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Bernard Binlin Dadié, cent ans de vie littéraire et politique : quel héritage ?

Bernard Binlin Dadié, cent ans de vie littéraire et politique : quel héritage ?

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Jean-Fernand Bédia)

Colloque international

« Bernard Binlin Dadié, cent ans de vie littéraire et politique : quel héritage ? »

 

Du mardi 5 au mercredi 9 mai 2015 à

l’Université Alassane Ouattara de Bouaké.

 

 

Argumentaire

 

Tout homme est une histoire à méditer, encore plus celle de Bernard Binlin Dadié qui paraît bien exceptionnelle. Bernard Dadié, l’écrivain, l’homme politique s’achemine allègrement vers le centième anniversaire de sa naissance. Né en 1916, d’après les services de l’état-civil de la colonie de Côte d’Ivoire, Bernard Binlin Dadié peut être considéré, à raison, parmi ses contemporains, comme un tigre blanc centenaire. « Le Vieux a eu l’âge du siècle où il est né, comme il a, aujourd’hui, celui du XXIe siècle qui vient de naître », écrit à son sujet Nicole Vincileoni[1]. Pour la mémoire du siècle écoulé et de celui à peine commencé, il n’y a pas de dépositaire plus vénérable que cet homme passionné de l’écriture engagée, à la lecture de la dernière hagiographie que lui consacre Marcel Amondji.

Dans une récente contribution largement diffusée par les quotidiens[2] et les médias en ligne[3], cet historien et politologue ivoirien résume l’envergure de son compatriote en ces termes : « Lui, lorsqu’il s’agit de le découvrir, c’est encore une autre planète évoluant sur une autre orbite dans une toute autre galaxie qu’il faut explorer »[4]. L’ancien professeur de littérature comparée des universités canadienne et américaine qui, au fil des années, s’est fait une solide réputation d’homme de lettres et de culture, ne laisse personne indifférent, selon Marcel Amondji. Les raisons de ce propos à la fois juste et élogieux apparaissent dans l’extrait suivant :

La culture ivoirienne et le monde littéraire planétaire doivent à Bernard Dadié une littérature abondante, dense et riche par sa spécificité, genres ou traits d’écriture. Du roman à la poésie, en passant par la nouvelle ou le conte autobiographique ou général, il n’est nul genre ou domaine dans lequel il ne s’essaya point. Et c’est à raison que ses œuvres sont étudiées dans des universités, en Afrique, en Europe, en Asie et en Amérique, où elles sont abondamment exploitées dans l’art dramaturgique et le théâtre. Légendaire, Bernard Dadié est le tout premier auteur ivoirien Grand prix littéraire d’Afrique Noire.[5]

 

Voilà en quelques mots le portrait de l’homme que Marcel Amondji invite à retenir. Le prestige de l’écrivain à l’échelle internationale n’est donc plus à démontrer. Aujourd’hui, sa candidature au prochain prix Nobel de Littérature est portée et soutenue par le gouvernement ivoirien, à travers son ministère de la Culture et de la Francophonie.

Face aux vaines polémiques de certains internautes[6] qui tentent de remettre en question la notoriété de celui que Robert Cornevin désigne sous le qualificatif de « Seigneur des Lettres ivoiriennes »[7], les mots de ses proches, en l’occurrence sa fille, résonnent comme une mise au point fort utile :

Connaissez-vous mon père ? Aviez-vous conscience des mots pour lesquels il s’est battu et se bat aujourd’hui encore ! Ces mots sont liberté, dignité, souveraineté, est-ce à dire une indépendance réelle et non fictive. Tel a toujours été son leitmotiv. Notre dignité enchaînée par les frères d’ailleurs et de nombreux Africains qui refusent de comprendre ce que signifie la véritable dignité d’un peuple, d’une nation : sacrilège. Le rêve d’une Afrique débarrassée des chaînes d’un esclavage masqué et de la soumission : voici le but de son combat. Devrait-on soutenir avec force et conviction un combat qui n’est pas à notre image ?[8]

 

Dans cette démarche engagée pour la sauvegarde et pour la préservation de l’image de Bernard Dadié, tant par les siens, les intellectuels et les politiques, une question lancinante se pose : quel héritage cet écrivain hors pair à la croisée de deux siècles, le XXe et le XXIe siècle, laisse à ses compatriotes, aux Africains et à l’humanité toute entière ?

C’est pour explorer cette problématique que le département de Lettres modernes de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, en collaboration avec la Chaire Unesco pour la Culture de la Paix de l’Université Félix Houphouet-Boigny de Cocody, et le CELFA (Centre d’Etudes Linguistiques et Littéraires Francophones et Africaines) de l’Université Bordeaux Montaigne, organise un colloque international du 5 au 9 Mai 2015. Il s’agit d’interroger, sans complexe, la personnalité, l’œuvre littéraire et politique de ce maali sinzavo[9], véritable patrimoine mondial.

 

Proposition d’axes non exhaustifs

 

  • Un homme ordinaire
  • La généalogie de Bernard Dadié
  • Son œuvre littéraire
  • Ses textes inédits, ses manuscrits
  • Son engagement politique
  • L’orateur, le conteur
  • L’homme vu par les politiques, les médias, les artistes (photographes, peintres, etc.), les historiens, la critique littéraire, par les philosophes, les sociologues, la chefferie traditionnelle, les jeunes, le web,
  • Sa présence dans les programmes et les manuels scolaires

 

Les propositions de communication doivent être envoyées au plus tard le 15 février 2015 à l’une des adresses suivantes :

 

 

[1] Nicole Vincileoni, « Introduction à Cailloux blancs », in Cailloux blancs. Chroniques de Bernard Dadié, Abidjan, CEDA/NEI, 2004, p. 7.

[2]Le Nouveau Courrier, n° 1094 du 21 Août 2014, pp. 8-9 ; Révélation, n° 166 du jeudi 21 Août 2014, p. 4.

[3]A. Christine Binlin-Dadié, « Bernard B-Dadié, histoire d’un combat pour la dignité africaine », in Connection ivoiriennehttp://www.connectionivoirienne.net/102188/bernard-b-dadie-histoire-dun-combat-dignite-africaine, mise en ligne par la rédaction le vendredi 15 Août 2014, consulté le 20 Août 2014.

[4]Marcel Amondji, « Les Dadié en Côte d’Ivoire, de Gabriel à Bernard… histoire d’une fidélité », in Le Nouveau Courrier, op.cit., p. 8.

[5] Marcel Amondji, ibid.

[6] http://www.connectionivoirienne.net/102107/les-dadie-en-cote-divoire-gabriel-bernard-histoire-dune-fidelite-14-marcel-amondji

[7] Robert Cornevin, « Bernard Dadié, seigneur des lettres ivoiriennes », in revue Culture française, n°19, vol. 3, 1986.

[8] A. Christine Binlin-Dadié, « Bernard B-Dadié, histoire d’un combat pour la dignité africaine », in Connection ivoiriennehttp://www.connectionivoirienne.net/102188/bernard-b-dadie-histoire-dun-combat-dignite-africaine, op. cit.

[9]Terme nziman (langue du sud de la Côte d’Ivoire), qui signifie « gardien de peuple ».