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“Ce nombre infiny des passions»: Montaigne e la diversità degli affetti

“Ce nombre infiny des passions»: Montaigne e la diversità degli affetti

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Ferrari Emiliano)

UNIVERSITE DEGLI STUDI DE MILAN - DEPARTEMENT DE PHILOSOPHIE

CHAIRED'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE MORALE

AVEC LE PARRAINAGE DU CENTRE CULTUREL FRANÇAIS DE MILAN

28-10-2010 JOURNEE D'ETUDES:

« CE NOMBRE INFINY DES PASSIONS: MONTAIGNE E LA DIVERSITADEGLI AFFETTI »

ORGANISATION: PROF. GIANFRANCO MORMINO, DOTT. EMILIANOFERRARI

« Un suffisant lecteur » qui voudrait se limiter à feuilleterles premiers quatre chapitres des Essais ne manquera pas d'apercevoir l'ampleurdu vocabulaire de l'affect : « vengeance », « cholere », « compassion », «deuil », « tristesse », « amour », « plaisir », « joye », « honte », « crainte», « desir », « esperance », « gloire », « vanité », « haine », « desespoir ».Cette richesse sémantique anticipe l'importance que prendra, dans l'Apologie, «ce nombre infiny des passions », tout en répondant à un problème decommunication bien illustré par l'attitude du peintre ancien Timante, figure dela limite rencontrée à celui qui se consacre à « représenter » les passionshumaines. Mais poser, dès le début des Essais, ce problème des limites dulangage dans l'expression de passions, c'est signifier que les passions ontdéjà acquit une primauté anthropologique, telle que leur étude et leur mise endiscours est nécessaire à la compréhension de l'homme.

Les passions témoignent tout d'abord de l'unitépsychosomatique de l'homme. Loin des schématismes de la psychologierationnelle, Montaigne assume une méthode empirique qui se manifeste dans lafinesse des descriptions psychologiques des passions. Deux modèlesépistémologiques principaux sont ainsi convoqués: le cognitivisme stoïque etl'organicisme médicale, ce qui permet de mettre l'accent tantôt sur lesconséquences affectives des nos jugements et tantôt sur celles des nos étatscorporels. Pour cette raison, Montaigne peut ainsi parler de « passions del'ame » et de « passions corporelles » sans aucune prétention réductiviste.

Les Essais présentent l'homme comme une créature naturellequi fait l'expérience de la « faiblesse » de sa raison et de son jugement, nonseulement sur le plan de la critique sceptique du dogmatisme, mais aussi sur leplan de l'efficacité que la raison prétend avoir dans la conduite pratique. Lespassions ont en effet une fondamentale fonction vitale, et aucun action del'homme peut s'en passer ; le dynamisme de la vie est d'abord enraciné dansleur force. C'est sans doute en conséquence de cette position, dont on pourraitse demander si elle n'arrivera jusqu'à Helvétius, que l'image del'homme-caméléon, emblème d'une Renaissance qui privilège la dignitas hominicomme liberté d'autoaffirmation, devient chez Montaigne le signe de lapassivité originaire de l'homme, être qui change continuellement « comme cetanimal [le caméléon ] qui prend la couleur du lieu où on le couche ». Mais cetenracinement passionnel de l'homme ne contribue pas à remplir de sens la notiond'humain, qui risquerait autrement d'être un universel abstrait et vide, une decelles « subtilitez aiguës, insubstantielles, ausquelles la philosophies'arreste parfois » ? L'expérience affective semble bien constituer dans lesEssais l'horizon où la subjectivité prend sa pleine physionomie : dans le vécupassionnel et dans son intime rapport avec le corps, l'homme s'ouvre àl'intuition originaire de sa propre singularité. Ne s'agit pas, ici, d'unereformulation même du principium individuationis ? Cette radicale affirmationd'immanence est-t-elle l'aboutissement de l'humanisme ?

Elément naturel et vital, les passions peuvent aussi être unobstacle à l'action et à la conservation de soi, tant pour leur degréd'intensité que pour l' « l'inhumanité » dont elles sont capables. Montaigne reposeainsi, en moraliste, le problème classique d'une thérapeutique des passions etd'une leur modalisation individuelle et collective. L'époque de Montaigne, pourreprendre les mots de Spinoza, est une époque des passions tristes. La «tristesse », honoré « de faveur particulier » par tout « le monde », est devenul' « ornament » même de la vie morale. Elle colonise l'intériorité humaine,porteuse de sa « qualité nuisible ». Montaigne ressent le péril de la pandémie? Les passions sont contagieuses : le jeu de l'imagination le montre, lesaffects s'échangent, se reproduisent. La pluralité des passions nous ouvreainsi à leur dimension sociale. Les formes dans lesquelles s'exprime ets'ordonne la vie communautaire, le savoir, la religion, la politique, elles ensont imprégnées.

La propagation des interrogations et des perspectivesphilosophiques montre combien la question des passions se trouve au croisementde plusieurs thématiques. Notre journée d'études s'attachera à interroger cetterichesse conceptuelle, pour chercher à déterminer la place de l'affectivitédans les Essais et tenter ainsi de cerner à quel point elle ouvre, à la fin dela Renaissance, une perspective anthropologique qui sera celle de la penséemoderne, pour laquelle les passions deviendront de composantes essentiellespour toute étude de la nature humaine (Bacon, Hobbes, Descartes, Spinoza, Hume,Rousseau, Nietzsche…).

LISTE DES INTERVENANTS :

Philippe Desan (University of Chicago)

Thierry Gontier (Université Jean Moulin Lyon-3)

Emmanuel Naya (Université Lumière Lyon-2)

Nicola Panichi (Università Carlo Bo di Urbino)

Marco Sgattoni (Università Carlo Bo di Urbino)

Guido Canziani (Università Degli Studi di Milano)

Carlo Montaleone (Università Degli Studi di Milano)

Giambattista Gori (Università Degli Studi di Milano)

Gianfranco Mormino (Università Degli Studi di Milano)

Emiliano Ferrari (Università Degli Studi di Milano -Université Jean Moulin Lyon-3).

LIEU : SALA RI RAPPRESENTANZA DEL RETTORATO, UNIVERSITADEGLI STUDI, VIA FESTA DEL PERDONO 7, MILANO, ITALIA.

DATE, HEURE: 28 OCTOBRE 2010, 9.00-18.00

CONTACT : DOTT. EMILIANO FERRARI, emilfer1@yahoo.it