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Colloque « Le secret »

Colloque « Le secret »

Publié le par Vincent Ferré (Source : Gerald Preher)

Colloque « Le secret » du groupe « Résonances-Femmes »,  Université Paris 8, 13 et 14 avril 2012.

Le thème du secret s’ouvre curieusement sur un paradoxe. En effet notre âge est celui de la transparence revendiquée. Partout on nous révèle de prétendus secrets internationaux ou l’on nous vante les mérites de nouveaux gadgets orwelliens. La transparence serait selon certains un gage de « vraie démocratie ». L’anodin sur lequel on nous informe trop nous cache souvent l’essentiel. Sommés d’émettre des avis, de faire connaître notre opinion, nous sommes, comme le Citoyen inconnu d’Auden, également censés être heureux. Car l’ère nous invite à vivre en permanence « en contact » avec le monde entier. S’il est sans doute salutaire que l’histoire revisite ses secrets fondamentaux pour nous éviter de vivre dans le mensonge institutionnel, qu’en est-il de nos « jardins secrets », de ce que l’on souhaite ne pas dire ? Non pas de ces secrets monstrueux dont il vaut mieux se délivrer avant de perdre la raison, mais de ce que l’on préfère garder pour soi ? L’art du secret devient-il un luxe ? Un privilège suranné ? Un rituel érotique ? L’art et la littérature se sont toujours fait fort de nous renseigner sur les secrets des âmes. On constate qu’en ce qui concerne le genre et les minorités opprimées le secret fut souvent érigé en stratégie de résistance, en moyen de préserver une intégrité. Jacques Derrida soulève également la question de l’autre lorsqu’il dit que « Le secret, ce n’est pas seulement quelque chose, un contenu qu’il y aurait à cacher ou à garder par-devers soi. Autrui est secret parce qu’il est autre. Je suis secret, je suis au secret comme un autre. Une singularité est par essence au secret ». Par ailleurs, en poursuivant le travail sur le thème de l’autre, on pourra s’intéresser au fait que la théorie du genre avait amorcé une réflexion grâce à Luce Irigaray (cf. questions à Levinas dans Éthique de la différence sexuelle) sur un sujet souvent tenu secret dans le rapport aux féminin ou issu de la culture patriarcale : l’Éthique. Cependant, la question de l’éthique à été peu explorée depuis et il serait intéressant d’y revenir dans le cadre de colloque.

Le groupe interrogera les voies explorées en littérature pour travestir, garder dans l’ombre, éluder, cacher ce qui se conçoit comme nécessairement secret. On pense aux stratégies narratives que mentionne Ginette Michaud dans Tenir au secret (Derrida, Blanchot) : « Qui saura jamais dire, écrire ce qui se passe dans un battement ? Ce qui ne se laisse pas lire – un blanc, un intervalle, une syncope, une anacoluthe, une ellipse, une saute de syntaxe –, ce qui passe les mots et pourtant les commande en leur échappant ? » La curiosité, l’intime, le mensonge, les subterfuges, le non-dit, les paradoxes de la révélation et du dissimulé seront évoqués. Les correspondances secrètes et les découvertes biographiques, les secrets artistiques, les relations tues pourront faire l’objet de ces études. Sociologues ou historien(ne)s pourront nous renseigner sur la ‘mise au secret’ de femmes, les secrets bien gardés de l’Histoire. On cherchera comment l’écriture, et plus largement l’élaboration artistique, voile parfois elle-même ses propres questionnements sur le genre, et comment, dans les replis de ses zones d’ombre, elle laisse parfois deviner, sous divers masques et métamorphoses, l’origine, pour fugace qu’elle soit, d’une représentation du sujet, du mystère de l’identité.

Les propositions (250 mots) sont à envoyer à Claude Safir (safnina@gmail.com), Hélène Marquié (h.marquie@free.fr) et Gérald Préher (gerald.preher@gmail.com) avant le 15 janvier 2012. Les communications, qui ne devront pas excéder 25 minutes, peuvent être en français ou en anglais.