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Corps et création artistique : perspectives psychanalytiques (Rennes)

Corps et création artistique : perspectives psychanalytiques (Rennes)

COLLOQUE « CORPS ET CRÉATION ARTISTIQUE : PERSPECTIVES PSYCHANALYTIQUES »

- Appel à communication -

Groupe de recherches transdisciplinaire (Joseph Delapace, Laetitia Jodeau-Belle, Christiane Page, Yohan Trichet)

Les 30 et 31 mars 2017 Amphi L3, bâtiment L, Campus Villejean

Organisé par le laboratoire (EA 4050) « Recherches en psychopathologie : nouveaux symptômes et lien social » et le laboratoire (EA 3208) « Arts : pratiques et poétiques »

Comité scientifique :

Emmanuelle Borgnis-Desbordes (MCF Psychopathologie, Rennes 2), Leszek Brogowski (Pr. Esthétique, Rennes 2), Domenico Cozensa (Italie), Joseph Danan (Pr. Études théâtrales, Paris 3), Joseph Delaplace (Pr. Analyse des musiques du XXe siècle et approches transdisciplinaires de la création artistique, Rennes 2), Caroline Doucet (MCF Psychanalyse, Paris 8), Philippe Fouchet (Pr. Bruxelles, Belgique), Laetitia Jodeau-Belle (MCF Psychopathologie, Rennes 2), Sophie Marret-Maleval (Pr. Psychanalyse, Paris 8), Antoine Masson (Pr. Philosophie, Namur, Belgique), Patrick Martin (Pr. Psychopathologie, Angers), Olga Moll (MCF, Musicologie, Paris 8), Claudia Murat (Pr. Rio de Janeiro, Brésil), Laurent Ottavi (Pr. Psychopathologie, Rennes 2), Christiane Page (Pr. Études théâtrales, Rennes 2), Jean-Loup Rivière (Pr. Études théâtrales, ENS, Lyon), Yohan Trichet (MCF Psychopathologie, Rennes 2), Véronique Voruz (MCF Droit, Leicester, GB), Luz Zapata (MCF Psychopathologie, Brest).

Comité organisation :

Joseph Delaplace (Pr. Analyse des musiques du XXe siècle et approches transdisciplinaires de la création artistique, Rennes 2), Marion Haza (MCF Psychopathologie, Poitiers), Laetitia Jodeau-Belle (MCF Psychopathologie, Rennes 2), Patrick Martin (Pr. Psychopathologie, UCO, Angers), Christiane Page (Pr. Études théâtrales, Rennes 2), Yohan Trichet (MCF Psychopathologie, Rennes 2).

ARGUMENT:

Nombreux sont les artistes qui témoignent dans leur travail de création d’un moment particulier, que nous pourrions, pourquoi pas, qualifier de « trouvaille » au sens de Picasso qui « ne cherche pas mais trouve ». C’est en tout cas ce qui semble participer de l’émergence d’une œuvre comme réponse contrainte à une nécessité subjective. Car créer n’est pas sans lien avec l’être de l’artiste, qui non seulement y met en jeu sa réflexion, ses pensées, mais aussi, et surtout peut-être, son corps. Mais entendons par là un corps qui n’est pas uniquement appréhendable dans sa présence mais également dans ce qui l’anime et le traverse, la pulsion La pulsion a rapport au trou dans le langage, tout ne peut être dit. L’artiste en fait la démonstration par son travail toujours à recommencer. Il n’y a pas de lecture générale et systématique envisageable, mais la possibilité de saisir une logique singulière et toujours inédite, propre à chacun. C’est ce que nous souhaiterions mettre au travail, soit, d’une part, la façon pour chaque artiste de mettre en jeu le corps dans son travail de création et, d’autre part, ce que cette création vient résonner avec la subjectivité de notre époque, comment elle y trouve inscription voire réponse auprès d’un public.

Ainsi chaque axe cherchera à analyser, à serrer au plus près de quelle(s) façon(s) le corps vient à se nouer à l’œuvre, aussi bien dans les champs de la science, de la mise en scène théâtrale, du cinéma, de la musique et de ce que nous situons comme la féminité. Le corps est lui-même à entendre comme ce qui articule l’image – le corps imaginaire et ses racines narcissiques –, les mots, la langue et la jouissance pulsionnelle – autre nom de la sublimation.

4 Axes de recherche

1. Corps et science (représentation, cadavre, logique de jouissance)

L'art, par l'intensification de ses interactions avec la science, est un champ de discours et pratiques esthétiques où le corps réel est devenu prévalent au détriment de ses figurations. En effet, depuis la Renaissance, l'art et la science s'associent régulièrement pour traiter l'énigme du corps comme en témoigne l'histoire de ses représentations. Marquant une rupture dans cette dernière, l'art contemporain se particularise par la floraison de pratiques utilisant le corps, mort ou vivant, dans sa totalité ou en partie, ou bien encore ses déchets et ses restes, comme des supports et matériels artistiques souvent médicalisés. Ainsi l'alliance de l'art et de la science, soutenue par le capitalisme, s'attaque au réel du corps, un corps mortifié devenu objet de jouissance aussi bien pour le créateur que le spectateur. Il s'agira d'une part d'interroger les variétés de traitement du corps pris dans cette interaction entre l'art et la science, leurs évolutions (des formes classiques aux formes contemporaines). Et d'autre part, d'analyser les logiques à l'œuvre (logique de création, logique de jouissance) leurs rapports au savoir et à la vérité, aux techniques et leurs enjeux éthiques.

2. Corps et scènes (corps, marionnettes, virtuel, inconscient)

L’usage encore actuel dans de nombreux domaines est de dissocier le corps et le psychisme, de séparer ce qui est objet de connaissance concrète et évaluable de ce qui apparaît comme insaisissable, de distinguer les activités scientifiques et les autres, artistiques, intellectuelles, mobilisant les affects et l’imaginaire. Mais cela n’exclut pas l’intérêt et parfois la fascination des artistes pour les sciences et celui des scientifiques pour le don artistique. Les rapports théâtre / sciences sont donc inscrits de longue date dans l’histoire. Ainsi, l’acteur, et plus précisément son corps (Craig, Meyerhold etc. à la fin du XIXe) est devenu un objet d’études spécifiques. Plus récemment ces études scientifiques s’intéressent aux spectateurs, car le développement des nouvelles technologies a pour conséquence de les provoquer, comme les professionnels du théâtre, à revoir, voir et penser les choses autrement. Le virtuel intéresse, fait rêver, fascine. Investissant un espace jusque-là consacré à la célébration de l’acteur présent et offert aux regards, il ouvre sur des jouissances inédites. Car, que se passe-t-il alors, lorsque l’acteur vivant sur scène n’est plus là pour incarner un personnage, une idée, une allégorie ? Pour offrir une possible identification ? Qu’est-ce qui se modifie, aussi bien du côté des spectateurs que de celui des acteurs et de la représentation ?

3. Corps musical (geste, écriture, son, pulsion)

La musique, c’est du corps. Elle exhausse un corps non plus seulement parlant, mais vibrant, chantant, électrisé d’affects. Ce corps-là se diffracte en de multiples directions, se recompose aussi ; c’est un corps augmenté et déformé par ces prothèses sonores que sont les instruments ; c’est un corps qui jouit, toujours, mais aussi tenu par l’exigence sublimatoire propres aux pratiques et aux normes de la société dans laquelle il s’inscrit.

Le corps, c’est du son. Un monde s’est ouvert lorsque les médecins du XIXe siècle ont patiemment appris à écouter et interpréter les signaux sonores du corps humain, à partir de la mise au point de l’auscultation médiate par le docteur Laënnec. L’avènement d’une écoute spécialisée, préparant à l’ère de l’enregistrement sonore, nous indique aussi que la musique est un écho toujours plus élaboré de notre « bruit somatique » Pour autant, la codification progressive des relations entre les sons s’est accompagnée d’un refoulement sévère du corps réel, à mesure que s’établit l’idée d’une musique « savante ». Le répertoire occidental porte la marque indélébile de cet effacement, tant dans sa stylistique que dans ses pratiques.

Le corps, pourtant revient toujours : libéré dans nombre de répertoires populaires qui coexistent avec le développement de la musique « classique » ; médiatisé dans l’écriture musicale savante ; recomposé jusqu’au cœur des technologies contemporaines qui ont radicalement modifié notre relation à la musique. Il s’agira ici de s’interroger sur les divers modes d’existence de ce « corps musical », et sur ce que la psychanalyse peut nous enseigner dans ce domaine.

4. Corps et logique féminine (l’Autre contemporain, l’inconscient, la jouissance du corps, inventions et créations inédites)

Dans cet axe de recherche, il s’agira d’explorer, à partir d’œuvres contemporaines, les modes de rencontres entre le corps et la logique féminine telle que Jacques Lacan nous invite à la situer. Soit à partir d’une position qu’occupe le sujet dans la sexuation, quelque soit son sexe anatomique, et qui ouvre aussi bien à la dimension du manque qu’à un au-delà de la logique phallique, dans une forme de jouissance qui échappe à l’universel et ouvre plutôt sur celle de l’Autre. Dans l’art, sans doute cette logique-là se retrouve-t-elle dans les formes d’inventions et de créations multiples qui convoquent le corps, d’une façon ou d’une autre → la danse, l’écriture, etc. Cela n’est bien sûr pas sans produire des effets de jouissance sur le corps, celui de l’artiste ou le spectateur lui-même. C’est ce que nous essaierons de cerner en nous enseignant du savoir inconscient de l’artiste, en dégageant notamment quelles fonctions son art prend.

Les interventions dureront 25 minutes en conférences plénières et 20 minutes en ateliers afin de permettre la discussion.

Les propositions de communication sont à adresser à Laetitia Jodeau-Belle et Yohan Trichet avant le 30 octobre 2016

Laetitia Jodeau-Belle : laetitia.jodeau@univ-rennes2.fr

Yohan Trichet :  yohan.trichet@univ-rennes2.fr

 

 

Chaque proposition de communication devra indiquer :

  • Nom(s) et prénom(s) du, des auteur(s)
  • Discipline(s), Laboratoire(s) de rattachement, Université(s), Adresse(s), Pays
  • Adresse électronique
  • Le titre proposé
  • Un résumé de 3000 signes maximum (espaces compris)
  • Références dans le texte et bibliographie en bas de page ou en fin de texte
  • 3 à 5 mots-clés