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Éditer et étudier la lettre d’écrivain et la lettre d’artiste au Québec : nouvelles perspectives de la recherche sur l’épistolaire

Éditer et étudier la lettre d’écrivain et la lettre d’artiste au Québec : nouvelles perspectives de la recherche sur l’épistolaire

Publié le par Emilien Sermier (Source : Stéphanie Bernier)

Colloque « Éditer et étudier la lettre d’écrivain et la lettre d’artiste au Québec: nouvelles perspectives de la recherche sur l’épistolaire »

Sherbrooke, octobre 2017

Espace de l’entre-deux, entre la présence et l’absence, l’individu et le social, « entre le littéraire et l’ordinaire », entre l’écriture « codifiée » et l’écriture « spontanée », la lettre dégoûte ou enchante l’écrivain (Grassi, 2005 : 5). Certaines sont brûlées, d’autres, minutieusement conservées; c’est dire l’importance que leur porte leur créateur qui peut les investir à sa guise, tel un laboratoire d’écriture idéal. Compilées dans les archives, elles traduisent de façon unique la dimension sociale du texte littéraire. La plasticité du genre en fait un espace des possibles incomparable pour saisir une pensée critique à l’œuvre, pour cartographier la circulation des idées et suivre la construction d’une image de soi. En somme, la lettre est le lieu de naissance et de constitution d’un « être écrivain » (Diaz, 2002 : 239) et forme le chaînon qui assure le passage entre « l’acte de création individuel et le “corps social” » (Brunet, 2004 : 72).

Au Québec, l’étude de la lettre d’écrivain a connu une période prolifique dans les années 1990 grâce à l’impulsion de groupes de recherche, notamment le Centre universitaire de lecture sociopoétique de l’épistolaire et des correspondances (CULSEC, Université de Montréal) et le Regroupement des chercheurs sur l’usage des écritures intimes du littéraire et du social (RECUEILS, Université du Québec à Trois-Rivières), qui chapeautèrent colloques, publications et projets divers dédiés à l’épistolaire (voir les orientations bibliographiques). Cet engouement a contribué à poser la lettre comme « nouveau lieu d’où sonder le marché des discours et des pratiques, redéfinir les frontières du privé et du public, relire l’histoire culturelle, se poser de nouvelles questions théoriques […] » (Melançon, 1994 : 9).

 

Depuis ce temps, les entreprises pour « donner à lire » les correspondances d’écrivains se sont multipliées. Ces quinze dernières années ont vu naître de nombreuses reconstitutions épistolaires consacrées à différents auteurs marquants de la littérature québécoise. Certains projets rassemblent plusieurs volumes autour d’un même épistolier[1]. Les « ouvriers de correspondance » (Le Guillou, 1983 : 404) derrière ces projets ont rendu visibles et surtout lisibles de grands pans d’archives au terme d’un travail à mi-chemin entre le détective littéraire et l’historien des lettres.

Parallèlement à ces parutions, de nombreux travaux de recherche ont été menés sur les correspondances d’écrivains québécois. Les approches de l’épistolaire se sont diversifiées, la

 

lettre d’écrivain n’étant plus réduite au simple statut de document historique ou d’accompagnement de l’œuvre publiée. Le décloisonnement disciplinaire et les approches plus globales du phénomène culturel ont étendu le corpus, témoignant de l’intérêt de considérer plus globalement la lettre d’artiste. Croisant les courants (histoire des idées, histoire de l’édition, histoire de la presse, sociologie de la littérature et des arts, etc.) et les disciplines (lettres, arts visuels, musique, etc.), ces nouvelles avenues de la recherche ont renouvelé du même coup la façon de penser la lettre.

Les travaux de ces éditeurs de correspondances et de ces chercheurs gagneraient maintenant à être saisis au sein d’une réflexion plus large, de manière à marquer le chemin parcouru et à ouvrir la voie à la recherche de demain. En ce sens, ce colloque a pour objectif de dresser un état des lieux des travaux sur l’épistolaire des quinze dernières années au Québec en tenant compte des deux axes suivants :

Axe 1 : Publier la lettre d’écrivain et la lettre d’artiste.

Le premier axe propose une plongée au cœur de ces projets d’envergure que sont les éditions de correspondance. Pourquoi et comment éditer les correspondances d’écrivains et d’artistes ? Quels sont les enjeux actuels de ces entreprises éditoriales ? Comment donne-t-on à lire certaines correspondances au public d’aujourd’hui et de demain ? Ces questions et d’autres aspects entourant l’édition épistolaire permettront de mesurer la portée globale de ces publications.


Axe 2 : Approches de la lettre d’écrivain et de la lettre d’artiste.

L’hybridité de la lettre d’écrivain a permis à tout un éventail d’approches de se développer et de cohabiter au sein des études de l’épistolaire. Au-delà des études de cas, ce deuxième axe explorera différentes questions découlant d’une interrogation principale : comment aborde-t-on la lettre d’écrivain et d’artiste aujourd’hui ? Plus particulièrement, quelle est la dialectique entre l’écriture épistolaire et l’œuvre (poésie, essai, roman, arts visuels) ? Comment la lettre éclaire-t-elle les trajectoires d’écrivain et d’artiste ? Quelles sont les fonctions dont les auteurs investissent leurs lettres ? Enfin, de manière plus globale, on peut se demander comment l’étude de l’épistolaire contribue à l’histoire de la presse, à l’histoire de l’édition, à la sociologie de la littérature et des arts, par exemple.

 

Les propositions de communication d’un maximum 300 mots devront être envoyées au plus tard le 30 septembre 2016 à l’adresse suivante : stephanie.bernier2@usherbrooke.ca

Elles devront être accompagnées d’une notice biobibliographique d’un maximum de 250 mots précisant l’institution d’attache et les coordonnées du chercheur. Les travaux de ces journées feront l'objet d'une sélection en vue d’une publication dans un ouvrage collectif.

 

Comité organisateur
Stéphanie Bernier (Université de Sherbrooke, GRÉLQ)
Pierre Hébert (Université de Sherbrooke, GRÉLQ)  
Chantal Savoie (UQAM, CRILCQ)


Comité scientifique
Mylène Bédard (Université Laval)
Patricia Godbout (Université de Sherbrooke)
Annette Hayward (Université Queen’s)
Jean Morency (Université de Moncton)
Julie Roy (Université d’Ottawa)

 

 

[1] Signalons la correspondance de Gaston Miron (notamment les éditions de Mariloue Sainte-Marie à l’Hexagone et chez Nota bene); de Jacques Ferron (par Marcel Olscamp et Lucie Joubert, Éditions Leméac et Lanctôt); de Gabrielle Roy (par François Ricard et autres, Éditions du Boréal), de Harry Bernard (par Micheline Tremblay et Guy Gaudreau, Éditions David) ou encore de Louis Dantin (Pierre Hébert et autres, Éditions Fides).