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Stendhal historien (Grenoble)

Stendhal historien (Grenoble)

Publié le par Emilien Sermier (Source : Julie Ridard)

Argumentaire:

En dehors du roman, Stendhal a eu une véritable activité d’historien, encore assez méconnue malgré les travaux récents qui lui ont été consacrés et les éditions qui ont permis de découvrir des textes introuvables, peu disponibles, incomplets ou jusqu’alors mal édités. Or, dès ses débuts dans l’activité d’écriture, sur ses premiers cahiers, vers 1802, le jeune Henri Beyle établit des listes d’ « ouvrages en prose », parmi lesquels figurent une « histoire de Bonaparte », une « histoire de la Révolution française » et une « histoire des grands hommes qui ont vécu pendant la Révolution française ». Certains de ces projets sont restés à l’état d’ébauche, d’autres se résument à un seul titre, mais ce sont là des indices qui permettent de mesurer un intérêt fort pour l’histoire récente ou en train de se faire.

Ces esquisses historiques se doublent d'une dimension critique dans les articles que Stendhal donne aux journaux anglais. L’activité de journaliste est  l’occasion de prendre la distance nécessaire pour commenter les événements de l’actualité française et donner son point de vue sur les livres qui font l’actualité. À travers ces comptes rendus, se dessine une cartographie de l’écriture de histoire dans la première moitié du XIXe siècle : Thiers rédige alors son Histoire de la Révolution, Barante et Augustin Thierry défendent le principe de l’histoire narrative, Guizot est à la recherche des sources et des causes des faits historiques, le Comte de Ségur rédige ses souvenirs de la Campagne de Russie.

Au moment même où naît une « nouvelle histoire » alors en voie d’autonomisation dans le champ des disciplines, Stendhal prend position, comme la plupart de ses contemporains, contre la tradition historiographique des « Antiquaires » et participe activement au renouvellement de la vision d'une histoire marquée par l'actualité : « Excepté pour les faits très voisins de nous [...] l'histoire, comme on dit n'est qu'une fable convenue » écrit-il dans les Promenades dans Rome.

Il s’agira de dresser un inventaire, d’établir un corpus des écrits ou des velléités historiques de Stendhal mais aussi de définir ses méthodes afin d’analyser quelle est sa situation dans le « siècle de l’histoire ». Entre histoire et mémoire, histoire et biographie, histoire et récit, histoire et politique, comment s’écrit l’histoire ? quel est son lien avec la vérité ? « qu'est-ce que l'histoire si ce n'est l'art de représenter les événements comme ils se sont réellement passés? » (Paris-Londres, p. 873).

            On s’intéressera à la place de la subjectivité et du témoignage dans cette histoire encore palpitante des murmures de ceux qui l’ont vécue et au regard critique que Stendhal pose sur les historiens de son temps. On scrutera la manière dont il rêve d’écrire l’histoire, « avec la même sérénité philosophique qu'un traité de chimie » (Paris-Londres, p.174). On ira voir quelles sont ses lectures historiques, quel rôle elles ont joué dans sa formation intellectuelle. On se demandera enfin pourquoi aucun ouvrage historique de Stendhal n’est achevé et quel est le sens de cette impossibilité.

 

PROGRAMME

* Jeudi 17 mars 2016

13h30 – Accueil

14h00 – Conférence plénière : Gérald Rannaud (Université Grenoble Alpes), « Stendhal historien »

Avec l’Histoire

Présidente de séance : Brigitte Diaz

15h00 – Sylvain Venayre (Université Grenoble Alpes), « Stendhal, historien en voyage : le cas des Mémoires d'un touriste »

15h30 – Laure Lévêque (Université de Toulon), « Au détour du moment Guizot : les “Voyages en France” ou le Tableau de la France de Stendhal »

Discussion

Lectures de la Vie de Napoléon et des Mémoires sur Napoléon (étudiants de L1)

17h00 – Aurélien Lignereux (IEP, Grenoble), « Pratiques historiennes d’une génération : Henri Beyle et ses pairs »

17h30 – François Vanoosthuyse (Université Sorbonne nouvelle – Paris 3), « Stendhal et l'historiographie bonapartiste »

Discussion

 

* Vendredi 18 mars 2016

Histoire, biographie, Mémoires

Président de séance : Sylvain Venayre

9h00 – Francesco Manzini (Université d’Exeter), « Stendhal, Plutarque et l'histoire généreuse »

9h30 – Hélène Spengler (Université Grenoble Alpes), « “Maxime : sur chaque incident se demander : faut-il raconter ceci philosophiquement ou le raconter narrativement selon le système de l'Arioste ?” La “narration mêlée” dans les Mémoires sur Napoléon (1836) de Stendhal »

10h00 – Xavier Bourdenet (Université Paris-Sorbonne), « La voix et le regard : biographie, histoire et subjectivité dans les Vies stendhaliennes (Vie de Napoléon, Vie de Rossini) »

Discussion

Lectures de la Vie de Napoléon et des Mémoires sur Napoléon (étudiants de L1)

11h00 – Philippe Jousset (Aix-Marseille Université), « Le comte de Ségur : un autre historien »

11h30 – Yves Ansel (Université de Nantes), « L'histoire, ça sert à faire la guerre »

Histoire, histoire de soi, fiction

Présidente de séance : Laure Lévêque

14h00 – Brigitte Diaz (Université de Caen-Basse Normandie), « Stendhal “Narcisse historien” : écriture de soi et écriture de l'histoire dans la Vie de Henry Brulard »

14h30 – Isabella Cristina Stangherlin Santucci (Université de Campinas, Brésil), « Stendhal entre l'histoire et la chronique d'un siècle dans les Chroniques italiennes »

15h00 – Philippe Lammers (Université de Constance, Allemagne), « Écrire l’Histoire des mœurs : l’historiographie face au roman dans les Chroniques pour l’Angleterre »

15h30 – Boris Lyon-Caen (Université Paris-Sorbonne), « Les personnages devant l’histoire (Le Rouge et le Noir ; La Chartreuse de Parme) »

16h00 – Discussion et conclusion du colloque