Questions de société
CNU 2008 : rapport et recommandation de la section 9 du CNU

CNU 2008 : rapport et recommandation de la section 9 du CNU

Publié le par Hugues Marchal

En cette période d'élaboration des dossiers au CNU, nous publions à nouveau les recommandations et rapport du CNU adressés au futurs candidats

Campagne de qualification des maîtres de conférences
CNU 2008
Rapport de la section 9 (Langue et littérature française)



Avec l'automne revient la période de soumission des dossiers de qualification au CNU, aussi la section 9 juge-t-elle utile de présenter à cette occasion quelques recommandations aux futurs candidats, ainsi qu'un rapport détaillé sur les résultats de la campagne 2008.

1. Remarques générales et recommandations

Il appartient aux candidats de vérifier les calendriers officiels régissant la procédure de qualification, démarche indispensable pour pouvoir se porter ensuite candidat à un recrutement.

11. Critères d'évaluation

Le CNU doit statuer sur la capacité des candidats à devenir des enseignants-chercheurs à l'université. À ce titre, la commission prend en compte deux critères principaux :
a) la qualité du travail de recherche (rapport de soutenance, nombre, nature et contenu des publications) et son inscription dans le périmètre de la section
b) l'aptitude à l'enseignement (formation, concours, expérience d'enseignement dans le secondaire ou le supérieur, etc.)

L'excellence et l'équilibre des titres relatifs à chacun de ces deux points ont constitué la base des décisions, prises collégialement et contradictoirement, après exposé des rapporteurs désignés pour chaque dossier. Il va de soi que la qualité du travail de recherche importe au premier chef, et la commission peut qualifier des candidats qui présentent un dossier brillant sans avoir encore d'expérience d'enseignement ; cette expérience importe néanmoins, et demeure un atout majeur pour obtenir la qualification

Dans le cas des demandes de requalification, la preuve de la poursuite des activités d'enseignement et de recherche est un point crucial.

La section n'exclut aucune approche ou méthodologie, mais a rejeté un nombre important de dossiers, en estimant qu'ils ne relevaient pas de son périmètre disciplinaire (sur ces multiples dossiers hors section, voir ci-dessous, point 2.4). Les futurs candidats sont donc vivement invités à vérifier que leur dossier relève bien de la section 9.

12. Consultation des rapports

Les candidats qui n'ont pas été qualifiés peuvent demander communication de leurs rapports auprès du ministère (DGRH A2-1, 34 rue de Châteaudun, 75009 Paris). On ne saurait trop leur recommander cette démarche s'ils souhaitent présenter de nouveau leur candidature.

13. Recommandations pour la constitution des dossiers

Il est rappelé que le site de la Conférence permanente du Conseil national des universités (http://www.cpu.fr/cp-cnu) propose chaque automne des conseils précis relatifs à la constitution des dossiers – ce que semblent ignorer beaucoup de candidats.

Le dossier s'ouvrira sur une liste des pièces qu'il contient, dans leur ordre, et il devra être identique pour chaque rapporteur.

La lettre d'accompagnement doit servir à présenter une brève synthèse du parcours des candidats, et mettre en avant les points forts de leur profil. Elle peut aussi être l'occasion de signaler des situations particulières (requalification, incidents de parcours éventuels, etc). Il n'est pas absolument nécessaire que le candidat s'y montre incivil ou ironique.

Il est vivement recommandé d'inclure, non seulement le rapport de soutenance, mais la thèse elle-même. Les textes ministériels n'obligent pas le candidat à joindre ce document car, dans certains dossiers, des travaux ultérieurs ont pu devenir des pièces essentielles. Il n'empêche que, lorsque cette thèse est la pièce majeure du dossier, elle doit être impérativement jointe : la tâche des rapporteurs, en effet, n'est pas de reconduire ni de résumer l'avis du jury, mais de formuler un nouvel avis. C'est pourquoi la commission, comme la loi l'y autorise, a décidé de ne pas qualifier les candidats dont la thèse est écrite en langue étrangère : les rapporteurs ne sont pas censés comprendre cette langue, quelle qu'elle soit, et il est par ailleurs évident qu'ils doivent pouvoir juger de l'aptitude du candidat à écrire en français. Le mémoire devra donc être traduit, de même que tout autre document, notamment lorsque le rapport contient des éléments en langue étrangère (cas des co-tutelles, etc.). En cas de remaniement de la thèse (publication, etc.), la commission souhaite que la dernière version soit choisie. L'envoi de thèses sous forme de CD-Rom n'est possible qu'en cas d'accord du rapporteur (le candidat devra donc impérativement le contacter préalablement à l'envoi de son dossier). Enfin, si le rapport n'est pas disponible avant la date limite d'envoi, le dossier le signalera et le candidat enverra ensuite au plus vite ce rapport de soutenance.

Les publications ne peuvent dépasser le nombre de trois, comme l'indiquent les textes légaux. Les candidats sont donc invités à choisir les articles ou ouvrages les mieux à même de montrer la qualité et la diversité de leur recherche (à ce titre, il vaut mieux éviter, la thèse étant jointe, de sélectionner des publications qui en reprennent des extraits). En envoyant toutes ses publications, non seulement un candidat montre une certaine incapacité à hiérarchiser ses travaux, mais il risque de voir son dossier rejeté pour vice de forme.

Le CV doit être aisément lisible et détaillé : trop de ces documents sont confus. Chaque candidat y distinguera sa formation, son expérience professionnelle, ses activités de recherche, ses éventuelles tâches administratives, ses publications (classées par types, sans inclure les mémoires scolaires, qui n'ont pas à apparaître), en veillant à donner des références claires et en adoptant une organisation chronologique. Un rapide résumé du contenu des publications et des enseignements est très souhaitable. Si besoin, les pièces attestant des expériences professionnelles, des contrats, etc., seront jointes. La fonction et la situation actuelle seront signalées.

Il est rappelé qu'aucune lettre de recommandation n'est demandée ni prise en compte.


2. Résultats de la session 2008

La commission, réunie début février, a qualifié près de la moitié des dossiers recevables.

21. Présentation globale

332 inscriptions ont été enregistrées sur Antarès. Dans 57 cas, le dossier n'a pas été reçu par les rapporteurs et trois dossiers envoyés ont été jugés irrecevables car incomplets (rapport de soutenance absent). L'évaluation effective n'a donc porté que sur 272 candidats, dont 135 ont été qualifiés, soit un taux effectif de 49,6 %.
La suite de ces statistiques porte sur ce seul ensemble ; elle peut présenter de légères erreurs de décompte, certains critères de classification des dossiers portant une part d'appréciation subjective.

22. Profil des candidats

65% des candidats sont des femmes. Leurs 177 dossiers ont été qualifiés à hauteur de 47,5 %. Les 95 candidats masculins ont été pour leur part qualifiés à hauteur de 53,7 %.

178 candidats (65%) étaient titulaires d'un concours de l'enseignement ; 63% ont été qualifiés, contre seulement 22 (23%) des 94 autres candidats – occasion de rappeler l'importance accordée par la commission aux preuves que les candidats peuvent apporter de leur capacité et surtout de leur expérience d'enseignement dans le secondaire ou le supérieur.

37 demandes concernaient des requalifications, octroyées dans 31 cas (84 %). Cette proportion ramène à 44 % le taux des premières qualifications approuvées. Parmi ces dernières, il n'est pas possible de fournir des données fiables relatives aux demandes éconduites lors d'une session antérieure et présentées de nouveau, car les candidats ne le précisent pas systématiquement. Toutefois, l'étude des dates de naissance laisse supposer une part assez importante de demandes réitérées. En effet, l'âge moyen des candidats est de 40 ans. Il s'élève à 44 ans pour les requalifications, mais ne descend qu'à 38 ans pour les demandes de première qualification, ce qui reste relativement élevé.

23. Résultats par objets et types de recherche dans la thèse

On donne le nombre de dossiers et, entre parenthèses, la proportion dans l'ensemble, puis le nombre de qualifications, suivi, entre parenthèses, du pourcentage de décisions positives formulées pour chaque sous ensemble (ainsi, ci-dessous, comprendre que les 22 dossiers médiévistes représentent 8 % de l'ensemble des candidatures, puis qu'avec 10 candidats qualifiés, le taux de réussite pour les dossiers relevant de cette période est de 45 %).

Périodes

Moyen-âge : 22 dossiers (8 %), 10 qualifications (45 %)
XVI : 12 dossiers (4,4 %), 10 qualifications (83 %)
XVII : 14 dossiers (5,1 %),10 qualifications (71 %)
XVIII : 21 dossiers (7,7 %), 9 qualifications (42,8 %)
XIX : 48 dossiers (17,6 %), 30 qualifications (62,5 %)
XX : 129 dossiers (47,4 %), 61 qualifications (47,3 %)
Dossiers multiséculaires : 14 dossiers (5,1 %), 3 qualifications (21 %)

Notons que seuls 246 dossiers sont concernés, parce que certaines thèses ne relèvent pas d'une approche par période, notamment en langue française. La faiblesse des qualifications dans le cas d'approches multiséculaires tient essentiellement au fait qu'une part notable de ces dossiers a été jugée relever de la littérature comparée et non de notre section (voir point 2.4).

Genres abordés

Il n'a pas été possible, ici encore, d'appliquer ce classement à tous les dossiers. Voici les résultats approximatifs quand l'identification générique semble pertinente (256 dossiers) :

Poésie : 45 dossiers (16,5 %), 27 qualifications (60 %)
Rhétorique : 3 dossiers (1 %), 2 qualifications (66 %)
Récit en prose : 122 dossiers (44,8 %), 59 qualifications (48 %)
Théâtre : 15 dossiers (5,5 %), 9 qualifications (60 %)
Essais et assimilables : 14 dossiers (5,1 %), 7 qualifications (50 %)
Dossiers polygénériques : 57 dossiers (20,9 %), 28 qualifications (49 %)

Par ailleurs, sur une vingtaine de dossiers relevant de l'étude de la langue ou de la stylistique, seuls 6 ont été qualifiés.

Auteurs traités

Monographies : 139 dossiers (51 %), 73 qualifications (52,5 %)
Auteurs multiples : 133 dossiers (49 %), 62 qualifications (46,6%)

La répartition entre corpus multiple et monographie est équilibrée, avec un meilleur taux de réussite dans le second cas, mais ces données n'offrent qu'une image simplifiée, car nombre de thèses monographiques convoquent des documents annexes pour aborder les oeuvres (comme une thèse sur Baudelaire et la petite presse, etc.).


Géographie


Thèse en francophonie : 21 dossiers (7,7 %), 7 qualifications (33 %)
Thèses axées sur une littérature régionale française : 4 dossiers (1,5 %), 1 qualification (25 %)
Thèses traitant un corpus international : 33 dossiers (12,1 %), 16 qualifications (48 %)

La commission attire l'attention des directeurs de thèse et des candidats sur la faiblesse conceptuelle d'un trop grand nombre de travaux liés à la francophonie ou à la littérature régionale. Les travaux présentés ignorent trop souvent l'état des recherches et certains concepts théoriques élémentaires, ou propres au champ même où ils entendent s'inscrire.

24. Relations aux autres disciplines

On peut estimer à 111 le nombre de dossiers dans lesquels la thèse propose une approche interdisciplinaire importante – avec des liens vers des domaines comme les arts visuels, les arts du spectacle, la philosophie, l'histoire, la musique, le droit ou encore la sociologie. 45 % de ces dossiers ont été qualifiés.
Dans certains cas, cette ouverture à d'autres disciplines s'est avérée suffisante pour que la commission estime que le dossier relevait simultanément ou exclusivement d'une autre section du CNU. Le critère général d'appréciation employé a été la part accordée à la littérature d'expression française et à son étude, qui doit être prédominante ou au moins très importante. Voici la répartition des décisions concernant ces profils, avec le nombre de dossiers jugés relever d'une autre section, puis le nombre de dossiers qualifiés en section 9.

Section 7 (linguistique) : 19 dossiers, 5 qualifications (la section 9 rappelle qu'elle statue sur des dossiers basés sur un corpus littéraire, ou présentant un travail à application évidente pour l'analyse des textes littéraires. C'est le cas, par exemple, des travaux portant sur l'histoire de la langue française ou de certains travaux relevant la linguistique de l'écrit. Dans tous les autres cas, malgré l'intitulé traditionnel des sections, les travaux de linguistique française doivent être soumis à la section 7).

Section 8 (latin) : 3 dossiers, 0 qualifications (seules des thèses liant corpus latin ou néo-latin et littérature ou culture littéraire de langue française sont recevables).

Section 10 (littérature générale et comparée) : 33 dossiers, 16 qualifications.

Section 12 (études germaniques) : 2 dossiers, 1 qualification.

Section 13 (russe) : 1 dossier, 1 qualification.

Section 14 (italien) : 1 dossier, 1 qualification.

Section 17 (philosophie) : quatre dossiers, 1 qualification.

Section 18 (esthétique, arts visuels, arts du spectacle) : 11 dossiers, 6 qualifications.

Section 22 (histoire) : 2 dossiers, 1 qualification.

Section 70 (éducation) : 1 dossier, aucune qualification.

Section 71 (sciences de l'information, nouveaux médias) : 6 dossiers, aucune qualification (la section serait heureuse de voir se développer des travaux sur les relations entre littérature et nouveaux médias, mais ne recevra pas de thèses à dominante médiologique).

Section 73 (cultures et langues régionales) : 4 dossiers, 1 qualification


Pour la section 9,
Hugues Marchal et Hélène Védrine