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Ce que l'oral nosu apprend sur le passif (Orléans)

Ce que l'oral nosu apprend sur le passif (Orléans)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Badreddine Hamma)

Journée d’études 

Université d’Orléans – Département des Sciences du langage

LLL, UMR 7270

 

Le jeudi 14 novembre 2019, à l’Université d’Orléans

Ce que l’oral nous apprend sur le passif

https://passif-oral.sciencesconf.org/

Dans la littérature sur le passif (à la fois dans les ouvrages de vulgarisation et dans les travaux spécialisés de linguistique), les exemples que l’on cite habituellement sont très souvent représentés par un canon phrastique minimaliste et bien ficelé reproduisant le schéma quasi invariable suivant : SN-SUJET PASSIF  + ÊTRE-FLEXION + VPARTICIPE PASSÉ (+ Ct d’Agent), illustrée par une exemplification quasi figée, du type La souris sera dévorée par le chat ; Le fromage a été mangé par la souris (5ème 2010)[1] ; Le chevalier est aimé de la dame ; Les enfants sont élevés par les parents ; Le coupable est découvert par le détective (5ème, 2008)[2]. Ces exemples peuvent aussi être inspirées et adaptées de divers genres d’écrits : à partir de textes littéraires (cf. Candide fut élevé dans un beau château ; Hänsel et Gretel ont été abandonnés dans la forêt), ou à partir d’écrits journalistiques relatant tout type d’événements en rapport avec l’actualité (cf. Le corps d’un homme a été trouvé lundi sur le quai ; etc.), ou aussi à partir d’écrits historiques ou scientifiques (cf. La radioactivité a été découverte en 1896 ; L’Amérique a été découverte par Christophe Colomb ; etc.), qui relèvent tous de phrases ad hoc forgées, de style écrit. Et le grand absent dans l’étude du passif, c’est le recours à une exemplification orale authentique, issue des échanges non contrôlés et s’inscrivant dans une approche dialogique et interactionnelle.

Le recours exclusif aux formes canoniques de l’écrit (doublée par cette exclusion des formes orales) s’explique par différents facteurs : dans le discours scolaire, par exemple, on a tendance à croire que le recours à des phrases simplifiées dans l’apprentissage de la grammaire serait salutaire, ce que semblent favoriser les représentations communes, qui font de l’écrit un objet valorisant, fiable et, donc, préconisé, face à l’oral qui passe pour un objet instable, fluctuant, répétitif et très peu esthétique, et donc, qui serait à éviter, alors même que les linguistes travaillant sur les interactions discursives y trouvent des plus-values insoupçonnables. Enfin, c’est le fait que le développement des outils techniques et technologiques permettant de traiter de la langue parlée n’a pu réaliser des percées significatives que récemment, depuis à peine deux décennies. Et de nos jours, on dispose de grands corpus, comme PFC, CLAPI, ESLO, etc., des outils de traitement du signal qui ne cessent de s’affiner, allant du recueil à l’analyse en passant par le traitement du signal, l’annotation, l’extraction et l’archivage ou la diffusion, ainsi que des plateformes pour les héberger et des consortiums pour fixer et débattre des bonnes pratiques à adopter.

De fait, il est tout à fait légitime de penser que, historiquement, la nature des données utilisées dans la tradition a eu une conséquence sur les méthodes employées et sur les gloses que l’on a pu associer aux tours passifs, entre autres, en rapport avec les notions d’« occultation » et de « saillance » ou de « promotion » et qu’un travail complémentaire reste à faire sur ses emplois interactionnels, surtout compte tenu du fait que les sujets passifs nominaux ou lexicaux sont très rares dans l’usage à l’oral et que les passifs dits « longs » (sans agent) n’admettent guère, du point de vue de leur pertinence, de se passer de leur agent réalisé spontanément. Aussi l’objectif de cette JE sera de considérer ce qu’apporte l’oral à l’étude du passif et dont les formes de l’écrit ne permettent pas forcément de rendre compte, en termes de « rupture diamésique ». Voici les principaux axes qui pourront être abordés dans cette JE et qui s’attacheront à souligner l’apport de l’oral et des approches interactionnelles à l’étude du passif :

  • Le passif à l’oral en français ou dans d’autres langues
  • Les formes du passif en microsyntaxe et en macrosynatxe
  • Sens et usages du passif dans les échanges non contrôlés
  • Les variations diamésiques autour du passif
  • Passifs canoniques (périphrastiques) et passifs non canoniques (pronominaux, factitifs, adjectivaux, nominaux, etc.)
  • Le passif à l’oral et l’enseignement de la grammaire

Une publication des actes de la JE est envisagée.

Pour soumettre :

Les propositions de communication ne dépasseront pas 500 mots (bibliographie non comprise) et seront à envoyer à l’adresse suivante passif-oral@sciencesconf.org ou badreddine.hamma@univ-orleans.fr

Dates importantes :

  • 25 juin : diffusion de l’appel
  • 25 août : deadline pour la réception des propositions
  • 15 septembre : notification d’acceptation ou de refus
  • 14 novembre : date de la journée d’études

Site internet : https://passif-oral.sciencesconf.org/

 

 

 

 

 

 

 

 

What oral speech tells us about the functioning of passive forms

In the literature on the passive voice (both in popular works and in specialized linguistic works), the examples usually quoted are very often represented by a somewhat minimalistic and well-structured phrasal canon following the pattern: NP-SUBJECT + BE-FLEXION + V- PAST PARTICIPLE (+AGENT), that is illustrated by classic and quasi fixed sentences such as: The mouse will be devoured by the cat; The cheese was eaten by the mouse (5ème 2010)[3]; The knight is loved by the lady; Children are raised by parents; The culprit is discovered by the detective (5ème, 2008)[4]. Such examples may also be inspired and adapted from various kinds of writings: from literary texts (Candide was raised in a beautiful castle, Hansel and Gretel were abandoned in the forest), or from journalistic writings reporting all types of events related in  the news (cf. The body of a man was found on Monday on the platform, etc.), or also from historical and scientific writings (cf. Radioactivity was discovered in 1896, America was discovered by Christopher Columbus, etc.). This kind of examples have all in fact been purposely selected, forged, simplified and of a written style. Whereas what blatantly lacks in the study of passive forms is the use of authentic oral exemplification, collected from uncontrolled exchanges and which are part of dialogical and interactional approaches.

This exclusive resort to the canonical forms taken from written literature (along with the exclusion of oral forms) can be explained globally by various factors: for educational purposes, for instance, there is a tendency to believe that the use of easy and simplified sentences might be more beneficial and helpful during grammar courses, which echoes common representations according to which written forms are more reliable and more correct than oral forms, considered unstable, fluctuating and repetitive, and therefore an unattractive object to be avoided, whereas their value with  variationists and oralists is greater than ever, especially recently. Finally, it cannot be denied that the development of theoretical and in particular technical and technological tools for dealing with spoken data has only been able to make significant breakthroughs in recent decades. Nowadays, we have a real array of tools for dealing with spoken utterances, large corpora, such as PFC, CLAPI, ESLO, etc., signal processing tools that are constantly refined, from collection to analysis, through signal processing, annotation, searching and archiving or diffusion, in addition to platforms for hosting them and consortia to set and discuss good practices to adopt in this nascent field.

Therefore, it is quite legitimate to think that historically, the nature of the data used in the tradition has had a consequence on the methods employed and the glosses that we have been able to associate to passive forms, among others, in relationship with the notions of "occultation" and "saliency" and that additional work remains to be done on its interactional uses. Especially given the fact that nominal or lexical passive subjects are very rare in oral speech and that the so-called "long" (agentless) passive turns don’t admit, from the point of view of their relevance, to omit their agent realized spontaneously in a given conversation. Here are the main axes that will be dealt with during this symposium and which will focus on highlighting the contribution of oral and interactional approaches to the study of  passive:

- Passive forms in spoken French or in other languages
- Forms and status of passive in microsyntax and macrosyntax
- Meaning and uses of passive forms in uncontrolled conversations
- The diamesic variations around passive turns
- Canonical (periphrastic) and non-canonical passive turns (pronominal, factitive, adjectival, nominal, etc.)
- Oral passive turns and grammar teaching

A publication of the acts of this One-day symposium is scheduled.

 

To submit:

Proposals will not exceed 500 words (excluding bibliography) and should be sent to one of the following address passif-oral@sciencesconf.org or badreddine.hamma@univ-orleans.fr  

 

Important dates:
- June 25th:  call for proposals
- August 25th: deadline to send proposals
- 15th September: Notification of acceptance or refusal
- 14th November: date of the JE

Website:
https://passif-oral.sciencesconf.org/

 

Refernces/Références bibliographiques

Blanche-Benveniste C. (1988), « La notion de contexte dans l’analyse syntaxique des productions

orales : exemples des verbes actifs et passifs », Recherches sur le français parlé 8 : 39-57.

Blanche-Benveniste  C. (2000), « Analyse  de  deux  types  de  passifs  dans  les  productions  de français  parlé », Études  Romanes,  n°  spécial,  Actes  du  colloque  international  Institut d’Études  Romanes,  Université  de  Copenhague  (5-7 mars  1998),  Lene  Schœsler  (éd.), Le passif 45 : 303-319.

Blanche-Benveniste, C. (2010), Approches de la langue parlée en français, Paris, Ophrys.

Blanche-Benveniste, C., et al. (1984), Pronom et Syntaxe. L’approche pronominale et son application au français, Paris, Selaf-Aelia

Gaatone, D. (1998) Le passif en français. Paris, PUF.

Gerolimich, S., De Gioia, M. et Martinot, C. (2017), « Sur le passif en français et dans d’autres langues », in Ela : Études de linguistique appliquée, 187(3), (éd.) Sonia Gerolimich, Michele De Gioia et Claire Martinot : 267-274.

Hamma, B. (2015), « Agent passif en par et sujet actif : les dessous d’un contraste », Revue de Sémantique et Pragmatique. Numéro 37 : 61-83.

Hamma, B. (2017), « Tentative de classification des ‘‘compléments d’agent’’ dans les phrases passives achevées et dans les énoncés longs à sens passif, in Ela : Études de linguistique appliquée, 187(3) (éd.) Sonia Gerolimich, Michele De Gioia et Claire Martinot: 311-324.

Hamma, B. (2014, sous presse), « Quand l’interaction n’est pas là, la souris est mangée par le chat ! Remarques sur l’enseignement du passif en classe de français. Actes de la Journée d’études Interaction(s) et didactique des langues. PUFC.

Helland, H. P. (2002), Le passif périphrastique en français moderne. Museum Tusculanum. Etudes romanes, vol. 50. Danemark.

Ibrahim, A. H. (2017), « Passif ? Occultif ? Modalisation aspectuelle ? Du français à l’arabe en passant par l’italien », in Ela : Études de linguistique appliquée, 187(3), (éd.) Sonia Gerolimich, Michele De Gioia et Claire Martinot : 275-283.

Kahane, S. (1998), « Le calcul des voix grammaticales ». In : Bulletin de la Société de Linguistique N° 93 : 325-348.

Mioni, A. (1983), « Italiano tendenziale : Osservazioni su alcnia spetti della standardizzazione », in Scritti linguistici in onore di Giovan Battista Pellegrini, a cura di P. Benincà et al., Pisa, Pacini, vol. 1º : 495-517.

Sörés, A. (2006), « Chapitre V: Le passif: constructions non prototypiques. Le hongrois dans la typologie des langues, Lambert-Lucas, 2006, 2 : 105-130

 

 

[1] Beltrando, B. (2010). L’atelier de langage. 5ème Éditions Hâtier

[2] Hélène Potelet (2008), Français livre unique, 5ème. Editions Hatier.