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Spinoza : ordre(s) et désordre(s)

Spinoza : ordre(s) et désordre(s)

Publié le par Marc Escola (Source : Sophie Laveran)

Spinoza : ordre(s) et désordre(s)

Quel sens donner à la notion d’ordre chez Spinoza ? L’usage qu’il fait de ce concept est en effet pour le moins ambigu. Pour commencer, une ambivalence : alors que Spinoza s’attache à montrer, dans l’Appendice à la première partie de l’Éthique, que l’ordre – comme son contraire, la confusion – est un « être d’imagination » qui n’existe pas objectivement dans les choses, il invoque par ailleurs abondamment, tout au long de son œuvre, l’« ordre de la nature » dont la connaissance constitue un pilier de la stratégie éthique. Comment articuler ces deux gestes philosophiques apparemment contradictoires ? Une polysémie, ensuite : si l’ordre se dit de la nature, il se dit aussi des raisonnements (ordre géométrique, ordre du philosopher), des affections, passions et actions, des images, des récits ; quant à l’action d’« ordonner » (ordinare), elle intervient aussi bien dans l’analyse des processus cognitifs (ainsi, l’habitude ordonne les images des choses dans le corps – Éthique, II, 18, scolie) que dans le programme éthique (qui enjoint d’ordonner les affections du corps « suivant un ordre pour l’intellect » –Éthique, V, 10), mais aussi dans la réflexion politique sur l’administration des choses sacrées (Traité théologico-politique, XIX) ou publiques (Traité politique). Y a-t-il une unité sémantique et conceptuelle à travers l’ensemble de ces acceptions ? Une pluralité problématique, enfin : si certains ordres sont identifiés, comme l’ordre des idées et l’ordre des choses, d’autres sont dissociés voire opposés, tels l’ordre des affections du corps et l’ordre de l’intellect. Faut-il alors considérer qu’il n’y a qu’un ordre, ou qu’il en existe plusieurs ? Et quel statut accorder aux perturbations de l’ordre : les explications qui pervertissent l’ordre de la nature, les discours sans ordre, l’État qui « ne serait que l’agrégat d’une multitude sans ordre » (Traité politique, VIII, 19) ? Faut-il considérer que les séditions, les discordes, les controverses constituent, au sens de Spinoza, des « désordres » ?

Le but de ce colloque sera donc d’explorer les difficultés qui entourent le concept d’ordre, mais aussi d’interroger l’éventuelle place dévolue au désordre, afin d’éclairer la fonction de ces tensions au sein de la démarche spinozienne.

Les propositions de communications (250 mots environ) sont à envoyer pour le 15 janvier 2016 à l'une des adresses suivantes : nicolas.bouteloup@gmail.com ou sophielaveran@hotmail.com