Guillevic : la poésie à la lumière du quotidien
University College Dublin
21 et 22 septembre
L'art de faire de Guillevic est sans conteste un art du quotidien, bien plus soucieux d'adhérer à l'ordinaire des jours que de magnifier l'insolite ou l'exceptionnel. Mais cet art, c'est aussi, pour reprendre le mot de Michel de Certeau, l'invention du quotidien, dans la mesure où le poème demeure invitation à « faire de chaque jour / la naissance du monde » (Présent) et à frôler, au cours des actes les plus quotidiens, « le risque de la joie totale » (Vivre en poésie). Nul cri d'exaltation, nul chant chez Guillevic qui n'émanent de sa « façon / De vivre tous les jours // Avec les choses, / Avec lui-même » (Inclus). De Certeau évoque des ruses millénaires, des « trouvailles jubilatoires, poétiques autant que guerrières » par lesquelles l'homme ordinaire subvertit chaque jour l'ordre et l'emploi des objets que lui impose la sociéte de consommation. De son côté, Guillevic élabore une pratique mue par le désir de « vivre comme si // On n'était pas fabriqué, / Façonné par une société // Dont l'usage / A faussé notre nature » (Vivre en profondeur) — désir de désinstrumentalisation et de révolte que résume le noyau verbal ardemment remâché « propre à rien » (Creusement). Aux mots proférés quotidiennement « à contre-étendard » s'ajoutent d'autres ruses, d'autres tactiques communes qui s'avèrent aussi familières qu'immémoriales, qu'elles remontent par la main du menuisier ou s'incarnent dans la verticalité des menhirs. Par le poème, ses replis et ses attaques, ses caresses et ses crispations, sa véhemence et ses silences, ses racines et ses antennes, l'aire du quotidien s'éclaire, revêt plasticité et profondeur, accueille l'apothéose.
À l'occasion du centenaire de la naissance de Guillevic qui coïncide avec le dixième anniversaire de sa mort, ce colloque propose d'examiner l'assise quotidienne de l'oeuvre, que le verbe du poète ne cessera de creuser et de remodeler sur bien des plans — linguistique, hiératique, matériel, temporel, spatial, social. Des premiers « rites », « récits » et « chansons » jusqu'aux Quotidiennes des dernières années, c'est la poésie en tant que pratique et potentiel du quotidien qui fera l'objet de notre interrogation — dimension primordiale de l'oeuvre, mais encore relativement peu étudiée.
Les personnes intéressées sont invitées à soumettre des résumés d'environ 250 mots pour des communications de 25 minutes. Date limite de soumission : 1er juin 2007.
Pour toute question concernant le colloque, merci de s'adresser à :
Dr Michael Brophy
French & Francophone Studies
School of Languages, Literatures & Film
University College Dublin
Belfield
Dublin 4
Irlande
michael.brophy@ucd.ie
Tél. : +353 1 716 8128 Fax : +353 1 716 1175