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Champs, mondes et réseaux de la bande dessinée : le cas de Glénat (Liège)

Champs, mondes et réseaux de la bande dessinée : le cas de Glénat (Liège)

Publié le par Marc Escola (Source : Chris Reyns-Chikuma)

Champs, mondes et réseaux de la bande dessinée : le cas de Glénat
Journée d’étude organisée par ACME et CoNTEXTES

19 avril 2018, Université de Liège, Belgique

 

Si le phénomène éditorial de la bande dessinée indépendante, en « dissidence » avec la sphère établie, est aujourd’hui bien cerné, le fonctionnement des maisons d'édition « mainstream » soulève des questions tout aussi cruciales, déjà explorées par Sylvain Lesage (2014) dont les pistes de travail méritent d’être prolongées. Le cas de Glénat se révèle idéal pour un tel projet puisque cette maison d’édition grenobloise a commencé à la même époque que Futuropolis et sur un mode similaire, grâce à l’impulsion de quelques individus enthousiastes et à leurs revues de fans.

Distinct à la fois des maisons plus traditionnelles comme Dupuis ou Dargaud et des institutions alternatives plus récentes comme L’Association ou Frémok, Glénat est  un éditeur original, qui offre des prises diverses et solides permettant de rendre compte de ses rouages et logiques. Fondée en 1969 à Grenoble par le bédéphile amateur Jacques Glénat,  la maison voit le jour la même année que le fanzine Schtroumpf qui deviendra les fameux Cahiers de la bande dessinée (1969-1990), dirigés par Thierry Groensteen à partir de 1984 et qui constituent une clé pour saisir l'émergence d'un discours critique sur la bande dessinée. Glénat investit dans les styles et genres les plus divers (fantastique, humour, aventure, histoire,…) avec dans chaque domaine des succès retentissants comme Les Passagers du vent de François Bourgeon (1980-1987) jusqu’à Il était une fois en France (2007-2012). En 1990, l’éditeur est l’un des premiers à publier des mangas avec Akira, puis Dragon Ball qui sont aujourd’hui prolongés par des succès mondiaux comme One Piece ou Bleach. Il a aussi accueilli des comics de 1990 à 2000. En 2007, s’ouvre à Montréal la collection Glénat Québec qui met à l’honneur des auteurs locaux (e.g., François Lapierre, Chroniques sauvages, 2010). Enfin, l’éditeur propose également plusieurs revues de bande dessinée dont la plus récente est Tchô (1998-2013). Le dynamisme et l’ampleur du catalogue de Glénat invitent à une examen qui permettra d’interroger son développement et le rôle que  joue cette maison d’édition dans les mondes, champs et réseaux de la bande dessinée francophone, voire au-delà.

L’étude « La constitution du champ de la bande dessinée » de Luc Boltanski a ouvert la recherche sur la bande dessinée à la sociologie bourdieusienne. Si ces pistes sont productives, le monde de la bande dessinée et celui de la recherche qui l’étudie ont beaucoup changé et se sont considérablement enrichis. D’autres études en sociologie, en études culturelles et en histoire culturelle sont sorties pour en contester ou compléter certains aspects. Parallèlement, et complémentairement, les études de Jean-Marie Klinkenberg pour expliquer la marginalité géographique de certains genres et médias mineurs (au capital symbolique moindre) ont produit des réflexions décisives pour le cas de la Belgique francophone qui pourraient être mobilisées pour questionner la naissance et le développement de Glénat à Grenoble.

Cette journée aura pour but d’essayer d’explorer les divers aspects de l’histoire et du rôle qu’un éditeur comme Glénat joue dans le monde de la bande dessinée francophone.

Nous invitons donc toute proposition portant sur le rôle de Glénat dans le monde, les champs et les réseaux de la bande dessinée francophone depuis sa fondation (1969) jusqu’à aujourd’hui.

Quelques axes de réflexions:

  • Quel rôle le fanzine Schtroumpf et son successeur, Les Cahiers de la bande dessinée ont-ils joué dans la naissance et le développement de Glénat?
  • Qui étaient les fans de ces revues? En termes de genre/gender, d’âge?
  • Quelle fonction son ouverture à d’autres domaines que celui de la BD (e.g., nature) a-t-elle joué?
  • Quel impact certains auteurs et certaines œuvres à grand succès ont-ils eu sur l’éditeur?
  • Quel rôle le manga a-t-il eu dans le succès continu de l’éditeur?
  • Ces mangas ont-elles modifié le genre du public de lecteurs des genres de BD proposés jusque-là (aventure, histoire, qui était apparemment majoritairement masculine?
  • Que peut-on dire de l’agentivité de Glénat? Par rapport aux théories du champ et du réseau, mais aussi par rapport à son équipe de direction?
  • Et quel rôle personnel Jacques Glénat a-t-il joué?
  • Quelles ont été les stratégies éditoriales de Glénat?
  • La marginalité géographique par rapport à Paris et à la Belgique a-t-elle eu un impact sur les stratégies éditoriales (conscientes ou pas)?
  • Comment peut-on comparer Glénat avec d’autres maisons d’édition semblables comme par exemple Delcourt ou Futuropolis?
  • Peut-on déjà écrire une histoire de Glénat? Et quel accès a-t-on à ses archives?

Mots-clés : bande dessinée, édition, Glénat, études culturelles, histoire culturelle, sociologie, champ, réseau, …

Modalités de soumission des communications :
Les propositions (500 mots max., accompagnées d'une courte notice biographique) sont attendues pour le 30 décembre 2017 par courriel, à reynschi@ualberta.ca
Une publication, après sélection des présentations, sera prévue.

Comité d’organisation :
Chris Reyns-Chikuma (University of Alberta)
Benoît Crucifix (Uliège/UCL)
Tanguy Habrand (ULiège)
Fabrice Preyat (Université libre de Bruxelles)
Denis Saint-Amand (Université de Sherbrooke)
Dick Tomasovic (ULiège)

Comité scientifique :
Benjamin Caraco (Paris I Panthéon-Sorbonne)
Björn-Olav Dozo (ULiège)
Sylvain Lesage (Université de Lille)
Jean-Matthieu Méon (Université de Lorraine)
Annick Pellegrin (Université de Maurice)
Fabrice Preyat (Université libre de Bruxelles)
Nicolas Rouvière (Université Stendhal de Grenoble)
Dick Tomasovic (ULiège)