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Appels à contributions
Cahier Larbaud, 50

Cahier Larbaud, 50

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Delphine Viellard)

 

En 1925, Larbaud publie Ce vice impuni, la lecture, Domaine anglais où il fait connaître au public français des auteurs qui n’avaient pas encore été traduits dans notre langue : Henley, Batmore, Whitman, Conrad et Benett. C’est aussi à ce moment-là qu’il entreprend la traduction d’Ulysse de Joyce à l’aide de plusieurs collaborateurs, traduction qui ne sera achevée qu’en 1929. Quelques années plus tard, il rassemble dans un ouvrage qu’il appelle Ce vice impuni, la lecture, Domaine français, des articles sur la littérature française qu’il avait donnés  depuis 1922 à une revue argentine La Nación. Il étudie principalement des poètes du XVIe siècle : Scève ou du XVIIe siècle : Racan et Lingendes, mais aussi, à l’exception de Mirbeau, des écrivains qui lui sont contemporains : Philippe, Dujardin, Valéry et Fargue. En outre, comme il l’écrit à plusieurs reprises dans ces deux ouvrages, ainsi que dans son Journal, il aimerait effectuer ce même travail sur les auteurs gréco-latins. Car pour Larbaud, on ne peut apprécier la littérature moderne que si l’on connaît la littérature antique. En cela, il se différencie de bien des auteurs de son temps qui sont pourtant ses amis et rejoint les écrivains néo-classiques dont il ne partage pas pourtant la conception de la littérature. L’enquête lancée par la revue de Royère La Phalange à « une élite d'artistes, de professeurs et de techniciens» sur la question du latin révèle ces dissensions. Quand Valery Larbaud répond à cette enquête dans La Phalange du 20 août 1911, il fustige l’école publique où l’on n’apprendrait plus le latin et le grec.

Larbaud a donc un rapport très affectif avec le latin, il l’aime parce qu’il lui rappelle ses jeunes années (Peter Brown, « Le « passage à Rome », Cahier de L’herne, Valéry Larbaud, dir. Anne Chevalier, Paris, 1992 , p. 40-43), mais surtout parce qu’il voit le latin comme le support de la supranationalité de l’empire Romain, qui lui apparaît comme l’Europe qu’il défend (Delphine Viellard, « Larbaud et Rome : paganisme et catholicisme dans le Journal  de Valery Larbaud de 1912 à 1935 », Cahier Larbaud 44, Clermont-Ferrand, 2008, p. 51-61).

La référence à l’Antiquité et aux auteurs latins ne se fait pas seulement chez Larbaud dans le domaine de la littérature, mais aussi dans celui, plus technique, de la traduction. L’écrivain vichyssois se pense un traducteur dans la continuité de saint Jérôme, la patron des traducteurs (Sous l’invocation de saint Jérôme, Commerce, 1929). Tous deux accomplissent une modeste tâche : « Le traducteur est méconnu ; il est assis à la dernière place ; il ne vit pour ainsi dire que d’aumônes ; il accepte de remplir les plus infimes fonctions, les rôles les plus effacés ; "servir" est sa devise, et il ne demande rien pour lui même, mettant toute sa gloire à être fidèle aux maîtres qu’il s’est choisis, fidèle jusqu’à l’anéantissement de sa propre personnalité intellectuelle[1] ». Cet ouvrage est aussi l’occasion pour Larbaud de tracer un portrait du moine de Bethléem et d’évoquer sa relation avec un écrivain qu’il affectionne particulièrement (Voir Anne Chevalier, « Le Saint Jérôme de Larbaud », in Valery Larbaud, Espaces et temps de l’humanisme, Clermont-Ferrand, 1995, p. 105-116, qui étudie deux aspects de ce texte : le côté « vie de Rancé » et le statut social de l’écrivain et du traducteur).

Le Cahier Larbaud 50 qui paraîtra en mai 2014 recueillera une dizaine de contributions dans un ensemble que nous appellerons Domaine antique, comme il y eut auparavant un Domaine anglais et un Domaine français. On attendra des contributions sur le rapport de Larbaud avec la littérature gréco-latine, vu à travers plusieurs axes.

 

1)     Larbaud et la littérature antique, dans sa relation avec la littérature moderne

2)    Larbaud et les langues de l’antiquité, en particulier le latin.

3)    Larbaud, traducteur et traductologue, et son rapport avec saint Jérôme.

 

 

Les propositions d’articles, composées d’un titre et d’un argumentaire d’une dizaine de lignes seront envoyées avant le 15 décembre 2012 à Delphine Viellard à l’adresse suivante : delphine.viellard@gmail.com La notification aux auteurs de l’acceptation de leur proposition interviendra début février 2013. Les articles devront être ensuite rédigés pour le 30 octobre 2013. Un protocole de saisie du texte en vue de l'édition prévue sera à ce moment-là adressée aux auteurs dont la proposition sera retenue.


 

[1] Valery Larbaud, Sous l’invocation de Saint Jérôme, Paris, 19462, p. 9.