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Colloque Stendhal/Balzac : Moyen Age, Renaissance, Réforme

Colloque Stendhal/Balzac : Moyen Age, Renaissance, Réforme

Publié le par René Audet (Source : Balzac-L)

STENDHAL AUJOURD'HUI

Société internationale d'études stendhaliennes

HB

Revue internationale d'études stendhaliennes

COLLOQUE STENDHAL-BALZAC IV

Moyen âge, Renaissance, Réforme

Les 27, 28 et 29 juin 2003, à Tours, la société Stendhal aujourd'hui, avec le concours de la revue HB, organisera un colloque consacré aux enjeux idéologiques, esthétiques, voire existentiels, qu'ont représenté pour Stendhal et Balzac le Moyen âge, la Renaissance et la Réforme. Tous deux ont vu dans ces époques une problématique féconde qu'il s'agira d'examiner sous tous ses aspects : aux origines du ressourcement romantique, il y a le goût du passé et une réflexion sur l'histoire à travers une recherche du pittoresque historique qui a une source unique, la passion des origines. Dans ce premier XIXe siècle où le rôle du romancier se confond avec celui de l'historien, Stendhal et Balzac partagent le même goût pour l'histoire nationale, goût qu'ont suscité et mis à la mode les éditions de Petitot, Michaud, Poujoulat, Buchon, Monmerqué, ainsi que les cours et les travaux de Thierry, Guizot, Villemain, Raynouard, Fauriel et Ampère, sans oublier la publication des Mémoires de Luther par Michelet en 1835, ni les histoires de Capefigue et de Merle d'Aubigné. Cet intérêt souvent polémique pour le Moyen âge, la Renaissance ou « la crise du XVIe siècle » (Guizot), et la Réforme, dont la peinture, le théâtre et l'opéra témoignent abondamment, renvoie au rapport politique et idéologique que les deux romanciers entretiennent avec l'histoire contemporaine. Balzac qui a rêvé d'être le Walter Scott français eut d'abord l'intention d'écrire une Histoire de France pittoresque, vaste fresque qu'il ne réalisa jamais. Il a prêté de longues études à son Victor Morillon qui « connaissait familièrement les temps et les moeurs du Moyen Age » ; pour sa part, Stendhal a souvent fait l'érudit, grâce à Muratori ou à Pignotti, et à la Biographie Michaud. On sait aussi qu'il fut un lecteur assidu de Sismondi, qui lui permit de voir la Renaissance commencer deux cents ans plus tôt en Italie, et de Grégoire de Tours. Chez l'un comme chez l'autre, il y a un « antiquaire » et un « chroniqueur » qui, non sans quelque passéisme, comprennent l'archaïsme comme la possibilité d'une oeuvre de rénovation littéraire : si Balzac n'a pas vraiment écrit de scènes de la vie privée du XVe (Maître Cornélius évoque surtout l'« esprit immense » de Louis XI) ou du XVIe siècle, son intérêt pour le XVIe siècle - Le Martyr calviniste, L'Enfant maudit- , qu'il prétend expliquer en analysant les causes des événements, lui permet d'éclairer et de comprendre l'époque contemporaine. Stendhal voit dans la Réforme un mouvement de libération qui parcourt l'Europe moderne, aussi ne cesse-t-il de rappeler à ses contemporains les bienfaits de l'esprit d'examen,tout en se moquant des dérives mystiques ou rigoristes d'un certain protestantisme dans une France sur la voie de l' « abrutissement ». Balzac, quant à lui, y décèle l'origine de l'individualisme qui triomphe sous la monarchie de Juillet, c'est-à-dire la mort de tout pouvoir puisque le protestantisme fera de l'Europe « un troupeau d'hommes sans consistance parce qu'elle sera sans chefs ». Tous deux sont à la recherche d'une autre France qu'ils retrouvent chez Marot, Montaigne et Rabelais. Balzac s'identifie à Rabelais, « le plus grand esprit de l'humanité moderne » ; Stendhal veut saisir « ce qu'il y a de vraiment français et d'individuel dans les idées et le style de Montaigne ». Bref, deux « seiziémistes » amoureux d'une littérature dans sa jeunesse, amoureux d'un siècle dans lequel ils voient, avec des nuances à préciser, le siècle de l'énergie vitale et de l'art menacé par le progrès.

On s'interrogera aussi sur la place qu'occupent dans leur mythologie personnelle l'Arioste et le Tasse, la femme divinisée du Canzoniere, ou bien Don Quichotte, car on peut lire De 1' Amour comme un livre pétrarquiste et suivre le débat ou la raillerie don quichottesque dans les romans de Stendhal, comme on peut lire dans Le Lys dans la vallée une histoire de l'échec du pétrarquisme. L'amour chevaleresque ou l'amour absolu de Balzac n'est guère éloigné de l'amour « arabe » de Stendhal, cette passion que menace la société moderne fondée sur l'égoïsme. De même pour le mythe de Machiavel revivifié dans La Chartreuse de Parme, roman du Pouvoir, et dans Sur Catherine de Médicis, traité de politique générale. Sans oublier la dimension nostalgique de cette recherche des âmes fortes et des grands caractères ou des politiques hors de la morale commune ( les héroïnes italiennes du Moyen âge au « caractère impassible, ferme et ardent », ou bien Sixte Quint et Cola di Rienzo, Gilles de Retz et François Cenci, chez Stendhal ; Louis XI et Catherine de Médicis chez Balzac), ni même la fascination pour les temps de la violence et du sang,

Les communications d'une durée de vingt-cinq minutes associeront Balzac et Stendhal ; elles pourront tout aussi bien être consacrées à un aspect particulier de l'oeuvre de l'un ou de l'autre écrivain en rapport avec les thèmes proposés.

Les propositions de communication devront être adressées avant le 25 janvier à M. Michel Crouzet, 67, rue Notre-Dame des Champs, 75006 Paris; ou à M. Didier Philippot, 4, rue de Candolle, 75005 Paris. Courriel: michelarrous@club-internet.fr

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