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Littérature sous contrainte Europe de l’Est après 1989 (Brasov, Roumanie)

Littérature sous contrainte Europe de l’Est après 1989 (Brasov, Roumanie)

Publié le par Marc Escola (Source : Alexandru Matei)

L’Histoire est morte, vive l’Histoire !

Littérature sous contrainte Europe de l’Est après 1989

comprenant la section 

La Francophonie littéraire en Europe de l’Est après 1989 

22-23 mars 2019

 

Argument

Une fois les régimes communistes écroulés, la victoire que la « liberté d’expression » a remporté sur la censure n’a pas toutefois suffi à « libérer la littérature » en Europe de l’Est. L’évolution de la littérature – en termes d’institution, d’esthétique et de poétique et, respectivement, les variations de l’éthos littéraire ont depuis prouvé que la littérature n’était ni tellement « assujettie » aux régimes communistes ni  « épanouie » tout de suite après. Une fois « libre », la littérature s’est retrouvée assaillie par un poids d’événementialité qui a durablement affecté son institutionnalisation, les liens avec son public et jusqu’à ses rythmes et ses temporalités.

Du point de vue institutionnel, les littératures nationales remettent en question les canons et les normes d’évaluation des corpus, alors que le discours de la critique littéraire, s’appuyant sur la vogue du « post-modernisme » que les débats littéraires chérissent, se fait non seulement « jugement de valeur », mais aussi jugement historique.

Parmi les questions que notre colloque posera à ce propos pourraient figurer :

1. 1989 a-t-il marqué une évolution radicale de l’institution littéraire à l’Est, ou peut-être s’agit-il d’une évolution plus lente, sans rupture véritable, enclenchée durant les années 1980 ?

2. Y a-t-il un processus de renouveau littéraire lié à la fin des régimes communistes, en termes esthétiques et idéologiques ?

3. Peut-on envisager des parallèles et des croisements critiques éclairants entre les littératures post-coloniales et post-totalitaires ?

3. Comment les canons littéraires nationaux se réarrangent-ils ? Comment se réorganise l’historicité des textes littéraires, tant sur le plan des anciennes solidarités idéologiques et politiques à présent dénoncées, que sur celui de l’esthétique qui en découle ?

Le lecteur de littérature se retrouve d’emblée inscrit dans une histoire en train de se faire. Si la lecturelittéraire est un « loisir », un temps somptuaire (voir les analyses de Jacques Rancière dans Les Temps modernes, 2018), la lecture littéraire devient du jour au lendemain « inactuelle » et elle est remplacée par la lecture des journaux et la consommation des médias audio-visuels.

4. Comment la littérature trouve-t-elle les moyens de se rendre actuelle, de « s’actualiser », pour reprendre un terme d’Yves Citton (2007) ?

5. Quel effet sur la distribution et la lecture a eu la déréglementation du marché littéraire ?

6. Quelles stratégies narratives et quels sujets les écrivains choisissent-ils pour s’inscrire dans la nouvelle « écologie de l’attention » (Citton, 2015) post-totalitaire ?

Une histoire traînante s’achève, et une foule de promesses s’entassent dans un moment qu’on a tendance à affubler d’une majuscule dont on a oublié les déboires : le « H » de l’Histoire revient pour dire une victoire imaginaire (c’est le diagnostic de Bruno Latour dans Nous n’avons jamais été modernes, 1991), pour ensuite se voir maculé par les attentes inassouvies, par un « désœuvrement » (J-L Nancy, 1986 et passim) qui s’exprime affectivement et participe d’une ré-temporalisation de la littérature.

7. Peut-on parler d’une accélération/intensification de la littérature, en termes de mimésis, de marketing, d’expression affective ?

8.  Peut-on parler d’une nouvelle vague d’« expérimentalisme » qui tâche de gérer cette crise des temporalités à laquelle la littérature est confrontée ?

9. La littérature se transforme-t-elle en essayant de prendre pour modèle des formes d’art audio-visuelles plus rapides et plus directes ?

Les organisateurs offrent 4 bourses de participation pour doctorant(e)s/étudiant(e)s en master, 300 euros chacune, couvrant, si possible, la totalité de la participation

Les résumés, de 250 mots maximum, seront rédigés en anglais et français et seront adressés à

amatei25@yahoo.com pour les résumés en français

adrian.lacatus@gmail.com pour les résumés en anglais

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Version en anglais

History is Dead, Long Live History!

Literature under Constraint. Eastern Europe after 1989

including the section

Francophone Literature  in Eastern Europe after 1989

 

Following the collapse of communist regimes, the much-hailed victory of the “freedom of speech” over censorship  proved insufficient for the “emancipation” of Eastern European literature. Developments in the literary field – in terms of institutions, aesthetics, poetics, and variations  of the literary ethos – have since showed that literature was neither entirely “subjected” to the endless communist time loop, nor did it “blossom” immediately afterwards. Although free from political constraints, literature has been besieged by a weight of phenomenality which began to permanently affect its institutional forms, its relations with audience, as well as its internal rhythms and temporalities.

 National literatures have questioned the canon and the value-systems that shape its formation , whereas literary criticism, influenced by the phenomenon of post-modernism, has seemed attached to its own criteria of evaluation, institutional judgements, and historiographic assessments.

Topics of enquiry include but are not limited to the following:

Has 1989 marked a radical evolution/revolution  in the literary institutions of the East, or has it been the starting point of a slower evolution, without a genuine breach, initiated all along the 1980s? Aesthetically and ideologically speaking, is there a literary revival directly connected to the downfall of communism? Can parallels and comparisons between post-colonial and post-totalitarian literatures be critically relevant and generative? How are national literary canons reassessed and rearranged? How is the historical dimension of literary texts reorganized, both in terms of the old ideological and political solidarities that we have come to denounce, and in those of its attendant aesthetics?

The literary  reader is immediately involved in a (hi)story that is still unfolding. While reading literature can be seen as  a hobby or even  a luxury (see Jacques Rancière’s analysis  in Les Temps modernes, 2018), literary reading becomes more and more infrequent and is replaced by the immediacy of newspaper browsing  and the soporific consumption of audio-visual media.

How does literature manage to“actualise” (2007) itself, in Yves Citton’s terms,? What are the effects of the deregulation of the literary market on book selling and on its public? What narrative strategies and topics do writers choose to engage with in the new post-totalitarian “attention ecology” (Citton 2015)?

A slow-moving history has come to a halt and a lot of promises are piling up in a moment that some tend to name History with a capital “H”, so as to celebrate an “imagined” victory (see Bruno Latour’s diagnosis in We Have Never Been Modern, 1991), only to be (de)faced by unfulfilled expectations, by a “disavowal” (J-L Nancy, Absent Community, 1986 and passim) expressed through affect and partaking in a re-temporalization of literature.

Have we been witnessing  an accelerationintensification of literary processes, in terms of mimesis, marketing and emotional expression? Is there a new wave of “experientialism” which sees literature trying to model itself after faster and more direct visual art forms?

The organisers offer 4 participation grants for PhD candidates/MA students, in the amount of 300 euros each.

 

   

The abstracts, of 250 words at the most, will be sent in English and French to

amatei25@yahoo.com  for abstracts in French and

adrian.lacatus@gmail.com for abstracts in English

 

Deadline: December 20, 2018