Cahiers Jean Cocteau, n°14: Jean Cocteau sous l’Occupation, réalisés sous la direction d’Audrey Garcia et de David Gullentops, Paris, Éditions Non Lieu, 2016., Editions Non Lieu, 2016.
EAN13 : 9782352702313.
319 p.
17 illustrations
EUR 23
L’ouvrage
Il est toujours délicat d’aborder le thème de l’Occupation et le cas de Jean Cocteau ne fait pas exception. En dépit de l’absence de condamnation par les tribunaux et les comités d’épuration, il apparaît que l’image de Cocteau charrie avec elle ce que l’on pourrait qualifier de légende noire. En dehors de ceux qui passent sous silence cette période jugée trouble, le raisonnement de certains est simple : puisque Cocteau n’a pas résisté, c’est qu’il a collaboré. Pour d’autres, les années 1940 sont scandées par les attaques et harcèlements dont le poète est victime. Soixante-dix ans après, la dichotomie résistants/collabos n’est plus de mise et il est important de revenir sur cette période qui relève davantage du gris que du noir, en dépassant les passions et les querelles. Ce numéro des Cahiers se propose donc tout d’abord de rouvrir le dossier Cocteau non dans une optique de condamnation mais dans une logique d’instruction. Privilégiant une approche thématique, ce dossier aborde différents éléments de cette période en constituant des ensembles documentaires (presse, témoignages, textes de Jean Cocteau, etc.) qui permettront au lecteur de « juger sur pièces ». En complément de cet aperçu de la période, il s’agit d’offrir au lecteur des clefs de compréhension à l’aune de la distance temporelle et des apports historiographiques.
En second lieu, le volume étudie un mode d’expression artistique auquel Cocteau s’est consacré tout particulièrement pendant cette période de l’Occupation et même plus intensément qu’auparavant : le cinéma. Après un aperçu général et une analyse des motifs qui ont conduit le poète à en revenir au « cinématographe » dans les années 1940, un cas très spécifique est mis à l’étude, celui de sa contribution à la genèse du film Juliette ou la Clé des songes. Une série d’arguments sont fournis qui attestent de façon irréfutable l’implication de Cocteau dans la conception du premier scénario et dans l’écriture des dialogues pour la version de 1941 et qui expliquent aussi sa mise à l’écart dans l’élaboration postérieure de l’œuvre. Mais au-delà de cet historique, il apparaît surtout dans quelle mesure une grande partie des idées et des dialogues de Cocteau ont été préservés par le cinéaste Marcel Carné dans la version finale de 1949, et ceci sans en créditer le poète dans le générique. Pour en rendre compte, le Cahier se termine sur une édition du scénario et des dialogues que Cocteau a conçus pour sa propre version de Juliette ou la Clé des songes.
Le sommaire de la livraison
- Introduction – par Audrey Garcia et David Gullentops
- Cocteau et l’Occupation. Les pièces du dossier (p. 7-134) – par Audrey Garcia
- Chapitre 1 : Le « Salut à Breker », un élément à charge
- Chapitre 2 : Présence(s) de Cocteau dans les médias
- Chapitre 3 : Théâtre et cinéma en régime de censure
- Chapitre 4 : Itinéraire d’un « occupé »
- Chapitre 5 : Face à l’épuration
- Juliette ou la Clé des songes
- Jean Cocteau et le cinématographe pendant l’Occupation : de l’ombre à l’encre de lumière (p. 135-152) – par Fanny Van Exaerde
- Retrouvailles subreptices avec le cinéma. Cocteau et Juliette ou la Clé des songes (p. 153-174) – par François Amy de la Bretèque
- Les dialogues de Jean Cocteau pour Juliette ou la Clé des songes (1941). Édition critique (p. 175-302) – par David Gullentops
- Compte rendu : Frédéric Gimello-Mesplomb, Objectif 49. Cocteau et la nouvelle avant-garde, Paris, Séguier, 2013, 278 pp. – par Pascal Laborderie
- Informations 2015 – par Anne-Gaële Duriez
Les Cahiers Jean Cocteau (livraisons précédentes)
n°7 : Jean Cocteau. Le cinéma et son monde (2009)
n°8 : Jean Cocteau et la radio (2010)
n°9 : Jean Cocteau et la Côte d’Azur (2011)
n°10-11 : Les Amis de Jean Cocteau (2012-2013)
n°12 : Correspondances avec Jean Cocteau (2014)
n°13 : Jean Cocteau et le théâtre (2015)