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Colloque Fictionalité et Economie (XIXe-XXe)

Colloque Fictionalité et Economie (XIXe-XXe)

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Loncle Stéphanie et Poirson Martial)

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Fictionalité et économie et dans la France moderne etcontemporaine (xixe – xxie siècles).

Colloqueinternational interdisciplinaire

Université Paris X – Nanterre

Jeudi 14 et vendredi 15 mai 2009

Organisateurs : Stéphanie Loncle et Martial Poirson

Dans le sillage des récents travaux menés surla question de la représentation de l'argent et de l'économie dans les fictionslittéraires et théâtrales aux xviieet xviiie siècles[1],nous proposons de poursuivre ces investigations sur les xixe et xxesiècles, encore relativement peu explorés. Laissant volontairement de côtémonographies et approches thématiques, on cherchera surtout à mettre enévidence les procédures et expérimentations de type économique littéralement àl'oeuvre dans les textes littéraires, afin d'isoler des schèmes communs defonctionnement et peut-être, des régimes de fictionnalité comparables.

La multiplication des supports et des formesde la fiction dans cette période (livres, journaux, spectacle vivant, cinéma,télévision, multimédia …) nous a conduits à ne pas préjuger d'un moded'expression particulier (même si la littérature est susceptible d'êtreparticulièrement bien représentée compte tenu de son rapport très privilégié àla fiction). En outre, la question de la fiction nous semble au coeur duproblème posé par la relation entre l'art et l'économie sur cette périodehistorique. En effet, au cours des xixeet xxesiècles, dans le cadre de l'émergence progressive et problématique des sciencessociales, l'économie, comme discipline productrice de savoirs à prétentionhégémonique, s'affirme de façon polémique comme une science du réel, unereprésentation théorique capable de rendre compte et du fonctionnement du réelet même de l'anticiper, basculant insensiblement du descriptif au prescriptifet du prescriptif au normatif. Ce faisant, elle devient donc un outil légitimepour gouverner. Pendant la même période, le critère de distinction entre lelittéraire et le journalistique, entre le cinéma et le documentaire, ou encoreentre le théâtre et la conférence, bref entre ce qui relève de l'art et ce quin'en relève pas apparaît comme le critère qui sépare la vérité de la fiction.

Comment interpréter ce double mouvement quiconduit à une forme de partage du domaine des représentations et donc du travailintellectuel, entre d'un côté l'économie, ou plus largement les sciencessociales et de l'autre, la littérature ou plus largement, les arts du récit :représentations revendiquant un caractère scientifique et une certaine formed'utilité sociale pour les uns, représentations fictionnelles n'ayant d'autrefinalité qu'elles-mêmes pour les autres. On serait tenté de suggérer que cepartage entre science et fiction correspond aussi peu à peu à un partage desusages qui s'impose non sans conflit au cours de la période : l'économieserait par exemple destinée à alimenter le débat public, politique, tandis quela fiction serait destinée à aborder ce qui est de l'ordre de la sphère privée.Il faudra interroger cette hypothèse, qui, en particulier, devient problématiquedans le cadre des représentations éminemment publiques du spectacle vivant,quand bien même ces spectacles reposent sur des fictions de l'intime, commedans une grande partie du drame moderne et contemporain.

Par ailleurs, quelles sont les conséquencesd'une telle distinction dans la constitution de chacun des domaines del'économie et de l'art de la fiction ? Et quelles sont les conséquences decette distinction dans les relations qui s'établissent entre ces deuxdomaines ? Leur constitution sur cette distinction présuppose-t-elle leurspoints de rencontre possible : par exemple, exclue-t-elle un dialoguethéorique entre les disciplines ? Autorise-t-elle uniquement lareprésentation de l'économie dans la fiction ou l'étude de l'économie de laproduction de fictions ? Dans quelle mesure et à quelle occasion y a-t-ilcontamination de l'un par l'autre ? Et qu'advient-il quand la littératurese veut une représentation du réel, y compris dans sa dimension économique,plus productrice de savoir que la discipline économique ? Inversement,qu'advient-il quand l'économie se dote de fables et des métaphores et serevendique comme productrice de fictions efficaces pour rendre compte desphénomènes a priori réservés à la littérature ?

Les communications pourront porter par exemplesur :

- Les liens entre fiction et vérité au seindes romans du xixe et xxe siècles

- La construction du savoir économique parla fiction

- La fiction au regard de la scienceéconomique dans le débat public ou le débat politique

- Les fictions économiques et le théâtreaux xixe et xxe siècles

- Le déterminisme économique dans lesfictions romanesques, théâtrales et cinématographiques

- L'exhibition des conditions de productionéconomique dans les oeuvres de fictions

- Mais aussi l'absence délibérée etrevendiquée de référent économique dans la construction de la fiction

- Etc.

Lecolloque sera ainsi l'occasion de croiser les approches suivantes du domaineart et économie :

- L'usage de l'économie dans lesreprésentations fictionnelles

- L'effet des conditions de productionéconomiques des oeuvres sur les fictions elles-mêmes (selon par exemple lesapproches de Walter Benjamin dans De la reproductibilité de l'oeuvre d'art àl'heure industrielle, ou de Pierre Macherey dans Pourune théorie de la production littéraire).

Ces questions devraient nous amener, nonseulement à étudier la constitution de champs disciplinaires par la distinctionet l'exclusion, mais aussi à nous interroger sur les productions, les formes etles effets des représentations intellectuelles du réel.

Colloque organisé par Stéphanie Loncle etMartial Poirson.

Prière d'envoyer vos propositions decommunication, d'environ 750 mots, avec un titre, même provisoire, incluant voscoordonnées, votre appartenance institutionnelle, une adresse postale et une adresse électronique avant le 15 janvier 2009 à stephanie.loncle@gmail.com et à martial.poirson@yahoo.fr


[1] Outre la thèse fondatrice de Walter Benjamin sur Charles Baudelaire etles écrits sur la philosophie de l'argent de Georg Simmel, récemment réédités,signalons des travaux récents tels que Martial Poirson (dir.), Art et argentau temps des premiers modernes (XVII-XVIIIesiècles), Oxford, Voltaire Foundation, 2004 :10 ; Martial Poirson,Yves Citton et Christian Biet (dir.), Les Frontières littéraires del'économie (XVI-XXe siècles), Paris, Desjonquères,2008.