens de leur « mouvement ».Lorsque Nanterre reçut la CNU, l'abrogation de la LRU fut votée malgréles interventions opposées d'enseignants de Nanterre. Même après levote des enseignants de Nanterre souhaitaient revenir sur le vote enprétextant qu'il y avait eu confusion.

Des enseignants qui prétendaient être contre la LRU ontpréféré faire alliance avec leurs collègues de droite qu'avec lesétudiants anti -LRU. Sans doute craignaient- ils de se salir les mainsou qu'une certaine radicalité s'empare de la fac .Dans les AG, l'AGEN aposé le problème de la présence dans le mouvement d'enseignants dedroite (qui été attaché qu'a leur statut). Il nous a été répondu que cen'était qu'un détail et que nous cassions l'unité. Ce a quoi nousavions répondu que l'unité avec des droitiers (qui ne combattaient pasla privatisation des facs et ne dénonçaient pas le manque de bourses etlogements sociaux )conduirait au corporatisme et à l'échec pour lesétudiants.

Quant à l'UNEF, elle n'a plus à prouver sa véritablenature. Huée systématiquement en AG, sur beaucoup de facs pour sespositions proches du gouvernement, son souci premier est que surtoutl'ordre ne soit pas perturbé. L'essentiel était d'aller se balader surParis pour être pris en photos par les journalistes. Contre le blocage,la jonction avec les autres secteurs en luttes et même contre larétention de notes elle a poussé pour que les cours reprennent encriant que l'on avait quand même obtenu des choses. Ce qui fut obtenufut le recul d'un an pour la masterisation et la réécriture des décretsmais sans aucune garantie donnée.

Des étudiants parviennent tout de même à créer un rapport de force sur certaines facs et la répression se durcit !

A Toulouse Le Mirail, Rennes… des étudiants ont réussià sortir des limites du mouvement imposées par les enseignants. Ilsmènent véritablement la lutte. Ils ont saisi l'enjeu : seul un rapportde force digne de ce nom pourra faire fléchir le gouvernement.Occupation des facs, blocages… sont organisés. La répression a touchéces facs : intervention policière, arrestations massives lors demanifs, un étudiant de Toulouse se prend même une balle de flashballdans l'oeil… La répression a été la réponse donnée à ceux qui menaientvraiment la lutte. Les interventions policières sur nos facs ne doiventpas devenir banales. Chaque intervention ou camarade de lutte réprimédoit devenir un véritable problème pour le pouvoir en place. De plus enplus durs et systématiques, le sécuritaire et la répression deviennentdes questions essentielles que l'on doit poser sur nos universités.Nous avons dans nos tracts et dans les AG posait la question de larépression dans le but de développer les initiatives de solidaritéautour des réprimés et que sur chaque fac naisse un collectif contre larépression.

Sur Paris, les étudiants tentent aussi de créer unedynamique de lutte en faisant des manifs sauvages, en occupant aprèsles manifs des lieux représentant l'institution. Un exemplesymptomatique de la mascarade des enseignants : un soir après unemanif, des étudiants décident d'occuper l'hôtel de ville de Paris où àlieu la ronde des obstinés. Les enseignants qui mènent la ronde sedémarquent des occupants et les accusent même de gâcher la lutte qui asu selon leurs propos jusqu'à présent rester pacifique et bien vue del'opinion !

Les masquent tombent : la mascarade est finie.

Après 15 semaines de grève, les cours ont repris, lesexamens ont lieu à l'appel de Pécresse suivie sagement par lesenseignants. A l'attaque que leur balance les étudiants : « vous aveztrahi le mouvement ! ». Ils répondent soit par « vous vous trompez, cen'est qu'une pause » ou pas de réponse du tout, n'assumant pas leurspositions hypocrites. En effet, le CEVU de Nanterre du 21 mai (Conseildes études et de la vie universitaire) est un exemple de la mascaradede leur mouvement. Ce conseil devait trancher sur la question desexamens. Aucun enseignant ne parla du mouvement ni ne s'opposa à latenue des examens. On avait même l'impression qu'il n'y avait pas eu degrève. Le mot d'ordre était : il faut rétablir l'ordre ! Quasiment tousestimaient que la validation automatique (votée à plusieurs reprisesdans les AG à la grande majorité) c'était brader les diplômes et leurretirer leur fonctions au sein de l'université. Parce que ne pas donnercours pendant le semestre et demander aux étudiants de passer desexamens sans contenu c'est plus logique ! Les enseignants et ladirection de la fac pensent tout simplement qu'il faut faire semblant,qu'à Paris Ouest Nanterre La Défense, tout est rentré dans l'ordre.Aucune concertation sérieuse n'eut lieu entre étudiants et enseignants.Ils tranchèrent pour nous, pensant certainement que l'on ne peut êtremis sur le même pied d'égalité.

Cette expérience nous sert d'enseignement y compris parses aspects négatifs. Elle affaiblit ou démoralise uniquement si on nese donne pas les moyens de dépasser une opposition institutionnelle auxréformes. Elle ne doit pas nous affaiblir ou nous démoraliser. Depuisdes années le saccage du service public a lieu sans que ces messieurset dames lèvent le petit doigt. Désormais le risque d'être traitéscomme de simples salariés de l'université les révulse mais ce dégoutest insuffisant pour construire une véritable lutte contre lesreformes. L'histoire nous rappelle que les luttes étudiantes ont éténombreuses et porteuses de victoires face au pouvoir. Elles ont étégênantes pour l'ordre établi car elles ont su dans certains cas poserles véritables problèmes et lutter avec combativité et détermination.Les luttes étudiantes peuvent peser et gagner si elles parviennent àposer les véritables questions, à créer un rapport de force de taille,avoir des modes d'actions percutants et notamment lier sa lutte àcelles des autres secteurs opprimés. Il y a nécessité sur nos facs derompre avec le rejet de l'organisation et il nous faut porter le projetd'un mouvement révolutionnaire de la jeunesse. Ce projet est le seulcapable de synthétiser l'expérience des luttes et permet le passage àune étape supérieure de la lutte.

« De défaites en défaites jusqu'à la victoire ! »

ABROGATION DU PROCESSUS DE BOLOGNE, DE LA LRU

ET DES AUTRES JALONS DE LA PRIVATISATION !

FACS OUVERTES AUX ENFANTS D'OUVRIERS !

FACS FERMEES AUX INTERETS PRIVES !

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