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Colloque international transdisciplinaire : Croyance — Vérité — Mensonge 

Colloque international transdisciplinaire : Croyance — Vérité — Mensonge

Publié le par Amandine Mussou (Source : Pierre-Frédéric Weber)

Colloque international transdisciplinaire : Croyance — Vérité — Mensonge

Deuxième colloque du cycle "Autour des cultures de la France d'aujourd'hui" (le premier a eu lieu en octobre 2010)

 

Les concepts de base

Se pourrait-il qu’on recommence à croire aux mythes ? Supprimerait-t-on donc la frontière entre le vrai et le faux ? Le diagnostique de Chantal Delsol articule clairement un déplacement dans le mode de pensée. Si les sciences humaines ont visé durant des siècles la vérité, elles font de nos jours émerger souvent les références grecques, telles - l’utilité et le plaisir (Roland Barthes) ou encore le bonheur (Michel Foucault, Pierre Hadot). Et pourtant, à commencer par le paradoxe du monteur, il est clair que le lien entre le vrai et le faux ne se fonde pas seulement sur le principe d’opposition. Chaque recherche désordonnée de la vérité se veut déjà fausse et illusoire bien que dans un courant traditionnel de réflexion (Aristote et Augustin), le mensonge est dû à l’intentionnalité. Il faudrait donc déchiffrer quelques mécanismes du mensonge, malgré cette fameuse affirmation de Sénèque selon laquelle Errare humanum est (L’erreur est humaine). Toutefois, conformément à Chantal Delsol, l’axiologie de la pensée européenne étant vouée à la défense de la vérité, rien d’étonnant si, en opposition à elle, a resurgi une sorte d’« histoire de mensonge » ou bien une « théorie de mensonge », dont les auteurs principaux étaient Aristote, saint Augustin, J.-J. Rousseau, E. Kant, mais aussi des penseurs contemporains, tels J. Derrida (Histoire du mensonge. Prolégomènes) et U. Eco (Tra menzogna e ironia).

Identifier la vérité et le mensonge à une structure d’énoncé ou à une erreur ? Situer le mensonge du côté du wittgensteinien jeu du langage ? S’agit-il d’élargir la perspective au problème de fiction et de représentation ? Et René Girard de stimuler le rapport entre la « vérité romanesque » et le « mensonge romantique ». Si l’actualité politico-médiatique relève ce mélange de convictions, de croyances, d’opinions, d’erreurs et de ce qui est vrai et irréfutable, la tension est encore plus claire dans un texte littéraire classique.

Nous proposons d’envisager la problématique de la vérité et du mensonge dans la perspective d’un troisième terme, celui de croyance en tant que réponse du sujet de connaissance  à  la complexité du réel. Dans la philosophie classique, une dualité basique concerne le terme de croyance, hupolepsis : tout d’abord, il est employé par Aristote pour désigner « la plus basse des fonctions de la raison » (P. Siwek) ; hupolèpsis peut être vrai ou faux, contrairement à la science (qui ne peut être que vraie). Dans un sens plus large cependant, il embrasse la science, la sagacité et l’opinion « en tant que trois espèces distinctes » (P. Siwek). Il en est de même de celui d’opinion doxa (Aristote, De anima, 427 b 20) : il peut prendre le sens large ou le sens restreint. D’ailleurs, selon Paweł Siwek, traducteur et interprétateur d’Aristote, les deux sont interchangeables dans certains contextes.

Le moment actuel

Malgré leur impact profond sur l’ensemble des sciences humaines, ni l’introduction du terme d’autofiction, ni la/les variation(s) postmoderne(s) sur l’historiographie et la littérature n’ont fini par rendre irrémédiablement obsolète la question de la référence dans les arts et d’autres productions du langage. La valeur de vérité des énoncés passe pour négociable ; néanmoins, l’intensité même de ces négociations semble témoigner au moins de la nostalgie pour la distinction intuitive limpide entre le vrai et le faux. Mises et remises en question, confondues, contaminées, voire annulées, les notions de “vérité” et de “ce qui en dévie” restent toujours opérantes, ne fût-ce que dans le parler sans prétention scientifique, régi par le bon sens de tous les jours.

Il y a plus, car – et c’est ici le point du départ de la réflexion que nous voudrions initier – l’époque actuelle semble revivre d’une façon particulièrement ardue l’opposition entre les actes de langage à valeur documentaire et la fiction. Cette tension se laisse noter sur plusieurs niveaux de la culture actuelle, à commencer par ses manifestations populaires : la tendance à une certaine pédanterie érudite (dont témoignent récemment, par exemple, les discussions autour du fondement historique de certains éléments de l’univers représenté dans Da Vinci Code de Ian Brown, mais aussi dans Le cimetière de Prague d’Umberto Eco ou encore l’engouement pour la reconstruction des détails de la vie quotidienne de nos ancêtres dans des séries à la mode comme Rome ou Tudors) s’opposent à la tendance valorisant le merveilleux et l’escapisme le plus effréné (sensible dans les jeux des Playstation, jusqu’aux succès de librairie comme Harry Potter ou Crépuscule, les Mangas et Animes). Au niveau du métalangage de l’analyse littéraire, les propositions théoriques insistant sur la relation entre l’art el la réalité sociale (les lectures féministes, postcoloniales, queer studies, etc.) se développent parallèlement aux approches plus formalistes. Enfin, la valeur de vérité reste un critère institutionnel de la distinction des genres (dans des festivals de film et des prix littéraires on continue dans la plupart des cas à classer dans des catégories distinctes les oeuvres “document” et “fiction”).

Perspectives de recherches

Le colloque « Vérité — croyance — mensonge » ouvre donc différentes pistes de réflexion et pose entre autres les questions suivantes :

Comment définir la part de vérité dans la littérature, la peinture, l’art cinématographique, la photographie et les médias numériques ? S’agit-il d’un faisceau des traits structurels, de l’intention ou de la pratique de lecture ? Dans la perspective diachronique, on peut s’interroger sur la préhistoire des genres journalistiques tels que le reportage ou l’interview (y a-t-il des reportages avant la lettre dans les chroniques, mémoires, recueils d’anecdotes et historiettes, romans d’autrefois ?) ; comment souligne-t-on la véracité des assertions des personnages réels dans des romans à clé, par exemple) ? Dans quelle mesure le document cède-t-il aux besoins de la narration ?

Comment un mythe, un récit et une fable falsifient-ils la réalité ou comment transmettent-ils la vérité sur les relations sociales primitives ? Quels ont été et quels sont de nos jours les enjeux juridiques du référentiel dans la littérature (les procès pour diffamation intentés aux écrivains, les démentis de presse, etc.) ?

Dans la linguistique, la réflexion peut porter sur la série des problèmes liés à la fonction référentielle des énoncés des textes ainsi qu’à la structure grammaticale, lexicale, phraséologique propres aux genres, journalistiques d’un côté et fictif de l’autre.

Finalement, dans le champ de la didactique des langues, on se penchera sur l’appropriation scolaire des documents et des récits fictifs. Quelles sont les ressources didactiques spécifiques à chacun de ces deux groupes ? Quel doit être le maniement spécifique des deux types de textes par l’enseignant ?

Une autre question est de savoir : comment hiérarchiser et, du moins, interpréter l’erreur dans le processus d’apprentissage ?

On admettra que les interprétations diverses de la catégorie de vérité et de mensonge embrassent différentes disciplines des sciences humaines qui dépassent la psychologie, la philosophie et les lettres. Le sujet s’adresse donc également aux historiens d’art, aux théologiens, aux sociologues et pédagogues, car la catégorie de faux et de vrai, d’imaginaire et de réel, se laisse désigner et hiérarchiser autrement selon les différents cercles culturels.

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Les propositions de communication sont à envoyer avant le 1er septembre 2012 à l’adresse électronique suivante : szczecin.rencontres@interia.pl. Elles comprendront : un résumé d’environ 400 mots, précisant le thème et la problématique ; le nom et le prénom de l’auteur ; l’institution de rattachement ; une adresse électronique. Chaque communication durera 20 minutes suivies d’une discussion. Les contributions seront publiées dans un ouvrage collectif.

Frais de participation  PLN 450,- / EUR 120,- (comprend le transport Szczecin <=> Pobierowo, la restauration et la publication des actes du colloque ; frais de voyage et nuitées à la charge des participants.)

Paiement jusqu'au : 15 septembre 2012

Le paiement devra inclure les données suivantes : prénoms et nom du participant, nom et adresse de l’université / institution d’origine ; le versement est à effectuer sur le compte bancaire suivant :

Destinataire :

NIP 851-02-08-005

Uniwersytet Szczeciński

Al. Papieża Jana Pawła II 22a

70-036 Szczecin

Données bancaires :

ING BANK ŚLASKI S.A.

IBAN : PL 46 1050 1559 1000 0022 8790 4474

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