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Politiques linguistiques nationalistes et situation du français dans l'espace francophone à l'ère de la mondialisation

Politiques linguistiques nationalistes et situation du français dans l'espace francophone à l'ère de la mondialisation

Publié le par Matthieu Vernet (Source : GRINE NADIA)

RÉPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITÉ D'ALGER 2

DEPARTEMENT DE FRANÇAIS

COLLOQUE INTERNATIONAL

Politiques linguistiques nationalistes et situation du français dans l’espace francophone à l’ère de la mondialisation

           15 et 16 Octobre 2014 - Université Alger 2

Organisatrices : Karima Ait Dahmane (Pr.) &  Nadia Grine (MCA)

 

 Argumentaire

Dans son article « Glottophagie »[i] (1997 :155-156), Louis Jean Calvet estime que 30 ans après les indépendances, les ex-colonies françaises ayant opté pour des politiques linguistiques de type nationaliste (politiques consistant à promouvoir une/des langue(s) nationale(s) comme langue(s) officielle(s) et à faire en sorte que cette/ces dernière(s) domine(nt) la langue française maintenue dans ces différents Etats comme langue seconde ou langue étrangère) n’ont pas réussi à atteindre l’objectif visé par leurs politiques linguistiques. Selon ce dernier, l’explication réside dans le fait que le rapport de supériorité du français sur les langues nationales instauré par la politique linguistique coloniale survit (résidu de la colonisation) dans l’imaginaire collectif des populations concernées par les politiques linguistiques en question et constitue un frein à la réussite de ces dernières.

  Plus de 15 ans après la formulation d’une telle réflexion, ce colloque international se propose de vérifier à quel point cette hypothèse pourrait se justifier en permettant de comparer les expériences, en terme de politique linguistique, de plusieurs Etats anciennement colonisés par la France et ayant opté pour des politiques linguistiques de type nationaliste. L’analyse de quelques autres cas de politiques linguistiques accordant une certaine place au français, même si ce dernier n’est pas la langue de l’ex-colonisateur, ou de politiques linguistiques accordant au français un statut de langue co-officielle, pourrait  donner un éclairage supplémentaire au sujet.

 Plus de 50 ans après les indépendances, il est grand temps de dresser des bilans exhaustifs des différentes politiques linguistiques en rapport avec la problématique de ce colloque. Pour ce faire, nous proposons les axes suivants :

1. Politiques linguistiques et représentations des langues

    Il s’agira de rendre compte des chemins parcourus par différents Etats francophones dans l’application des politiques linguistiques nationalistes depuis les indépendances. A quel point ces politiques ont-elles réussi ou échoué ? Dans quels domaines peut-on observer leur réussite ou leur échec ? Quels objectifs ont-elles réussi à atteindre, quels autres n’ont-elles pas réussi à atteindre ? Quels discours idéologiques ont précédé, accompagné ces politiques linguistiques (discours idéologique colonial,  discours idéologique en faveur de la politique linguistique nationaliste, discours idéologique des opposants)[ii] ? Quelles représentations ont les populations concernées par ces politiques des langues  nationales officielles et du français ? Le français continue- t-il à dominer les langues nationales officielles dans l’imaginaire collectif  des populations en question?

2. Place du français in vitro vs in vivo   

    Il sera question ici de faire le parallèle entre le statut officiel du français tel que défini dans le cadre de ces politiques linguistiques et le statut réel de cette langue tel que pourraient en rendre compte les différentes configurations sociolinguistiques qu’offre à voir l’espace des Etats francophones ayant en partage le désir de promouvoir leurs langues nationales. Il s’agira d’abord de rendre compte, de la façon la plus fidèle qui soit, de la place réelle qu’occupe actuellement cette langue dans les pays ex- colonisés où elle n’est plus langue officielle (ou unique langue officielle) en déterminant à la fois son statut  in vitro et celui  in vivo, puis de mettre le doigt sur les contradictions éventuelles existant entre les deux statuts. A titre d’exemple, certaines études ont révélé que dans certains pays relevant de l’ensemble qui nous intéresse (ex. l’Algérie, la Tunisie et le Maroc), la maîtrise de la langue française constitue un important facteur de réussite scientifique et professionnelle. Dans les trois pays cités, même si l’arabe est la langue officielle, le français bénéficie d’un statut de facto très important faisant de lui une langue qui domine- dans les faits et au niveau des représentations-  la langue officielle du pays. Est-ce un trait général, ou est ce que cela ne concerne que certains pays parmi ceux qui ont opté pour des politiques linguistiques similaires ?

 De quelle façon peut-on mesurer le rapport entre la maîtrise de la langue française et la réussite socioprofessionnelle ou scientifique ? Comment ce rapport est-il perçu/ verbalisé par les étudiants, les enseignants, la presse… ? Le français a-t-il encore de l’avenir dans un contexte de « nationalisation linguistique » s’inscrivant lui-même dans le contexte plus global de la mondialisation  qui tend à imposer l’anglais comme langue d’ouverture sur le monde ?

Autant de questions dont les réponses pourraient aider à comprendre les vrais enjeux des plurilinguismes dans l’ensemble des Etats qui nous intéressent.   

Bien que ces questions relèvent principalement de la sociolinguistique (aménagement linguistique, analyse des discours épilinguistiques…) les contributions des sociologues, des politologues, des économistes… ne peuvent qu’enrichir  la réflexion sur le sujet.

3. Projets identitaires, politiques éducatives et enseignement du français dans les pays ayant opté pour une politique linguistique de type nationaliste

  Il s’agira, dans cet axe, de déterminer la place qu’occupe l’enseignement du français ainsi que le rôle qu’on lui assigne (support identitaire, ouverture culturelle, développement) au sein des différentes politiques éducatives des pays qui nous concernent. A quels niveaux est enseignée cette langue ? A raison de combien d’heures par semaine (ou par an ?) Quel niveau de compétence est censé permettre d’acquérir un tel volume horaire? Parvient-on à atteindre un tel niveau de compétence à l’issue des enseignements suivis ? Si la réponse est négative, quelles peuvent être les raisons d’un tel échec ? Quelle place accorde-t-on à la culture de l’Autre dans les programmes de français ? Comment définit-on cet Autre dans les programmes et les manuels scolaires ? Comment la didactique de  l’interculturel  est- elle appréhendée par les responsables éducatifs et  les enseignants de français ?

4. Décolonisation, politiques linguistiques nationalistes et francophonie institutionnelle

  Cet axe vise à élucider les liens entre les enjeux politiques et géostratégiques et la gestion (ou choix) des langues in vitro. Il s’agira ici de rendre compte des rapports qu’entretiennent les Etats dont les politiques linguistiques intéressent cette rencontre scientifique avec la francophonie institutionnelle qu’elle soit linguistique, culturelle, scientifique ou politique. Comment les ex-colonies françaises, désormais Nations indépendantes, perçoivent-elles des organisations relevant de la Francophonie (AUF, OIF…) ? Si adhésion il y a, est-elle totale ou peut-on observer des adhésions partielles à la Francophonie (exemple adhérer à l’AUF mais pas à l’OIF..) ? A quels degrés ces Etats contribuent-ils à la détermination des objectifs et des orientations générales des politiques de ces institutions ? A quels degrés la francophonie institutionnelle contribue t-elle à la détermination des politiques linguistiques et éducatives au sein de ces pays ? …    

C’est à toutes ces questions, et à d’autres encore, que nous invitons les participants à réfléchir dans le cadre cette rencontre scientifique.

              Calendrier et informations pratiques :

  • Lancement de l’appel à communications  25 juillet 2013.
  • Date limite pour la soumission des propositions de communication : le 18 décembre 2013.
  • Communication des décisions du comité scientifique : fin février 2014.
  • Date du colloque : 15 au 16 octobre 2014

Les propositions de communication devront inclure un titre, un résumé de 3500 signes au maximum, espaces compris, 7 à 10 références bibliographiques pertinentes, 6 mots clés et l’indication de l’axe choisi.

Elles devront être accompagnées d’une brève notice biographique comportant les renseignements suivants : le nom, le statut, l’affiliation et les coordonnées de l’auteur ainsi qu’une liste de ses principales publications se rapportant à la thématique du colloque (4 au plus).

Les propositions de communication sont à adresser en document world aux adresses suivantes : karima7aitdahmane@gmail.com et nadou33@yahoo.fr

 

NB : le CS se réserve le droit de demander des modifications des résumés présentés pour donner plus de cohérence à l'ensemble du colloque.

 

Comité scientifique :

Ait Dahmane Karima, Professeur, Université Alger 2 (Algérie)

Amokrane Saliha, MCA, Université Alger 2 (Algérie)

Amorouayach Essafia, MCA, Université Alger 2 (Algérie)

Auger Nathalie, Professeur, Université Paul Valéry Montpellier 3 (France)

Benhamla Zoubida, MCA, Université Alger 2 (Algérie)

Calvet Louis-Jean, Professeur, Université de Provence (France)

Chaudenson Robert, Professeur émérite, Université de Provence (France)

Farid Benramdane, MCA,  Université de Mostaganem (Algérie)

Boyer Henri, Professeur, Université Paul Valéry Montpellier 3 (France)

Daff Moussa, Professeur, Université Cheikh Anta Diop Dakar (Sénégal)

Dahou Foudil, Professeur, Université de Ouargla (Algérie)

Dumont Pierre, Professeur, Université des Antilles et de la Guyane, (DROM, France)

El Baki Hafida, MCA, Université Alger 2 (Algérie).

Filali Ferial, MCA, Université Alger 2 (Algérie)

Grand Guillaume, Maitre de conférences, EHESS, (France)

Grine Nadia, MCA, Université Alger 2 (Algérie)

Kara Yasmine Atika, Professeur, ENS de Bouzaréah (Algérie)

Kebbas Malika, Professeur, Université de Blida (Algérie)

Khennour Salah, Professeur, Université Alger 2 (Algérie)

Legros Denis, Professeur, Université Paris 8 (France)

Maurer Bruno, Professeur, Université Paul Valéry Montpellier 3 (France)

Messaoudi Leila, Professeur, Université Ibn Tofail – Kénitra (Maroc)

Miled Mohamed, Professeur, Université de Carthage (Tunisie)

Morsly Dalila, Professeur, Université d’Angers (France)

Ngalasso-Mwatha Musanji, Professeur, Université Michel de Montaigne - Bordeaux 3 (France)

Serhane Carla, Professeur, Université de Balamand (Liban)

Siblot Paul, Professeur, Université Paul Valéry Montpellier 3 (France)

Temim Dalida, Professeur, Université d’Annaba (Algérie)

Comité d’organisation : Ait Djida Mohand Amokrane, Benmahi wahiba, Bestandji Nabila, Chaibi Hassiba, Derridj Mélissa, Guidoum Ratiba, Hachadi Samir, Kaaboub Abdelkrim, Oulebsir Fadila, Oulebsir Kamila, Sakhri Sabrina, Tahri Souad, Yousfi Fethia.

    Conférences plénières

       Pr. H. Boyer

       Pr.  L-J. Calvet

Pr. D. Morsly

Pr. M- M. Ngalasso

[i] CALVET L.J. « Glottophagie » in MOREAU M.L., Sociolinguistique, concepts de base, Liège : Mardaga, 1997,pp.154-156 .

[ii] Les travaux de BOYER ont donné un important éclairage sur l’impact des « idéologies diglossiques » sur la gestion des contacts/conflits de langues.