Essai
Nouvelle parution
C. Guichard, La griffe du peintre. La valeur de l'art (1730-1820)

C. Guichard, La griffe du peintre. La valeur de l'art (1730-1820)

Publié le par Marc Escola

La Griffe du peintre

 

La valeur de l'art (1730-1820)

Charlotte Guichard

Seuil, coll. L'Univers historique
Date de parution 11/10/2018
31.00 € TTC
368 pages
EAN 9782021402315

 

Comment le nom de l’artiste est-il devenu un élément clef de la valeur symbolique et commerciale des œuvres ? Pourquoi les peintres signent-ils leurs tableaux ?

C’est à Paris, entre les années 1730 et 1820, que se déploie cette enquête novatrice et richement illustrée. Salons et expositions publiques, ventes aux enchères, musées : les institutions artistiques modernes imposent le nom de l’artiste au cœur des mondes de l’art. Critiques, catalogues, cartouches et cartels lui accordent désormais une place essentielle. Un contemporain constate, avec dépit, que les amateurs achètent « des noms, et non plus des œuvres ».

Mais pourquoi placer ainsi son nom sur un panneau de bois ou sur une toile ? La tradition est ancienne, et remonte à l’Antiquité. Pourtant, les peintres de l’âge des Lumières surent investir le nom de significations nouvelles. À Paris, le marché pour leurs peintures s’était élargi. Il fallait susciter le désir de consommation au moment où un premier capitalisme commercial fondé sur le luxe et sur la mode connaissait un essor sans précédent. Avec la Révolution, la signature devenait aussi un puissant signe de l’engagement et de l’authenticité en politique.

Elle fut ce lieu, dans le tableau, où la présence de l’artiste pouvait se manifester et perdurer. L’aura de l’œuvre en devenait indissociable.

Charlotte Guichard est historienne de l’art, directrice de recherche au CNRS et professeure attachée à l’École normale supérieure. Spécialiste des cultures visuelles et de l’art des Lumières, elle a publié Les Amateurs d’art à Paris au XVIIIe siècle (Champ Vallon, 2008) et Graffitis. Inscrire son nom à Rome. XVIe-XIXe siècle (Seuil, 2014).

Voir le site de l'éditeur…

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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Le doigt dans l’œil", par Pierre Senges (mis en ligne 13 juin 2019)

Le travail de l’historienne de l’art consiste à résister aux séductions faciles (le Caravage, le voyou ténébreux qui peignait des saints avec des pieds sales ; Jérôme Bosch, le psychédélique moyenâgeux pour lecteurs de Jung ; Van Gogh, qui n’avait pas d’argent, ni toute sa tête, ni toutes ses oreilles). Il consiste à parcourir un chemin parfois long en direction des œuvres au lieu d’attendre d’être frappée par elles – parce que, alors, comme ça arrive souvent, le risque est grand de ne parler que des œuvres frappantes, reconnues frappantes, et d’artistes célèbres depuis longtemps pour leur capacité de stupéfaction.

Et sur laviedesidees.fr :

"Le nom de l’artiste", par Philippe Saunier (en ligne le 14 février)

Depuis quand les peintres signent-ils leurs œuvres ? La revendication du nom, la singularité de l’artiste, sa présence matérielle dans le tableau sont inséparablement une marque d’auteur et un signal à destination d’un marché de plus en plus structuré autour des noms propres.