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 Colloque étudiant Interstices : la richesse des frontières (Boréal 2014)

Colloque étudiant Interstices : la richesse des frontières (Boréal 2014)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Mathieu Villeneuve)

Appel de communications du colloque étudiant

Interstices : la richesse des frontières

organisé dans le cadre du Congrès Boréal 2014

 

Organisé par :

Mathieu Villeneuve, étudiant à la maîtrise en études littéraires, Université du Québec à Montréal

Paul Kawczak, doctorant en études littéraires, Université du Québec à Chicoutimi

Samuel Archibald, professeur de littérature, Université du Québec à Montréal

 

Date de tombée : 31 janvier 2014

L'idée de frontière implique un double espace : celui des territoires qu'elle sépare, et le lieu de la séparation lui-même. Dans le contexte de la postmodernité, la séparation tend à s'élimer, à « s'élider »1; elle laisse place à un « entre », un interstice habitable, où le mélange est non seulement possible mais reconnu et travaillé. Les plus étranges mutations deviennent possibles, dont l'une des plus impressionnantes demeure le roman Abraham Lincoln, chasseur de vampires. Devant quoi nous trouvons-nous ? Une blague politique ou esthétique ? Ou, plus fondamentalement, devant une transgression générique ? La réponse varie d'un théoricien à l'autre. La question mérite néanmoins d'être posée : la notion de genre littéraire sous-entend un ensemble de codes qui modulent à la fois l'horizon d'attente d'un genre donné ainsi que ses modes de lecture, de telle sorte que tout franchissement des limites instaurées par ces codes contient la possibilité d'une nouvelle « carte » des genres.

Évidemment, les mélanges littéraires ne datent pas d'hier, que l'on pense aux comédies en cinq actes et en alexandrin du dix-septième siècle, au mariage du roman et des mémoires au dix-huitième, à l'avènement du roman d'aventures phagocytant les autres genres de la littérature d'imagination au dix-neuvième, au jeux de la prose et de la poésie au vingtième... Il semble cependant que la modernité, puis la « post-modernité » aient favorisé davantage la transgression des frontières génériques. La liste des oeuvres « multigénériques » est nombreuse et leurs formes multiples : roman policier anticipatif, roman d'énigme dans un monde exotique, roman d'énigme fantastique, etc. Il est désormais acquis qu'un genre est variable, change avec le temps. Pour Tzvetan Todorov, « toute oeuvre modifie l'ensemble des possibles, chaque nouvel exemple change l'espèce2 ». Richard Saint-Gelais va encore plus loin : pour lui, la compréhension du phénomène générique passe nécessairement par l'abandon d'une « conception essentialiste [l'espèce de Todorov] qui aboutirait à une hypostase des genres, en y voyant une matrice ou un ensemble de propriétés plutôt qu'un domaine de pratiques3 ». Dans un tel contexte, quelles sont les nouvelles avenues pour les littératures de l'imaginaire ?

Un des plus importants changements survenus dans l'étude du genre est l'émergence d'un nouveau paradigme de recherche en études littéraires : la paralittérature, « populaire » ou non, est étudiée et enseignée. Des professeurs en font leur spécialisation et des cohortes d'élèves de plus en plus nombreuses reçoivent leur enseignement. Depuis plus d'un an, le bazar de culture pop basé à l'Université du Québec à Montréal, Pop-en-Stock, renouvelle complètement la vision des genres paralittéraires et de leurs dérivés, ainsi que la forme même de l'étude du texte. Qu'on le veuille ou non, la paralittérature est entrée à l'université et elle va y rester.

Au-delà de la géopolitique du genre, une vastitude de frontières s'offre aux jeunes chercheurs qui souhaitent interroger l'espace littéraire : les enjeux génériques dans notre société contemporaine, toujours fin-du-mondiste, fantasmant son autodestruction; les frontières de l'historiographie de la paralittérature; les relations mouvantes entre littératures populaire et savante; les rapports des différentes institutions littéraires à l'émergence de nouvelles frontières, etc. Les propositions peuvent aussi se pencher sur les oeuvres elles-mêmes : frontières temporelles (uchronies, utopies/dystopies, chronolyse, etc.), spatiales (mondes parallèles, exotiques, extraterrestres, etc.) et médiatiques (cinéma, littérature, plateformes web, etc.).

Le colloque étudiant sera organisé dans le cadre du Congrès Boréal – le rassemblement des amateurs et des spécialistes de SFFQ depuis 1981 –, qui aura lieu à Québec les 2, 3 et 4 mai 2014. Veuillez nous faire parvenir une proposition de communication d'environ 250 mots, accompagnée d'un titre et d'une courte notice biobibliographique (avec votre institution d'attache et vos coordonnées), d'ici le 31 janvier 2014, à l'adresse électronique suivante : villeneuve.mathieu.3@courrier.uqam.ca.

* Prenez note que, pour le moment, le colloque ne peut s'engager à rembourser les dépenses des participants.

Pour aller plus loin :

Marc Angenot et Richard Saint-Gelais [dir.], Nouvelles tendances en théorie des genres, Québec, Nuit Blanche, coll. « Séminaires », 1998, 313 p.

Jacques Dubois, Le roman policier ou la modernité, Paris, Armand Collin, coll. « Le texte à l'oeuvre », 2006, 235 p.

Richard Saint-Gelais, L'empire du pseudo: Modernités de la science-fiction, Québec, Éditions Nota Bene, coll. « Littérature(s) », 1999, 399 p.

 

1On peut considérer avec Michel Freitag que l'une des particularités de la postmodernité est de dépasser l'opposition dialectique telle que pratiquée par la modernité. Freitag, Michel, L'oubli de la société. Pour une critique de la postmodernité, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 2002,

2Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points essais », 1970, p. 10.

3Richard Saint-Gelais, L'empire du pseudo: Modernités de la science-fiction, Québec, Nota Bene, coll. « Littérature(s) », 1999, p. 13.