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Colloque Le Malentendu.

Colloque Le Malentendu.

Publié le par Marc Escola

Colloque " Le Malentendu " Paris, 7-8 février 2002

Université de Paris VIII Saint-Denis Université de Paris-Sorbonne Paris IV

Responsables : B. CLÉMENT (Paris-VIII) & M. ESCOLA (Paris-IV),

Équipes : " Sens et texte " (EA 2577, M. Murat) & " Théorie littéraire " (A. Compagnon) de Paris-Sorbonne, " Littérature et histoire " de Université de Paris-VIIISaint-Denis

Programme (Sous réserve de modifications)

Jeudi 7 février

En Sorbonne, Salle des Actes

9h30. Accueil des participants

Pratiques théoriques du malentendu :

Présidence: M. Murat

10h. S. RABAU (Paris-III) : " Malentendu et interprétation dans la philologie classique. "

10h30. J.-M. DELACOMPTÉE (Paris) : " Le malentendu, condition du politique. Une visite aux courtisans. "

Pause

11h15. P.-H. CASTEL (Paris-I/CNRS), " Malentendu, charité et point de vue subjectif. "

11h45. L. KELLER (Zürich) : " Les maladresses du traducteur ; mal entendu ou mal compris ?"

Entre rhétorique et esthétique : naissance du malentendu

Présidence: J. Dagen

14h30. A. CANTILLON (EHESS) : " Comment échapper au malentendu dans la succession des énonciations. À propos des Pensées de Pascal. "

15h. C. NOILLE (Nantes) : " Lidée de relecture, de la rhétorique à lesthétique, de La Bruyère à B. Lamy ".

Pause

16h. M. ESCOLA (Paris-IV) : " Rousseau juge dAlceste. Généalogie dun malentendu".

Discussion

Vendredi 8 février 2001

À lUniversité de Paris VIII-Saint-Denis Salle B. 235

Le temps du malentendu

Présidence: M.-C. Ropars

9h30. J. RANCIÈRE (Paris) : " Le temps du malentendu ".

10h. M. RIFFATERRE (New York) : " Définir lunité dune période : le lieu du malentendu ".

Pause

11h. A. GOETZ (Paris-IV), " Malentendu et attribution en histoire de lart ."

11h30. A. COMPAGNON (Paris-IV) : " La Recherche du temps perdu, roman de la reconnaissance "

Degrés du malentendu

Présidence:B. Didier

14h30. M. DEGUY (Paris) : " Méprise, quiproquo, malentendu ".

15h. B. CLÉMENT (Paris-VIII) : " Entre deux malentendus, faut-il choisir le moindre ? et autres questions posées à l'histoire littéraire. "

Pause

16h. V. JOUVE (Reims) : " Dénoncer un malentendu : enquête sur les discours de réfutation ".

Discussion

* * *

La dénonciation dun malentendu, cest bien souvent le geste inaugural du critique ou du théoricien. Écrire, parler sur une uvre, cest dabord dénoncer une ou des méprises antérieures (sur un auteur, une uvre, un mouvement, un courant, un siècle), cest ensuite prétendre semployer à la dissiper. Comme si lautorité dune interprétation ne pouvait sétablir que sur les ruines dune autre. Lon nhésiterait guère à soutenir que la réception dune uvre singulière se confond avec la suite des malentendus auxquels elle a donné lieu, que telle est même la condition du constant renouvellement de sa signification.

Et certes pas seulement en littérature : en philosophie, en histoire, en histoire de lart, en théorie politique, en exégèse religieuse même, pas de théorie, pas dhistoire, pas de lecture sans malentendu, puis sans dissipation de malentendu. Voltaire, entend-on dire, na rien compris à Pascal ; ni Sartre à Baudelaire ; ni Lénine à Marx ; ni Poussin à Caravage. Le dire, cest sengager à redresser la méprise, et, bien sûr, sexposer à être à son tour corrigé À ces cas de mésentente singulière, sajoutent les malentendus collectifs : cest parfois toute une époque qui se méprend sur le statut ou le sens dune uvre (ainsi de la critique romantique des " unités " du théâtre classique), qui se livre à la réévaluation dun héritage oublié en dénonçant un malentendu (ainsi de la promotion remarquablement tardive de la littérature " baroque "), ou qui envisage les frontières même de la " littérarité " comme autant de malentendus (ainsi des débats contemporains sur la " paralittérature ").

Ce prochain colloque voudrait offrir une réflexion à la fois historique et épistémologique sur les différents visages, les divers statuts, les nombreuses fonctions, les multiples bienfaits du malentendu.

On sintéressera dabord au geste critique pour lui-même, sur des exemples à chaque fois singuliers : selon quelles procédures, en référence à quels critères établit-on lexistence dun malentendu ? De quelle autorité faut-il se réclamer pour saper lautorité dune interprétation antérieure ? De quel imaginaire du texte et de lauteur, de quels fantasmes saccompagne un tel geste ? Ce premier ensemble de communications pourrait être aussi loccasion de réfléchir sur le devenir propre de systèmes dinterprétation (Lukacs, Goldmann, Sartre) dont le destin semble être de ne faire autorité quun temps (le malentendu est toujours provisoire).

Un deuxième ensemble traitera des cas de mésentente, qui pourraient bien délivrer le modèle du geste critique (peut-on dailleurs dater lapparition de telles procédures ?) : les communications sattacheront à quelques dialogues célèbres, où un auteur littéraire se confronte à luvre de lautre, trouve parfois dans la dénonciation dun malentendu les ressources suffisantes pour entrer dans le jeu dune récriture ou promouvoir une rupture.

Une troisième série de communications sattachera au malentendu comme événement ou comme outil nécessairement historique : comment une époque peut-elle communier dans la conviction dun malentendu sur un corpus duvres antérieures ? Doit-on faire entrer le malentendu dans la définition de lunité dune " période " en histoire littéraire ? Est-il une autre histoire quune histoire des malentendus ?

Mais au fait, où doit-on soi-même se situer pour apprécier et décrire de tels malentendus ? Comment échapper à la dynamique du malentendu pour en faire lhistoire ? Peut-on proposer dun contresens une description qui ne soit pas déjà prise dans la logique herméneutique quelle voudrait circonscrire ? Autant de questions préalables qui ne peuvent évidemment le rester. À mal entendeur, salut !