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Cocteau sous l’Occupation

Cocteau sous l’Occupation

Publié le par Charlotte Dufour (Source : Pierre-Marie Héron)

Cocteau sous l’Occupation

Colloque de Montpellier, 17-18 novembre 2016

Organisateurs : Jean Touzot (Paris-Sorbonne), David Gullentops (université de Bruxelles), Pierre-Marie Héron (Paul-Valéry Montpellier, IUF), Audrey Garcia (Montpellier, RIRRA21).

 

Appel à communication

L’attitude des écrivains français entre 1940 et 1945 fascine encore aujourd’hui le public et pèse sur l'image qu'ils laissent à leur postérité. Il devient cependant difficile dans beaucoup de cas, à mesure que la période de l’Occupation s'éloigne et que se multiplient les travaux scientifiques sur le sujet, d’établir une frontière étanche entre résistants et collaborateurs. Gisèle Sapiro notamment, dans La Guerre des écrivains, s’est attachée à reconstituer le champ littéraire de la période en analysant précisément les divers bouleversements à l’œuvre en chacune de ses étapes : de cet ambitieux travail de synthèse émane un tableau efficace et nuancé qui, sans éluder divers cas particuliers inhérents à chaque catégorie étudiée, aboutit à écarter le clivage manichéen collaborateur / résistant au profit d’un continuum faisant apparaître des degrés variables d’accommodement.

C'est dans cette perspective que le colloque de Montpellier se propose de réévaluer l'attitude de Cocteau pendant les « années noires », bien souvent réduite à quelques faits qui contribuent à dresser de lui un portrait de collaborateur bon teint, parmi lesquels le « Salut à Breker » publié à la une de Comœdia le 23 mai 1942 et qui constitue sans doute aujourd'hui la pierre angulaire de cette réputation : le poète se serait compromis avec les autorités d’Occupation, allant jusqu’à louer publiquement le sculpteur officiel de Hitler. Néanmoins, l'attitude de Cocteau est loin de se réduire à ces quelques éléments à charge, qui font bon marché de la complexité inhérente au contexte particulier de l’Occupation, ainsi que des paradoxes que se plaisait à cultiver un poète volontiers provocateur. La participation du poète à la vie mondaine et artistique du Paris à l’heure allemande ne doit pas faire oublier les attaques virulentes du journal collaborationniste Je suis partout, ou les coups et les horions reçus par le poète en croisant avenue des Champs-Élysées un défilé de la LVF. Si Cocteau s’est constitué un réseau parmi l’intelligentsia allemande ‒ d'ailleurs peu suspecte de sympathie envers l'idéologie nazie (les frères Valentiner, Ernst Jünger) ‒, il est aux yeux de collaborationnistes comme Lucien Rebatet et Alain Laubreaux un méprisable « inverti » philosémite. Si ses pièces sont fréquemment jouées, les chahuts et autres perturbations ne manquent pas, aboutissant plusieurs fois à des interdictions. À la fois critiqué par les collaborationnistes et par une partie des résistants comme Mauriac, le poète semble ne pouvoir être classé dans aucun de ces deux camps, dont la réalité elle-même fluctuante au fil de ces "années noires" doit être approchée historiquement.

En somme, le colloque de Montpellier se propose d'y voir plus clair sur la position de Cocteau au sein du champ littéraire et médiatique pendant l'Occupation. L'entreprise impliquera d’interroger ses actions et choix artistiques, politiques, voire médiatiques, comme sa relation à « l’actualité » et à « l’inactualité », termes d'un dilemme éclairé par son Journal

Si certains de ces choix peuvent être appréhendés en termes de stratégie de champ sous l'Occupation, il sera par ailleurs utile de les inscrire dans la perspective plus vaste de l'itinéraire du poète, pour mieux établir en quoi la période constitue ou non une rupture ou un moment charnière dans cet itinéraire et conditionnent ou non son activité après la guerre.

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Les propositions de communication sont à adresser à Pierre-Marie Héron (spm.heron@gmail.com), David Gullentops (david.gullentops@vub.ac.be) et Audrey Garcia (garcia.audrey87@gmail.com) jusqu’au 17 juin 2016.