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Littérature et réalité : regards croisés (Safi, Maroc)

Littérature et réalité : regards croisés (Safi, Maroc)

Publié le par Université de Lausanne (Source : AMRAOUI Abdelaziz)

Colloque international

Littérature et réalité : regards croisés.

Organisé par

l’Université Cadi Ayyad de Marrakech,

la Faculté Polydisciplinaire de Safi,

le Groupe de Recherches Littérature, Communication et Imaginaire,

le Département de Langue, Littérature et Communication Françaises.

 

Date du Colloque : les 14 et 15 décembre 2016.

Calendrier

La date limite de soumission des propositions : le 1er juin 2016.

La notification des propositions retenues : le 30 juin 2016.

L’envoi des textes pour publication d’actes de colloque : le 30 octobre 2016.

 

Coordonnateur du colloque :

Pr. Abdelaziz AMRAOUI

Comité d’organisation :

Pr. Abdelaziz Amraoui (UCAM, FP Safi), Pr. Rachid Naim (UCAM, FP Safi), Pr. Mounir ElBaskri (UCAM, FP Safi), Pr. Abdelaziz Astar (UCAM, FP Safi), Pr. Mohammed Laouidat (UMI, Meknès, Maroc).

Comité scientifique :

Pr. Abdelaziz Amraoui (UCAM, FP Safi), Pr. Rachid Naim (UCAM, FP Safi), Pr. Mounir ElBaskri (UCAM, FP Safi), Pr. Youssef Abouali (CREMEF, Casablanca), Pr. Humberto Luiz Lima de Oliveira (Universidade Estadual de Feira de Santana -UEFS-, Brésil), Pr. Christian Mbarga, (PhD, St. Thomas University, Canada), Pr. Astar Abdelaziz (UCAM, FP Safi),, Pr. Mvogo Faustin (Professeur des universités, Yaoundé 1, Cameroun), Marie-Rose Abomo-Maurin (Yaoundé 1, Cameroun), Pr. Mohammed Laouidat (UMI, Meknès, Maroc), Pr. Abderrahmane Gharioua (UQ, EDHH, Rabat), Dalila Belkacem (Université d’Oran, Algérie), Georges A. Bertrand (Docteur ès Lettres & Civilisations et rattaché à l'Académie de Limoges).

 

                                          

Appel à proposition pour le colloque international « Littérature et réalité : Regards croisés. »

Argumentaire

La littérature, comme art dont la chair est faite de mots, ne peut se départir des problématiques relatives à la langue. Elle met en évidence, avec acuité, le rapport que nous entretenons avec les mondes intérieur et extérieur. Dans ce sens, Littérature et Réalité[1] de Roland Barthes, Leo Bersani, Philippe Hamon, Michael Riffaterre, Ian Watt, a été et reste une référence phare dans le monde de la critique littéraire. Nombreuses suggestions ont été proposées afin de contourner ce rapport originel entre la littérature et la réalité. D’ailleurs Auerbach[2], en pur érudit, dans sa Mimesis, a conclu à la non-possibilité d’éluder la réalité et sa représentation dans la forme narrative de l’Antiquité à nos jours. Il paraît difficile de raconter sans qu’on ne recoure à la mémoire et donc au monde qui l’entoure, à telle enseigne que, pour certains, l’une ne peut se concevoir sans l’autre dans un rapport dialectique, tel que le déclare Gao Xingjian : «La vie est la source de la littérature et la littérature doit être fidèle à la vie. »[3]. Ceci dit, les exemples d’identification ne manquent pas. Ils peuvent même occasionner des drames comme l’ont magistralement démontré Don Quichotte de Cervantès et Madame Bovary de Flaubert. La littérature semble, peu à peu, redéfinir ses assises et redessiner ses contours. La fiction se « réalise » tout en gardant en filigrane le rapport, aussi ancien que l’humanité, qu’elle a toujours eu avec le monde vivant.

De nos jours, la réalité envahit le récit à tel point que, parfois, distinguer fiction et réalité devient une tâche assez difficile : le littéraire vire vers le documentaire, le document… et forcément vers  la réalité. Pourtant, la littérature, il faut le reconnaître, est le domaine par excellence de l’imaginaire. Celui-ci ne se restreint plus à cette construction d’un monde qui n’existe pas et / ou qui feint de reproduire la réalité. Il va chercher ses fondements dans ce qui fait le buzz, l’actualité, et l’habiller, en conséquence, avec les dessous de la réalité. Jacinto Lageira[4] appelle cet état de chose « déréalisation du monde » dans un essai qui porte la même expression mais dont le sous-titre est plus explicite : « Réalité et fiction en conflit ».

D’un autre point de vue, la littérature a toujours concurrencé l’Histoire. Les deux racontent des histoires. La seconde voudrait atteindre un idéal d’objectivité et de vérité, la première assume sa subjectivité et ne contient pas moins des vérités. Les deux traquent la réalité dans le temps, fût-ce personnel, dans le sens autobiographique ou autofictionnel, mais avec des approches différentes. Le pacte de sincérité qui régit généralement ce genre mi-fiction, mi-réalité, ni fiction, ni réalité, laisse progressivement la place à une dimension fluctuante car justement, c’est de cela qu’il s’agit dans notre littérature contemporaine : le lot de représentations que la littérature se fait de notre existence est d’une facture telle que les pistes se trouvent complètement brouillées entre ce qui relève de la réalité et ce qui se définit comme fiction. Les frontières sont tellement ténues qu’on en est arrivé à passer - nul ne sait par quelle coïncidence ni par quel subterfuge – de l’autobiographie à l’autofiction ! Ce mot-valise forgé d’abord par Serge Dobrovsky[5] connut des lendemains heureux sous la plume d’autres auteurs non moins illustres (notamment le véhément A. Robbe-Grillet dans Le miroir qui revient[6]). Il finit par s’affirmer comme substitut de l’ancienne « autobiographie » dans une logique de dépassement. En effet, il fut le plus souvent pris comme synthèse de « autobiographie » et de « fiction » pour se faire consacrer, en fin de compte, comme : «un détournement fictif de l'autobiographie »[7] 

En fait, le principe même de la fiction est la non-fiction, dans le sens d’effet du réel, tel que précisé par Barthes, relation des plus oxymoriques ! Aussi, les sciences humaines trouveront-elles facilement dans la littérature un terrain d’études et réflexions. Le « tout-fiction » est derrière nous ; nous sommes dans l’ère du « direct », de la « réalité crue », « de la réalité en l’état », et les médias ne font que nous mener en cette direction. La littérature entre dans l’ère de la logosphère, de l’immanent et devient de surcroît urgence. Le XIXème siècle avait déjà nommé ce phénomène « réalisme ». Mais quelle écriture ne le ferait pas ? Robbe-Grillet dira à ce propos : « Le réalisme est l’idéologie que chacun brandit contre son voisin, la qualité que chacun estime posséder pour soi seul.»[8] Puisant sa force dans la véridicité et la réalité, cette écriture s’impose comme une référentialité fidèle du réel. Dans ce sens Michael Riffaterre écrit : « s’il y a référence externe, ce n’est pas au réel – loin de là. Il n’y a de référence externe qu’à d’autres textes »[9] .

En fait, la référentialité est un principe intrinsèque à la langue, celle-là même qui donne corps au texte littéraire. Or, en littérature c’est le mode de référenciation qui demande à être distingué pour garder l’immanence du texte.

Le rapport entre la littérature et la réalité semble donc fertile et ce colloque international voudrait apporter des réponses aux questions qu’il soulève.

 

Organisé les 14 et 15 décembre 2016, le colloque attend vos propositions dans les axes suivants, donnés à titre indicatif et non exhaustif :

- Représentation(s) de la réalité en littérature.

- Histoire et roman.

- Médias et roman.

- Frontières du récit ; frontières de l’Histoire.

- Romanciers et interdisciplinarité.

- Littérature et politique.

- Littérature et sciences sociales (éducation, éthique...).

- L’autofiction

- …

Vous pouvez adresser vos propositions de communications jusqu’au 1er juin 2016 aux professeurs Abdelaziz Amraoui (a.amraoui@uca.ac.ma), Rachid Naim (rachid.naim@gmail.com) pour les textes en français. Pour les propositions écrites en arabe, veuillez les envoyer au professeur Mounir ElBaskri (elbaskrimounir@yahoo.fr).

Les exposés, pendant le colloque, se feront sous la forme d’interventions orales de 20 à 25 minutes.

Les propositions de communications doivent nous parvenir sous la forme suivante : un texte accompagné d’une courte biobibliographie.

 

Fiche d'inscription:

Nom/ Prénom

Ancrage institutionnel

Adresse, tél., courriel

Titre de la communication

Aire thématique

Résumé en une page

Les frais d’inscription pour la participation au colloque sont de 700 dh (70euros) pour les enseignants-chercheurs et 500 dh (50euros) pour les doctorants.

 

 

[1] Paris, Seuil, Collection Points/essais, 1982.

[2] Paris, Gallimard, 1969.

[3] La Montagne de l'âme, Paris, L’Aube, 1999.

[4] Paris, Actes Sud, Collection Rayon Ar,t 2010. 

[5] Fils, Paris, Galilée, 1977.

[6] Paris, Minuit, 1984.

[7] Laurent Jenny, L'autofiction, Genève, Ambroise Barras, 2003.

[8] Pour un nouveau roman, Paris, Minuit, 1961.

[9] Riffatterre, op.cit.