Colloque international de Paris, 14-16 octobre 2010
« Canicules et froids extrêmes » (L'événement climatique, II).
Appel à contributions
veu que [Pantagruel] nasquit on temps de alteration, lors qu'on cueille ladicte herbe, & que le chien de Icarus par les aboys qu'il faict au Soleil, rend tout le monde Troglodyte, & constrainct habiter es caves & lieux subterrains. (Rabelais, Pantagruel)
Pendant un hiver assez rude, au mois de Février, et dans l'état que j'ai décrit ci-devant, j'allois tous les jours passer deux heures le matin, et autant l'après-dinée dans un Donjon tout ouvert que j'avois au bout du jardin où étoit mon habitation. (Rousseau, Confessions)
Le colloque « canicules et froids extrêmes » fera suite à la première rencontre interdisciplinaire qui s'est tenue en janvier 2006 à Paris sur le thème « Climat, Orages, Tempêtes, Nature et Passions », organisée conjointement par des littéraires (Jacques Berchtold, Jean-Paul Sermain) et des historiens (Emmanuel Le Roy Ladurie). Ce premier colloque international a donné lieu à la publication d'un ouvrage, L'Evénement climatique et ses représentations, XVIIe-XIXe siècles, qui rassemblait des contributions relevant de l'histoire, la littérature, la musique, la peinture (éditions Desjonquères, collection L'esprit des lettres, 2007).
Ce second colloque (en 2010) se propose d'étudier un deuxième volet météorologique (co-organisatrice Anouchka Vasak, auteur en 2007 de Météorologies : discours sur le ciel et le climat des Lumières et d'un Abrégé d'histoire du climat du Moyen Age à nos jours, avec E. Le Roy Ladurie) : il sera consacré cette fois aux événements climatiques extrêmes que sont les canicules et les grands froids, du Moyen Age à la période contemporaine, voire ultra-contemporaine. Il doit être l'occasion d'un débat entre chercheurs, scientifiques, historiens du climat, historiens des sciences, littéraires et historiens de l'art, autour de la question météorologique si préoccupante en ce début du XXIe siècle. Quels sont, par exemple, les grands hivers de l'histoire ? Les hivers mémorables depuis le XVIIe siècle (1678 ou 1709, 1956 ou 1963) trouveront un éclairage particulier selon qu'ils sont abordés par l'histoire du climat (mondialiste ou européenne), la géographie, la glaciologie -ou l'analyse littéraire. Car le « grand hiver 1709 », premier hiver qui a fait l'objet de mesures scientifiques fiables, a laissé de remarquables empreintes dans la littérature (Restif de La Bretonne, Voltaire, Saint-Simon…). De même, dans le contexte du réchauffement climatique contemporain, aujourd'hui admis par la majorité des scientifiques, que nous apprennent les canicules du passé ?
Outre l'aspect proprement historique, on se propose d'accueillir les approches les plus variées de ces phénomènes extrêmes : histoire des catastrophes, histoire de la médecine (théorie des humeurs), histoire des idées (liens supposés entre les excès climatiques et la criminalité) seront par exemple des points de contact entre scientifiques et littéraires. En termes de cadrage, la grande ou la petite échelle peut être privilégiée, l'étude du recul millénaire des glaciers ou la monographie de tel « grand hiver ». L'approche quantitative (courbes de températures, séries de dates de vendanges) peut voisiner l'analyse littéraire ou picturale. Le météorologiste ou le géographe sont à même de définir scientifiquement les notions de « canicule » ou de « grand hiver », de prévoir éventuellement des évolutions, d'ouvrir des perspectives nouvelles sur la « gestion » humaine des épisodes climatiques extrêmes. Mais le littéraire ouvre aussi des horizons en abordant les lectures prémonitoires ou fantastiques d'un Jules Verne, ou en s'arrêtant aux fameux incipits des premiers romans qui accueillent la météorologie, avec les 33° du boulevard Bourdon de Bouvard et Pécuchet, ou la « belle journée d'août 1913 » de L'Homme sans qualités, journée « normale » dont l'évocation liminaire n'en programme pas moins un remarquable accident.
Le colloque aura lieu : jeudi 14 octobre, vendredi 15 octobre et samedi 16 octobre 2010 en Sorbonne et à la Fondation Singer-Polignac. Il devrait être précédé d'une importante journée d'études préparatoire à Poitiers.
Contacts : Jacques Berchtold (Université Paris4 – CELLF 17-18) - berchtold.jacques@wanadoo.fr - Emmanuel Le Roy-Ladurie (Collège de France) - em.ladurie@wanadoo.fr - Jean-Paul Sermain (Université Paris3 – EA174) - jean-paul.sermain@wanadoo.fr - Anouchka Vasak-Chauvet (Université de Poitiers – EA3816 / EHESS) - anouchka.vasak-chauvet@wanadoo.fr