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Appels à contributions
La mise en scène baroque dans le paysage culturel contemporain

La mise en scène baroque dans le paysage culturel contemporain

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Céline Candiard )

Colloque pluridisciplinaire « La mise en scène baroque dans le paysage culturel contemporain »

12-14 mars 2015, au Théâtre National Populaire (Villeurbanne)

Organisé dans le cadre du Groupe Renaissance et Âge Classique (GRAC, UMR 5037) et du département des Arts de la Scène, de l'Image et de l'Ecran de l'Université Lyon 2

Appel à contributions

 

Apparue à la fin des années 1970 avec le travail d’Eugène Green, puis de Philippe Lenaël, la mise en scène baroque cherche à retrouver les codes de jeu employés sur la scène française de la fin du XVIe siècle à la fin du XVIIe siècle (posture, déclamation, gestuelle) pour proposer des interprétations inédites des textes anciens. Bien qu’ayant suivi de près les premières expériences du mouvement « baroque » en musique et en danse, sur lequel elle prend modèle, elle doit cependant attendre 2004 et le Bourgeois gentilhomme de Benjamin Lazar pour connaître une véritable consécration institutionnelle. Elle rencontre depuis lors un réel succès, imposant dans le paysage théâtral de nouvelles figures. Ce colloque se proposera d’étudier la place de ce type spécifique de mise en scène dans la culture contemporaine.

On pourra interroger en premier lieu les liens complexes de cette démarche artistique avec le champ du savoir, et en particulier le monde universitaire. Les travaux d’Eugène Green, qui s’est employé à établir les codes de jeu baroques à partir des textes et de l’iconographie de la première modernité, ont en effet suscité l’intérêt de plusieurs chercheurs, dont ils ont nourri les recherches sur la déclamation et l’interprétation des textes (on pensera en particulier à l’édition Pléiade de Racine par Georges Forestier, qui rend à Eugène Green un hommage explicite) : la scène est alors pensée comme lieu de mise en valeur artistique de connaissances historiques, ce que confirme encore l’intérêt des publics scolaires et universitaires pour ces spectacles. Mais cette articulation à un savoir est également source de malentendus : volontiers crédités par leurs diffuseurs d’une authenticité archéologique qui sert d’argument commercial mais qu’ils revendiquent rarement eux-mêmes, les artistes se trouvent alors sommés par le public savant de justifier tout écart, et se voient parfois reprocher l’effet d’étrangeté qu’ils introduisent dans les œuvres du répertoire. L’ambivalence de ce rapport au monde savant, tantôt caution intellectuelle, tantôt censeur, pourra donner lieu à des analyses générales et à des études de cas.

À ce propos, les rapports de symétrie et de dissymétrie avec la musique ancienne, la danse ancienne et leur redécouverte méritera d’être creusée. En effet, si la même année 1977 voit naître les Arts Florissants de William Christie et le Théâtre de la Sapience d’Eugène Green, c’est avec une mise en scène moderne de Jean-Marie Villégier que le premier connaît la consécration en 1987 en montant Atys de Lully. Il pourra être fructueux de mettre en parallèle les réceptions respectives de ces deux démarches et d’étudier les relations contrastées entre chefs d’orchestre et metteurs en scène baroques, qui oscillent entre collaborations suivies (notamment celle de Benjamin Lazar avec Vincent Dumestre et son Poème harmonique) et distance méfiante.

Il conviendra surtout d’interroger la place de la mise en scène baroque dans le paysage théâtral d’aujourd’hui et l’évolution de son statut institutionnel. Après avoir été longtemps cantonnée au rang de curiosité archéologique, elle s’insère à présent dans les saisons des théâtres subventionnés et un nombre croissant de jeunes compagnies s’en réclamant font leur apparition dans le champ du spectacle vivant. Par ailleurs, ses chefs de file s’aventurent dans des territoires beaucoup plus contemporains, à l’exemple de Benjamin Lazar avec l’opéra argentin Cachafaz de Copi. On pourra ainsi s’intéresser à la logique sous-jacente de cette forme de mise en scène qui, en mettant en avant des codes de déclamation, d’expressivité et de mouvement qui créent un effet d’étrangeté, propose une approche sensible des textes, par opposition aux approches intellectuelles ou dramaturgiques plus courantes dans la mise en scène des classiques. Ainsi peuvent apparaître, entre le théâtre baroque et des courants contemporains, des parentés inattendues.

Enfin, si la mise en scène baroque semble être une spécificité française, on pourra procéder à des comparaisons avec d’autres démarches voisines, comme les formes contemporaines se réclamant de la commedia dell’arte, ou encore les spectacles du Shakespeare’s Globe Theatre de Londres.

Modalités

Le colloque accueillera des communications universitaires classiques, en encourageant la diversité des perspectives (histoire du théâtre, de la musique et de la danse, étude du champ professionnel, analyse de spectacle, etc.), mais aussi des tables rondes, des ateliers et des formes mixtes comprenant de courtes présentations artistiques. 

Les propositions de contribution (une dizaine de lignes environ) pourront être adressées à celine.candiard@univ-lyon2.fr avant le 12 juillet 2014.