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Colloque "Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?"

Publié le par Florian Pennanech (Source : Léa Vuong)

« Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? »

Intervenants :
-    Pierre Bayard (Université Paris VIII)

Institute of Germanic and Romance Studies, Senate House, University of London, UK
12 et 13 novembre 2009

Enseignant la littérature à l'université, je ne peux en effet échapper à l'obligation de commenter des livres que, la plupart du temps, je n'ai pas ouverts. Il est vrai que c'est aussi le cas de la majorité des étudiants qui m'écoutent… (Comment parler des livres que l'on a pas lus ? p.13)

    Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? Cette question provocante, en forme d'écho ironique aux self-help books qui peuplent les rayons des libraires, est le titre de l'essai publié en 2007 par Pierre Bayard. A travers l'exemple du Nom de la Rose, d'Umberto Eco, il montre comment, à partir de l'identité des moines assassinés, Guillaume de Baskerville parvient à deviner le contenu du livre empoisonné de la bibliothèque de l'abbaye. Ne pas avoir lu un livre ne serait donc pas nécessairement un obstacle à sa connaissance. Ce constat soulève de nombreuses questions pour les théories de la réception et de l'interprétation et ouvre la question de la définition même de la lecture : quand et pourquoi peut-on affirmer que l'on a lu un livre ?

 L'activité critique se situe naturellement au coeur des enjeux soulevés par la non-lecture. Dans Critique et vérité, Barthes écrivait : « Ainsi tourne la parole autour du livre : lire, écrire : d'un désir à l'autre va toute littérature. Combien d'écrivains n'ont écrit que pour avoir lu ? Combien de critiques n'ont lu que pour écrire ? ». Ainsi, derrière la question de la non-lecture, c'est la hiérarchie entre le livre et le discours sur le livre que nous sommes invités à interroger : le discours sur le livre est-il lui aussi une oeuvre créatrice ? Le texte littéraire n'est-il qu'un prétexte à l'activité critique et à la conversation mondaine ?

Enfin, lecture et non-lecture jouent un rôle social important. En effet, si la lecture peut être l'apanage de certains milieux, une non-lecture réussie requiert également de posséder une culture suffisamment vaste pour être capable de situer chaque livre par rapport aux autres. Mais cette question peut également s'entendre dans un sens plus politique, car partager une vision commune de certains textes, c'est aussi faire partie d'une communauté. Ainsi, la représentation scolaire des grands écrivains, l'enseignement de la littérature à travers la lecture d'extraits ont joué en France un rôle important dans l'élaboration d'une culture nationale.  

Parmi les thèmes sur lesquels nous aimerions accueillir des communications (cette liste n'est pas limitative) :

-    La construction du sens, théories de la réception
-    Le livre comme fétiche
-    Livres imaginaires, livres écrans et livres fantômes
-    Le rôle de la non-lecture dans la réception de certains textes ou auteurs (Proust…)
-    Dimensions sociologiques du livre et de la lecture
-    L'image sociale des livres, le livre comme objet de discours
-    La représentation des textes et de la lecture en milieu scolaire (corpus, morceaux choisis, grands auteurs…)
-    La lecture et la constitution d'une culture littéraire
-    Le rôle de la lecture dans la constitution des communautés (politiques, culturelles, sociales, etc.)
-    La question du canon littéraire
-    La critique littéraire comme processus créateur, le rapport du texte critique au texte littéraire
-    Représentations de la lecture et de la non-lecture dans la littérature
-    Etudes de figures célèbres de lecteurs ou de non-lecteurs
-    L'adaptation des livres au cinéma
-    La traduction comme lecture
-    Réflexions sur le travail universitaire
-    Et bien sûr, confessions de non-lectures, ou conseils complémentaires sur les conduites à tenir en société lorsque l'on n'a pas lu un livre

Nous espérons que ce thème suscitera une discussion interdisciplinaire, notamment dans les domaines suivants : littérature française et comparée, critique littéraire, études filmiques, sciences de l'éducation, creative writing, histoire de la littérature, sociologie de la littérature, traduction.

Les communications sont d'une durée de 20 minutes et se font en anglais ou en français. Merci d'envoyer vos propositions (entre 200 et 300 mots), ainsi que votre nom, celui de votre institution, le titre de votre PhD/doctorat et votre année d'étude à l'adresse suivante avant le 30 juin 2009 :
londonfrenchpgconference2009@googlemail.com

Organisateurs :
Elise Aru : e.aru@ucl.ac.uk
Cécile Bishop : cecile.bishop@kcl.ac.uk
Alex Robbins : alex.robbins@kcl.ac.uk
Léa Vuong : lea.vuong@kcl.ac.uk


Le premier chapitre de la traduction anglaise de Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? est disponible sur le site du New York Times : ici

‘How to talk about books you haven't read'

Keynote speakers:
-    Pierre Bayard (Université Paris VIII)

Institute of Germanic and Romance Studies, Senate House, University of London, UK
12th-13th November 2009

Enseignant la littérature à l'université, je ne peux en effet échapper à l'obligation de commenter des livres que, la plupart du temps, je n'ai pas ouverts. Il est vrai que c'est aussi le cas de la majorité des étudiants qui m'écoutent… (Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? p.13)

    How do you talk about books you haven't read? This provocative question, which reads like an ironic echo of the ‘self-help' guides found on the shelves of every bookshop, is the title of an essay published in 2007 by Pierre Bayard, Professor of French Literature at the University of Paris VIII. He shows for example how, in Umberto Eco's The Name of the Rose, the detective William of Baskerville, armed only with the names of the murdered monks, deduces the contents of the poisoned book in the abbey's labyrinthine library. Thus, not to have read a book is not necessarily a barrier to having some knowledge of it. This affirmation raises many issues for interpretation and reception theory, at the heart of which lies the very definition of the act of reading: when and why is it possible to say that I have read a book? 

In Critique et vérité, Barthes wrote: ‘And so discourse circulates around the book: reading, writing: all literature goes from one desire to another. How many writers have written only because they have read? How many critics have read only in order to write?'. Behind the notion of ‘non-reading', lies the question of a hierarchy between the book and the discourse about the book: is critical discourse a work of art as well? Are literary texts merely pretexts for critical activity and cocktail-party conversation?

Finally, reading and non-reading have a social dimension. If reading is often the privilege of certain social spheres, a successful non-reading also requires a body of cultural and literary knowledge vast enough to situate each book within the collective library. This issue also has a political dimension, as sharing a common perspective on certain texts also means belonging to a community. For instance, the way national education systems define, select and represent great writers and great texts and their use of excerpts to teach literature have played a very important part in the elaboration of a French national culture.

We invite proposals for papers of 20 minutes, in English or in French, on the following topics (although this list is not exhaustive):

-    The elaboration of meaning, reception theory
-    The book as fetish
-    Imaginary books, screen books, phantom books
-    The role played by non-reading in the reception of certain texts or authors (Proust...)
-    Sociological dimensions of books and reading
-    Social representations of books, the book as an object of discourse
-    Representation of texts and reading in school (corpus, great authors, chosen excerpts…)
-    The question of literary canons
-    Reading and elaborating a literary knowledge
-    The role played by reading in the building and shaping of communities (political, cultural, social, etc.)
-    Literary criticism as a creative process, relationships between critical texts and literary texts
-    Representations of reading and non-reading in literature
-    Famous figures of readers and non-readers
-    Film adaptations of books
-    Translation as reading
-    Thoughts on academia and life as an academic
-    And of course, confessions of non-reading or further guidance on how to behave in society as a non-reader.

We hope this theme will generate an interdisciplinary discussion and will especially interest young researchers in the following disciplines: French literature and comparative literature, critical theory, film studies, educational sciences, creative writing, literary history, sociology of literature, translation studies.

Please send your proposals (200 - 300 words), along with your name, the name of your institution, the title of your PhD and your year of study to the following address before June, 30th 2009:
londonfrenchpgconference2009@googlemail.com

Organisers:
Elise Aru : e.aru@ucl.ac.uk
Cécile Bishop : cecile.bishop@kcl.ac.uk
Alex Robbins : alex.robbins@kcl.ac.uk
Léa Vuong : lea.vuong@kcl.ac.uk

The first chapter of How to Talk about Books you Haven't Read is available here (New York Times website).