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Romanesque de la Grande Guerre

Romanesque de la Grande Guerre

Publié le par Emilien Sermier (Source : Centre d'Etudes du Roman et du Romanesque)

Romanesque de la Grande Guerre

Colloque 7-9 avril 2016 (Péronne-Saint-Quentin)

 

 

Quand, comment et pourquoi la Grande Guerre devient-elle matière romanesque ? Si la situation des écrivains dans la guerre a donné lieu à une abondante littérature, la transposition romanesque dont cette expérience a fait – et fait encore – l’objet, a été moins explorée.

Dès les années de guerre ou d’immédiate après-guerre, les grands témoignages de combattants furent souvent plus ou moins romancés (Barbusse, Dorgelès, Jünger...). C’est d’ailleurs en partie ce penchant pour le romanesque que dénonçait Jean Norton Cru dans Témoins en 1929. Dans les années qui suivirent, avec davantage de recul, d’autres témoins célèbres donnèrent une vision des événements plus personnelle ou, si l’on veut, plus romanesque – qu’elle tire vers la dérision de l’anti-roman (Céline) ou vers le lyrisme de la transposition symbolique (Giono), à moins qu’elle ne prenne place dans un projet à la fois plus large et plus singulier (Cendrars, Romains).  Mais la guerre ne s’arrête pas aux tranchées. À l’arrière, il n’est pas rare qu’elle fonctionne comme un ressort romanesque privilégié, prétexte (Cocteau), opportunité (Radiguet) ou révélateur (Van der Meersch), quand elle ne donne pas lieu à des visions plus humoristiques (Marcel E. Grancher, Cinq de campagne). Plus récemment, des romans, parfois popularisés par le cinéma, continuent de nourrir ce que l’on peut désormais considérer comme une véritable mythologie de la Grande Guerre (La Chambre des officiers, Les Âmes grises, Un long dimanche de fiançailles) – jusqu’au 14 de Jean Echenoz ou au prix Goncourt 2013.

Le colloque initié par le CERCLL de l’Université de Picardie, en partenariat avec la Société des Lecteurs de Pierre Mac Orlan, se propose d’interroger le glissement du témoignage vers la fiction en prenant comme point de départ l’exemple de Pierre Mac Orlan, auteur notamment de souvenirs de guerre (Les Poissons morts), d’une farce militaire (U 713), d’un roman en partie consacré à l’arrière (Le Bataillonnaire) et d’une évocation mélancolique plus tardive (Le Bal du Pont du Nord). L’accent sera mis tout particulièrement sur les écrivains picards et les témoins des combats en Picardie. Cent ans après les événements, un questionnement sur la part respective de la vérité historique, de l’invention individuelle et de la mythologie collective semble avoir toute sa légitimité, rejoignant d’ailleurs certains débats d’historiens sur la question du vrai et du faux (C. Prochasson). C’est dans cet esprit que pourront être explorées notamment les pistes suivantes :

– des romanciers picards témoins de la guerre (Paul Vimereu, Pierre Nord)

– le cas particulier de la Bataille de la Somme vue par les romanciers

– la découverte ou la redécouverte d’évocations romanesques plus ou moins oubliées

– la place et le sens de l’histoire

– la force critique des romans satiriques, humoristiques ou simplement décalés

– la persistance dans le roman de guerre de grands schémas romanesques tels que l’initiation, l’héroïsme, l’aventure (si présente par exemple dans les premiers romans de Pierre Nord)

– la réception des romans de la Grande Guerre et son évolution

À travers ces questions, ce colloque se propose d’analyser un cas particulier du rapport entre roman en Histoire et de mettre en évidence sa spécificité, sans se restreindre au domaine français. Les germanistes du CERCLL sont notamment invités à apporter leur contribution (à côté des grandes références que sont Jünger ou Remarque, des auteurs comme Unruh, et d’autres, mériteraient d’être abordés). La dimension internationale pourra également être renforcée par un partenariat avec L’Historial de La Grande Guerre, à Péronne, qui proposera en 2016 une exposition sur les écrivains dans la guerre.

Ce colloque donnera lieu à une collaboration avec d’autres partenaires institutionnels, le Comité départemental de la Grande Guerre et la Ville de Saint-Quentin notamment.

Les actes seront publiés début 2017 dans le N° 5 de la collection « Lectures de Mac Orlan », publication annuelle de la Société des Lecteurs de Pierre Mac Orlan.

 

Contacts :

Bernard Alavoine (bernard.alavoine@wanadoo.fr)

Philippe Blondeau (philippe.blondeau@u-picardie.fr)

 

Les propositions (10-15  lignes) sont à adresser avant fin 2014. Le comité organisateur examinera et sélectionnera les propositions au début de l’année 2015.