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Colloque : Le Photographiable

Colloque : Le Photographiable

Publié le par Pierre-Louis Fort (Source : Marion Delecroix)

programme à télécharger (PDF)


COLLOQUE UNIVERSITÉ DE PROVENCE (LESA et INSTITUT UNIVERSITAIRE DE FRANCE)


organisé par Jean Arrouye et Michel Guérin
à l'amphithéâtre de la BMVR de Marseille l'ALCAZAR
les jeudi 26, vendredi 27 et samedi 28 novembre 2009

Le photographiable

La conscience moderne progresse dans la réflexivité au fur et àmesure que les techniques dont elle se dote l'aident à réaliser que laperception, la fabrication, l'enregistrement et la réception des imagesne sont pas naturels, mais au contraire foncièrement tributaires d'appareils, etpar conséquent artificiels et historiques. La perception estoriginairement prothétique. On ne perçoit pas le monde, mais un monde.
C'est en terme de programme, comme l'écrit Vilém Flusser, qu'ilconvient de penser le rapport à un monde de tel appareil de perceptionet d'enregistrement. Ce monde ne lui préexiste pas, il s'induit avec etdans les opérations mêmes prévues, en l'espèce, par le geste de laphotographie, dont certaines peuvent demeurer longtemps latentes. Lephotographe «peut tout prendre» (un visage, un insecte, un brind'herbe, une trace ou un impact dans un environnement expérimental, etmême son propre geste au miroir), mais ce tout n'est rien que lephotographiable «c'est-à-dire tout ce qui figure dans le programme».
C'en est fini sans doute de l'utopie d'accoster au pays des «chosesmêmes» par l'ascèse d'une conscience dévouée à la fraîcheur du monde.Celui qui se referme en s'ouvrant sur son seul potentiel, vaste maisfini, est celui que le photographe induit en produisant muni de sonappareil des états de choses tissant l'étoffe (ou le voile?) duphotographiable. La phénoménologie n'aurait-elle pas été doublée (dansles acceptions concurrentes, peut-être, du dépassement et de la surdétermination) par une photologie, en ce sens que la réalité perçue ressemblerait désormais à un album photographique?Dans tout art visuel, il y aurait du photographique - hypothèse qui ne concerne pas seulement la peinture, mais aussi et surtout l'ordrefiguratif et les ambiances de la vidéo, du cinéma, de l'image 3D. Lephotographiable ne serait-il pas, en un sens élargi, tout ce quiparaît, à défaut d'être, de type photo?
Qu'en est-il donc du photographiable, soit qu'on l'envisage comme leprogramme de la photographie, soit qu'on l'étende à ce qui peutrappeler la photographie, soit encore qu'on s'aventure à poser parhypothèse le
paradigme d'une manière de voir «photologique»?