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Colloque sur Théâtre/Roman d’Aragon

Colloque sur Théâtre/Roman d’Aragon

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Marie-Christine Mourier)

 

ERITA

 avec la collaboration d’ITEM et le soutien du laboratoire CALHISTE (Université de  Valenciennes et du Hainaut Cambrésis) et de l’Université de Lille 2

 

Colloque sur Théâtre/Roman d’Aragon

 

les 24 et 25 mai 2013

Moulin de Saint-Arnoult-en-Yvelines

Appel à communications

 

 

Lors de la parution de Théâtre/Roman, Aragon y fit ajouter un bandeau rouge portant la mention : « Mon dernier roman ».

 

On peut s’interroger sur le sens à donner à cette déclaration de celui qui chanta « le roman inachevé ». Cette oeuvre de la fin à valeur nécessairement testamentaire est-elle un tombeau de l’écrivain, la carapace où enclore les songes à jamais, où circonscrire le grand désordre des désillusions et le vent léger d’être ?

On hésite à la situer comme somme ou comme hapax, comme écriture du fragment ou comme inassouvissable « défense de l’infini ».

On y trouvera sans doute une tension totalisante, dans la lignée des croisements, collages et entrelacements pratiquée par Aragon avec les oeuvres d’autres écrivains et avec ses propres oeuvres et on se demandera si ce texte contient tous les autres textes d’Aragon ou par quels ponts et souterrains il y est relié : quel est le panorama de ce roman-là ? est-il délié, ou non, du premier roman ?

Mais la lecture de Théâtre/Roman peut aussi être celle d’une expérimentation des limites chez un auteur qui s’est aventuré de diverses manières aux confins de l’écriture et trouverait une expression stylistique unique à un stade ultime du « vertige de la fiction » (Nathalie  Limat-Letellier), en donnant à voir « un roman [qui] se défait  sous vos yeux » (François Taillandier), comment une « mise en question du moi [est poussée] à l’extrême » (Philippe Forest).

Se pose alors inévitablement la question générique s’agissant d’un texte où tous les genres (théâtre, poésie, roman) sont convoqués, mais repensés, redéfinis, renoués -  défaits ? où les registres sont dominés par le tragique, mais où le grinçant côtoie le lyrique, où la dérision s’accommode de la férocité, et la déréliction de la comédie. Quelle sorte de poème est Théâtre/Roman ? ou de farce tragique ?

La monstruosité du roman affirmée par l’auteur tient-elle au bilan qui s’y dessine (amoureux, politique…) ou à l’hétérogénéité des formes ? Le roman-monstre est-il le roman des monstres d’Aragon ? La violence qui habite le texte témoigne d’un « goût du saccage » qui trahit les tentations de l’autodestruction, mais en même temps les contient, ce qui le constitue peut-être en roman garde-fou. Il y a matière à s’interroger sur les marques scripturales et les significations de l’univers tératologique constitué.

La sophistication des situations narratives tout comme le vibrato inouï de l’écriture peuvent aussi bien sidérer et séduire le lecteur que susciter l’agacement devant ce qui apparaît comme un système de la déviation (au niveau thématique même, dans le jeu de cache-cache avec l’Histoire et avec soi-même), une fabrique maniaque de déconstruction et d’illusion : cette oeuvre labyrinthique est-elle dérive incontrôlée de vieil homme, triomphant exercice de style ou perverse manipulation du lecteur ?

Que peuvent nous apprendre sur ce point (et sur bien d’autres) les manuscrits du roman battus comme des cartes et que nous révèle leur analyse du dégât des idées ou de la royauté du créateur ?

La question se pose évidemment de la réception du roman ; comment fut-il perçu lors de sa parution par les critiques littéraires et par les lecteurs ? Y a-t-il des raisons pour lesquelles il est (serait) aujourd’hui autrement regardé ?

Il y a peut-être quelque paradoxe à entreprendre l’exploration méthodique d’un texte qui entend briser tout système, mais il s’amenuise si l’on est prêt à y cheminer sans que l’espoir de le cartographier ne fasse oublier que l’on peut aimer, comme l’auteur, les « oeuvres où l’on se perd ».

En abordant ce roman hanté par la vieillesse et la mort et/ou délivrant l’inextinguible et toujours jeune créativité d’Aragon, on s’efforcera de répondre à son injonction :

            « À  vous de dire ce que je vois ».

Les propositions de communication sont à envoyer à Roselyne Waller et Marie-Christine Mourier, jusqu'au 4 février, sous forme d’un résumé d’environ 2000 signes.

roselynewaller@wanadoo.fr

marie-christine.mourier@univ-lille2.fr

 

 

Ce colloque est organisé à l’initiative de l’Équipe de Recherche Interdisciplinaire Triolet Aragon (ERITA) en collaboration avec l’équipe Aragon de l’Institut des Textes et Manuscrits modernes (ITEM) ; il a reçu, en outre, le soutien du laboratoire Calhiste de l’Université de Valenciennes et du Hainaut Cambrésis ainsi que de l’Université de Lille 2.

Il a été précédé d’un atelier qui s’est déroulé le 26 mai 2012 dans les locaux de l'École Normale supérieure, rue d'Ulm; les communications données lors de cet atelier sont en ligne sur le site d’ERITA : http://www.louisaragon-elsatriolet.org/spip.php?article473