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Appels à contributions
H.D. et la modernité

H.D. et la modernité

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Clément Oudart)

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Colloque international

« H.D. et la modernité »

École Normale Supérieure, Paris

5-7 décembre 2013

 

Organisé par

l’Université Paris-Diderot (LARCA),

l’Université Paris Ouest Nanterre (CREA),

l’Université Toulouse II-Le Mirail (CAS)

et l’École Normale Supérieure (LILA)

 

Propositions de communication à envoyer avant le 3 juin 2013

Décisions du comité d’organisation transmises avant le 30 juin 2013

 

Conférences plénières : Antoine CAZÉ (Université Paris-Diderot), Susan McCABE (University of Southern California), Cristanne MILLER (SUNY Buffalo/Chaire Tocqueville-Fulbright 2013-2014 à l’Université Paris-Diderot)

 

Appel à communications

 

En 1912, sous l’impulsion d’Ezra Pound, Hilda Doolittle devient « H.D. Imagiste », et son nom, l’éternelle pierre de touche d’un des mouvements fondateurs du premier modernisme. Pourtant, Hilda Doolittle est, dans la durée, l’auteur d’une œuvre riche et diversifiée (poésie, essais, fiction, traduction, écrits autobiographiques), qui traverse un demi-siècle chaotique, de son entrée sur la scène littéraire dans les pages de la revue Poetry en janvier 1913 à sa mort en 1961.

Comment cerner les rapports ambivalents qui s’établissent entre la fascination qu’entretient H.D. pour les cultures antiques et sa confrontation quotidienne avec une modernité déroutante, quand elle n’est pas radicalement déstabilisante ? Dans The H.D. Book, Robert Duncan écrit : « They were—Pound or H.D. or Joyce—most modern in their appropriation of the past » (229). De fait, à l’instar d’autres figures du modernisme anglo-américain (Ezra Pound, James Joyce, Wyndham Lewis, T.S. Eliot), H.D., par une œuvre en tension entre primitivisme et expérimentation esthétique, pose la question radicale de la modernité du modernisme.

Dans La Pénultième est morte, Jean-Michel Rabaté souligne que les modernistes anglo-saxons traitent le primitif avec une attention inégalée par les Européens : « la modernité du modernisme historique tiendrait avant tout au sérieux avec lequel ses principaux acteurs ont considéré l’archaïque ou la tradition (…). Leur “modernité” reste donc prise dans les dialectiques de l’avant-garde, avec son cortège de tentations culturalistes, pédagogiques et exhibitionnistes, faute d’avoir trouvé le moyen de penser l’archaïque » (199-200). À l’écart des stratégies avant-gardistes de la « poésie patriarcale » (Gertrude Stein), H.D. se serait précisément donné pour tâche de « penser l’archaïque » à nouveaux frais.

Cette définition de la modernité est également au centre du commentaire que fait Walter Benjamin de la modernité baudelairienne : « C’est elle qui, avec le spleen, fait voler en éclats l’idéal (…). Mais la modernité précisément cite toujours la préhistoire » (Paris, capitale du XIXe siècle. Le Livre des Passages, « Exposé de 1935 », 43). Il y revient dans son « Exposé de 1939 » : « le critère de la modernité lui semble être ceci, qu’elle est marquée au coin de la fatalité d’être un jour l’antiquité et qu’elle le révèle à celui qui est le témoin de sa naissance. (…) Le visage de la modernité elle-même nous foudroie d’un regard immémorial. Tel le regard de la Méduse pour les Grecs » (56).

Helléniste accomplie, traductrice d’Euripide, passionnée de religion et de mythologie, H.D. situe l’ensemble de son œuvre sous l’égide d’Hermès, le dieu messager cryptique. De « Hermes of the Ways » (1913) à Hermetic Definition et à Helen in Egypt (1961), H.D. compose des textes complexes où la modernité se donne à comprendre entre les lignes (entre les signes) de l’atavisme archaïque, livrant une nouvelle lecture du monde, à la fois révélatoire et médusante.

Nous invitons des propositions de communication en relation avec cette problématique portant sur l’ensemble de l’œuvre de H.D. Des articulations possibles seraient les suivantes :

 

  • filiation et influence(s) littéraires
  • modernisme et écriture féminine
  • imagisme et matérialité du langage
  • archaïsme et innovation
  • lyrisme et modernité
  • enjeux (auto)biographiques
  • écrire et réécrire l’histoire
  • archéologie poétique et révélation
  • écriture poétique et lecture du monde

Les propositions de communication, en français ou en anglais, de 300 mots environ sont à envoyer conjointement à tous les membres du comité d’organisation pour le 3 juin 2013.

École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, Paris, France.

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INTERNATIONAL CONFERENCE

“H.D. AND MODERNITY”

Paris, France

5-7 December 2013

 

Organized by

Université Paris-Diderot,

Université Paris Ouest Nanterre,

Université Toulouse II-Le Mirail

& École Normale Supérieure

 

Deadline for paper proposals: 3 June 2013

Notifications from the committee: by 30 June 2013

 

Plenary speakers: Professor Antoine CAZÉ (Université Paris-Diderot), Professor Susan McCABE (University of Southern California), Professor Cristanne MILLER (SUNY Buffalo/ Tocqueville-Fulbright Chair 2013-2014 at Université Paris-Diderot)

 

Call for papers

 

In 1912, at Ezra Pound’s instigation, Hilda Doolittle became “H.D. Imagiste,” her name forever tied to one of the crucial, albeit short-lived aesthetic movements adumbrating High Modernism. Yet H.D. subsequently produced a rich and varied body of work comprising poetry, essays, translations, fiction and autobiographical writings, spanning an exceptionally chaotic half-century, from her first poems published in the January 1913 issue of Poetry until her death in 1961.

How should one appraise the ambivalence lying in H.D.’s fascination for ancient cultures and her daily struggle with a baffling, at times even deeply unsettling modernity? In The H.D. Book, Robert Duncan writes: “They were—Pound or H.D. or Joyce—most modern in their appropriation of the past” (229). Actually, in similar fashion as several other figures of Anglo-American modernism (like Ezra Pound, James Joyce, Wyndham Lewis, T.S. Eliot), through works drawing on primitivism as well as aesthetic experimentation, H.D. raises the fundamental question of the modernity of modernism.

In La Pénultième est morte, Jean-Michel Rabaté contends that the high modernists are concerned with primitivism in ways unequaled by the European avant-gardes: “the modernity of high modernism lies above all in its main proponents’ heightened awareness of the primitive nature of ritual (…). Their ‘modernity’ remains caught in the dialectics of the avant-garde, with its load of culturalist, pedagogical and exhibitionistic impulses attempting to make up for its failure to think the archaic” (199-200). It seems striking that, while wary about the avant-garde strategies of “Patriarchal Poetry” (Gertrude Stein), H.D.’s lifelong project might precisely have consisted in taking up this challenge of rethinking the archaic.

This feature is also key to Walter Benjamin’s definition of Baudelairean modernity: “As spleen, it fractures the ideal (…). But precisely, modernity is also citing primal history” (The Arcades Project, “Exposé of 1935,” 10). Benjamin returns to this key notion in his “Exposé of 1939”: “for him the proof of modernity seems to be this: it is marked with the fatality of being one day antiquity, and it reveals this to whoever witnesses its birth. (…) The face of modernity itself blasts us with its immemorial gaze. Such was the gaze of Medusa for the Greeks” (22-23).

A gifted classicist and translator of Euripides with a passion for religions and mythologies, H.D. places her whole literary production under the sign of Hermes, the cryptic god messenger. From “Hermes of the Ways” (1913) to Hermetic Definition and Helen in Egypt (1961), H.D. produces a whole range of complex writings, where modernity emerges between the lines (between the signs) of her atavistic archaism, thereby offering a new hermeneutics, both revelatory and mesmerizing.

 

We are inviting paper proposals focusing on this broad question in any of H.D.’s works. Potential angles of analysis could be among the following:

 

  • filiations and literary influence(s)
  • modernism and women’s writing
  • imagism and the materiality of language
  • archaism and innovation
  • lyricism and modernity
  • (auto)biographical writings
  • (re)writing history
  • poetic archeology and revelation
  • poetry and hermeneutics

 

Written in French or in English, 300-word proposals should be sent to all members of the organizing committee by 3 June 2013.

 

 

Conference venue: École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, Paris, France.

 

  • Responsable :
    Hélène Aji, Antoine Cazé, Agnès Derail, Clément Oudart
  • Adresse :
    Ecole Normale Supérieure, Paris